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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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« conventionnel » local, Taix, lassé de s’entendre traité de minus par l’équipe de Jean-Jacques Servan-Schreiber, a déposé sa candidature le samedi matin vers 6 heures.
    Au bout de tout cela, quel homme politique est Jean-Jacques Servan-Schreiber ? Est-il un casseur, un aventurier ? Représente-t-il une vraie force politique ? Même moi, je ne le sais plus.
    Claude Estier m’a donc raconté le 1 er  septembre que, le vendredi soir 28 août, Jean-Jacques Servan-Schreiber téléphone à Mitterrand pour solliciter un rendez-vous. Mitterrand est en vacances au Vieux-Boucau, à Hossegor. Jean-Jacques Servan-Schreiber lui demande de l’attendre à l’aéroport de Dax : il arrive dans une heure et demie. Mitterrand refuse de le renconter à l’aéroport. Il le verra le lendemain chez lui.
    De très bonne heure, le samedi 29, le pilote de l’avion privé loué par Jean-Jacques Servan-Schreiber appelle Mitterrand : il y a du brouillard à Dax, l’avion se posera à Biarritz. Mitterrand s’y rend.
    Lorsqu’il arrive, l’avion est vide : le pilote propose de l’emmener au Pyla rencontrer Jean-Jacques Servan-Schreiber. Mitterrand refuse. Les deux hommes se retrouveront donc sur l’aéroport d’Arcachon. On est en plein Courteline.
    La conversation dure trois quarts d’heure. Jean-Jacques Servan-Schreiber propose que Badinter soit candidat à Bordeaux. « C’est une excellente idée, dit Mitterrand, mais je vous ai dit depuis le début que la Convention des institutions républicaines soutiendrait Alain Savary. »
    François Mitterrand repart vers Paris à 13 heures et expédie Claude Estier à Bordeaux. Dans le train qui l’y conduit, Estier apprend que Savary s’est retiré. Arrivé à Bordeaux, il retrouve Taix, le conventionnel local, qui lui fait part de sa candidature.
    Au Splendid où il a retenu une chambre, Estier tombe sur Servan-Schreiber. Celui-ci n’a aucune envie de négocier avec Taix pour obtenir son retrait. « Tant pis, dit-il à Estier, je présenterai Badinter contre votre Taix. On verra bien qui a le dessus. »
    Arrive Badinter, venu de Perros-Guirrec dans l’avion que lui a envoyé Jean-Jacques Servan-Schreiber.
    « François Mitterrand est-il d’accord ? » demande Badinter.
    Jean-Jacques Servan-Schreiber lui dit que oui. Estier l’assure quenon. Badinter, sentant le coup fourré, pâlit. Et abandonne le lendemain matin pour une raison tout à fait inattendue : « Robert Lacoste, explique-t-il à Claude Estier qu’il a appelé au téléphone, intervient à la demande de Jean-Jacques Servan-Schreiber pour demander à Taix de se retirer. Je ne peux pas être le produit d’une intervention de Lacoste. »
    C’est Servan-Schreiber, encore lui, qui a envoyé son avion à Robert Lacoste !
    Bref, tout tombe à l’eau et Jean-Jacques Servan-Schreiber se retrouve candidat.
    Pour la première fois, je me réjouis de ne plus être à L’Express . Dont je lis avec stupeur les premières lignes de la « cover-story » que Georges Suffert lui consacre : « Est-il fou ? Est-il génial ? » Le reste à l’avenant.

    3 septembre
    Rencontré Étienne Fajon, le directeur de L’Humanité , qui ne passe pas pour un bavard. Il est évident que, s’il a accepté de me voir, c’est qu’il espère en tirer un profit : celui de donner un rôle positif, dans la libération d’Arthur London 13 , au Parti communiste français. Il me raconte que les dirigeants du PC connaissaient très bien Lise London, sa femme, française, la sœur de Raymond Guyot. Mais, tout de même, ce procès, les communistes français y ont-ils cru ? Ils connaissaient London, donc ? Ont-ils été abusés par les dirigeants tchèques ?
    Ce sont les questions que je lui pose. Réponse :
    « Il était un militant communiste de toujours, il avait été ministre adjoint des Affaires étrangères en 1948. Sur cette première partie de sa vie, nous ne disposons d’aucun élément pour le critiquer (je cite verbatim ). Deux ans plus tard, en 1951, après son retour de France,le procès. London a avoué dans des audiences publiques. Lise l’a accablé. Nous n’avions aucun élément pour considérer que c’était un innocent. Nous ne contestons pas avoir fait ce qui dépendait de nous pour traiter normalement sa famille, qui ne nous était pas suspecte. Lise est redevenue membre du PC français. Après, il s’est révélé que ce procès avait été forgé de toutes pièces. London,

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