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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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élus dans leur ville ou leur circonscription, tel Méric, à Toulouse, où celui-ci entend faire liste commune avec les communistes : « Dans une région comme la nôtre, dit-il, les jeunes veulent l’alliance. »
    Les autres pensent pouvoir l’éviter, tel Defferre, qui accuse Mollet de « jouer les Robespierre ».
    La motion finale, en tout cas, interdit les alliances à droite : cas de Nantes (avec André Morice), Nancy (avec Martin), Rouen (avec Jean Lecanuet).

    24 octobre
    Bagarre entre Jobert et Juillet, à l’Élysée, sur la nomination de Denis Baudouin 25 . Jobert y était hostile, Juillet, favorable. Ce qui accrédite les bruits qui courent sur la brouille entre les deux hommes.

    Le remaniement : nul n’en saura sans doute rien, comme pour la dévaluation, avant les deux ou trois heures précédant l’annonce officielle. Les ministres au courant seront Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chaban-Delmas et Jacques Chirac. D’aucun d’eux il n’est question d’attendre des confidences. Si je peux faire un scoop, savoir les noms quelques secondes seulement avant les autres, tout ira bien.

    Le problème personnel d’Olivier Guichard : il voudrait, paraît-il, quitter le gouvernement, mais, selon Chirac, Pompidou ne comprend pas pourquoi. Entre les deux hommes, un nuage : chargé de l’Aménagement du territoire au sein du cabinet, Olivier Guichard s’est employé à vider de son contenu le ministère de l’Industrie. À peine Pompidou est-il nommé Premier ministre qu’il lui confie l’Industrie. Au pot offert par le cabinet de Pompidou le jour de leur nomination, en 1962, Guichard n’a pas ouvert la bouche. Pompidou a fait un petit discours de félicitations, Jacques Chirac a répondu, lui n’a pas desserré les dents.
    Aujourd’hui, Pompidou, devenu président, ne comprend pas l’attitude d’Olivier.
    Le remaniement est d’autant plus probable que M me  Mondon, la femme du ministre des Transports, souhaiterait que son mari, très malade, se retire. Quant à Jacques Duhamel, il serait très gravementmalade, atteint, dit-on, de sclérose en plaques. D’où l’urgence d’un remaniement avant les municipales.

    28 octobre
    Mitterrand, dernier de nos polémistes. Sur Herriot, à gauche en 1924, à droite, puis à gauche, puis de nouveau à droite, président de la Chambre de Front populaire, pensant voter le 10 juillet le ralliement à Pétain, puis « contre de Gaulle, avec de Gaulle », il écrit, dans le livre qu’il est en train de rédiger : « Arriva ce qui arriva : la République périt de tant de soins. »
    Sur René Coty, après la chute de Félix Gaillard en 1958, nommant éperdument des présidents du Conseil : « Il eût nommé son cheval. »

    29 octobre
    Déjeuner à Matignon chez Simon Nora avec Francis Fabre, Claude Alphandéry, Jean François-Poncet et Jean-Michel Bloch-Lainé. Préoccupation de Nora : l’étalement des vacances et la marche de l’économie pendant le mois d’août. Francis Fabre, lui, parle des ports, qui, paraît-il, s’engorgent à une allure démente. Puis la discussion porte sur le gauchisme, qui, selon Francis Fabre, Alphandéry et le directeur de Renault, qui prend la parole à son tour, fait une très grave percée dans les entreprises. Si le gauchisme politique a échoué, disent-ils, le gauchisme réussit dans les entreprises. Les « marcelinades » – du nom du ministre de l’Intérieur, Raymond Marcellin – sont-elles suffisantes ?
    Le directeur de Renault évoque les méfaits des gauchistes. Le chiffre qu’il donne est astronomique. Tellement, que je l’ai oublié ! Sur des chaînes entières de voitures, les vérifications s’imposent. « Hier encore, dit-il, une vingtaine d’ouvriers ont enfoncé à coups de barres de fer, et pour d’obscures raisons, la porte d’un atelier. Déprédations, sabotages, heures de grève, débrayages, tout cela s’ajoute. Et se chiffre ! »
    « Croyez-moi, répétait l’homme de chez Renault, c’est une vérole – excusez-moi, madame – dont personne d’entre nous n’ose parler, mais dont nous nous avouons tout bas, de l’un à l’autre, que nous la possédons tous ! »
    En réalité, les convives de Nora ne parlent pas tant du gauchisme que du Parti communiste, dont les ravages se font sentir non seulement chez les ouvriers, mais aussi chez les techniciens et les cadres. Ils font allusion à la revue initiée par Roland Leroy : ITC (ingénieurs,

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