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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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se desserra et Haraldr se retrouva en dehors des rideaux tirés qui parurent se refermer autour de l’empereur et de son entourage intime comme un cocon de soie pourpre. Le grand interprète était à ses côtés ; il tira Haraldr par le bras et l’entraîna rapidement vers la salle des gardes. Derrière lui, Haraldr entendit le bruissement du brocart, des chuchotements paisibles et un bruit douloureux d’étouffement, comme si quelqu’un avait un os logé dans sa gorge. Quelqu’un était-il tombé malade ? Quelqu’un – peut-être même Joannès – avait-il envoyé un assassin pour se venger sur l’empereur ? Juste au moment où il croyait connaître le cœur du dragon romain, que se passait-il ?
    Mar, encore à l’intérieur des rideaux, regarda avec dégoût la silhouette qui se tordait sur le sol devant lui ; ce spectacle devenait de plus en plus fréquent. Et la révélation de l’empereur avait pris Mar par surprise. Avait-il réellement arrêté l’assassin de l’homme du Nord, se demanda-t-il ou bien ce « coupable » était-il simplement l’habituel bouc émissaire à sacrifier à l’absurde notion de la justice romaine ?
    * *
*
    Haraldr remarqua à peine les claquements de pieds autour de lui. Le topotérétès, un des eunuques de la suite de l’empereur et l’interprète en robe noire lui avaient fait traverser entièrement le Palais. Il leva les yeux vers la tour ronde qui s’élevait à l’entrée du port, mystérieuse ombre de pierre se détachant sur le scintillement des eaux, au-delà. Son esprit était partagé entre les soupçons et les craintes.
    L’entrée de la tour sinistre était fermée par une porte de métal enchâssée dans du granit gris. Le topotérétès parla à Haraldr ; pour une fois Jean, l’interprète au visage de grenouille, parut impatient de traduire.
    — Vous connaissez cet endroit ?
    Haraldr secoua la tête. La tour semblait une crypte géante ; elle avait même une odeur de mort.
    — On l’appelle la tour du Néorion. Priez votre dieu de ne jamais être invité à y passer la nuit.
    Une machinerie invisible parut ouvrir la porte. Les ténèbres, l’humidité et la moisissure se glissèrent vers la lumière du soleil. Au moment où les ombres l’engloutirent, Haraldr eut l’impression qu’il entrait dans le monde sombre des esprits.
    Deux douzaines de Khazars armés d’épées montaient la garde dans une salle parfaitement nue qui semblait encore plus sombre à cause des lampes vacillantes qui avaient du mal à maintenir une pénombre brune dans cette fosse puante. Un officier romain s’avança et inspecta les laissez-passer. De nouveau une machinerie cliqueta. Des escaliers tombèrent du plafond.
    Le topotérétès précéda Haraldr et Jean sur les marches de bois, puis dans un étroit tunnel d’un noir de suie qui s’élevait en spirale sans fin. Des lampes à huile en forme de loup crachotaient de la graisse. À intervalles réguliers, d’étroits paliers de pierre débouchaient devant des portes de métal sombre. Haraldr se crut dans un cauchemar ; son destin n’était plus soumis à la raison ou même à la spéculation. Il avait l’impression que cette ascension était en fait une descente aux Enfers. Quels démons l’attendaient ?
    Le topotérétès frappa sur du métal : une grille noire s’écarta, la porte s’ouvrit. Aussitôt Haraldr sentit une odeur de charogne et son estomac se souleva. Il toussa pour dissimuler son envie de vomir.
    Ils suivirent un gardien le long d’un corridor ; les murs noirs d’humidité dégageaient du froid comme si ce n’étaient pas des blocs de pierre mais de la glace sale. L’obscurité, l’odeur de mort, d’entrailles et de sang frais, étaient suffocantes. Les murs se refermaient comme des mâchoires sinistres.
    Une porte grinça comme la mort et les engloutit. Haraldr se retrouva dans une sorte d’antichambre. L’homme était assis à une petite table sur la droite, ses épaules massives et sombres se penchaient en avant pour examiner des papiers à la lumière d’une lampe.
    Haraldr connaissait cet homme, et il comprit son propre destin dès que la tête énorme du moine se souleva pour l’affronter. Joannès.
    Les yeux de Joannès étaient des charbons ardents, nimbés de rouge. La première phrase qu’il prononça parut gronder du fond de la tombe de sa poitrine.
    — Vous savez qui c’est ? demanda l’interprète.
    Haraldr regarda Joannès dans les yeux et

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