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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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l’empereur, l’ennemi implacable de ceux qui essaieraient de le tromper ou de lui faire du mal.
    Après cette traduction, Joannès se remit à parler, et Haraldr regarda fixement le visage du moine géant. Oui, le visage de ce moine semblait incarner le mal. Et pourtant, quand Joannès avait parlé de l’empereur, la passion l’avait transformé ; l’amour qui avait émané de ce visage monstrueux était trop violent – aussi violent, en un sens, que la Rage – pour avoir été feint. Haraldr ne pouvait se fier en rien à ce moine, sauf en son amour sincère pour l’empereur. Peut-être était-ce un terrain commun de rencontre.
    La traduction reprit :
    — Vous avez réussi, Nordbrikt, mais vous avez pourtant tendu les bras à la mort plus souvent qu’il n’est prudent, même pour un homme qui passe pour un favori de la Fortune. Vous ne serez utile à personne si vous continuez de vous servir de votre vie comme une girouette pour deviner la direction du vent du pouvoir romain. Vous êtes un marin, de quelque renom à présent, vous ne vous risqueriez donc pas dans des eaux inconnues sans pilote. De même, vous avez besoin d’un guide pour calculer votre cap au milieu des bas-fonds de notre système romain. Vous avez besoin d’un guide qui peut veiller à ce que de bonnes occasions et non des obstacles mortels soient placés sur votre chemin.
    De nouveau l’interprète s’arrêta pour obtenir des éclaircissements, puis reprit rapidement la traduction :
    — J’aimerais vous soutenir. Pas officiellement. Ni vous ni moi n’aurons certainement envie de faire part de cette conversation à des tierces personnes. Mais quand votre barque aura besoin d’un bon pilote, je serai là.
    Haraldr réfléchit longuement aux paroles du moine. Olaf lui avait dit un jour que le meilleur soutien dans les jeux du pouvoir était l’homme que d’autres hommes craignaient et évitaient, non ceux qui attirent les scaldes pour se faire flatter et couvrir de louanges. Un instinct puissant le mettait en garde : les leçons de ce moine pouvaient se révéler fatales ; mais leur foi en l’empereur devait suffire à faire pencher la balance – et que gagnerait-il à refuser ?
    — Je partage votre dévotion pour notre Père, répondit donc Haraldr, en cherchant le ton le plus juste (avec les Romains, il fallait toujours parler aussi artificiellement et obséquieusement qu’un scalde). Je considère votre offre comme le présent le plus généreux que j’aie reçu ici, encore plus précieux que la fortune des pirates sarrasins que j’ai massacrés. Je vous suis reconnaissant, et j’ai vraiment besoin de tout le concours que vos bons offices pourront m’offrir.
    Pendant la traduction de cette réponse et la réplique de Joannès en grec, Haraldr étudia les traits déformés du moine et se rappela le vague souvenir qui était venu l’inquiéter en la présence de l’empereur. Étrange, se dit-il, et improbable ; mais cela expliquerait beaucoup de choses… Il abandonna l’idée dès que la traduction en langue du Nord commença.
    — Bien. J’ai pour vous une lettre qui porte mon sceau. Elle ne contient ni menace ni avertissement. C’est plutôt une introduction à mon frère le stratège, le gouverneur militaire d’Antioche, ville que vous traverserez au cours de votre sainte mission à Jérusalem. Je veux que vous fassiez la connaissance de mon frère et qu’il fasse la vôtre. J’ai également un neveu là-bas, d’environ votre âge ; malheureusement il n’a pas votre ambition. Peut-être pourra-t-il apprendre quelque chose à votre contact.
    Pendant la traduction, Joannès passa en revue ses propres inquiétudes. L’assassin était mort avant d’avoir révélé la vérité. Joannès en était certain. Il regarda de nouveau le sceau qu’il avait montré au malheureux Nordbrikt. Le grand domestique Bardas Dalasséna était assez arrogant et stupide pour avoir placé son sceau personnel sur une entreprise aussi grossière. Oui, c’était bien dans son genre ! Il n’en demeurait pas moins que l’assassin avait désigné le grand domestique beaucoup trop tôt au cours de l’interrogatoire, et avait beaucoup trop longtemps répété qu’il disait la vérité. Quelqu’un d’autre s’était-il servi du grand domestique pour masquer ses propres intentions ? Qui ? L’hétaïrarque Hunrodarson ne savait certainement pas que Joannès était déjà intervenu pour empêcher le

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