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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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lui. »
    Il parle soudain de la prochaine élection présidentielle, et, d’un coup, je m’aperçois qu’il ne cesse d’y penser. Selon lui, l’équation de 1965 est aujourd’hui impossible. Les communistes ont tâté du plaisir de présenter un de leurs candidats 19 . Ils avaient peur de le faire en 1969 et ils ont écrasé les socialistes. Plus jamais, sauf si le mouvement social-démocrate est incroyablement plus fort qu’eux, les communistes n’accepteront de donner leurs voix dès le premier tour à un candidat non communiste. « Plus jamais ils ne le feront. Tout le monde aujourd’hui, Alain Savary surtout, veut imiter ce que j’ai fait en 1965. C’est comme s’il voulait refaire la guerre de 14 sous prétexte qu’elle a bien fini ! »
    La meilleure des combinaisons est donc, pour la future présidentielle, les candidatures d’un communiste, de Jean-Jacques Servan-Schreiber, de lui-même et de quelques autres candidats de droite, type Giscard et Chaban-Delmas.
    Je lui demande : « Et si tous ces gens ne sont pas assez fous pour se diviser ?
    — Alors tant pis, il ne faut pas y aller. »
    Il dit encore quelques phrases du genre : « Le centre, vraiment, n’a pas de veine. Avoir eu Alain Poher, si rempli de chances, etl’avoir vu se couler par sa médiocrité, sa vulgarité ! Puis Jean-Jacques qui avait percé le mur en quelques mois et qui s’est cassé les dents sur Bordeaux ! »
    Sur l’épopée de Jean-Jacques Servan-Schreiber, les communistes, à plusieurs reprises, viennent de prendre Mitterrand à partie. Celui-ci leur répond par un succulent papier qu’il me lit, lunettes sur le nez, en me regardant par-dessus de temps en temps pour voir si je l’entends et le comprends bien. Il répond que le titre de l’article de René Andrieu dans L’Humanité , « La relance », lui paraît bien choisi, puisque, à tout prendre, il s’agit de la relance... de la division ! Qu’il a donné plus de preuves qu’un autre de son attachement à l’unité de la gauche. Que cette union ne se fera pas « sous les miradors du communisme ». Sa chute est ciselée : il recommande aux communistes de ne pas jouer aux geôliers, « ou, pour être plus aimable, aux chiens de garde de l’unité de la gauche ».
    Il dit encore de Jean-Jacques Servan-Schreiber, faisant allusion aux demandes répétées de celui-ci pour qu’il enterre l’union de la gauche : « C’est inouï, tout de même, de me demander ma complicité pour ma propre disparition ! »

    Alexandre Sanguinetti 20 fait visiter la chapelle Sixtine à sa femme : « Ah, dit-elle, c’est tout de même mieux que chez les Rothschild. »

    2 octobre
    Le 23, lendemain de la réunion du Parti radical (voir supra ), Maurice Faure reçoit un coup de téléphone de Gaston Defferre, puis, vers 10 h 30, arrivent chez lui Pierre Mauroy et Gérard Jaquet, expédiés par Guy Mollet. Ils font part de la tempête qui secoue le Parti socialiste après l’épisode Jean-Jacques Servan-Schreiber à Bordeaux. Plus question qu’il reste apparenté au groupe parlementaire socialiste.
    Maurice Faure me téléphone au journal. C’est le lâchage, me dit-il, ou, sinon, la reconnaissance que les propos tenus par Jean-Jacques Servan-Schreiber contre la gauche pendant la campagne de Bordeaux n’engagent pas le Parti radical.
    Contre toute attente, Servan-Schreiber, qui a lu le communiqué de l’AFP faisant état des rencontres de Maurice Faure avec Mauroy et Jaquet à 16 heures (cinq heures après moi), ne bronche pas. Que faire ? Le mieux, juge-t-il, est de s’écraser. Ce qu’il fait somme toute assez bien.
    Le PS annonce qu’il étudiera le problème de son maintien dans le groupe parlementaire. Et les radicaux, le jour de la rentrée du Parlement, réaffirment simplement leur solidarité à l’égard de Jean-Jacques Servan-Schreiber. On en est là.
    Il me semble difficile que la SFIO soit assez stupide pour l’exclure. Mais, avec eux, tout est à craindre.

    La rentrée parlementaire : rien, sinon l’éloge de Félix Gaillard par Jacques Chaban-Delmas, son ami, ému aux larmes.

    Que je note, avant de l’oublier, ce que Jacques Chirac m’a raconté il y a quelques jours sur Pompidou. Pompidou, après mai 1968, demande à trois de ses collaborateurs, Chirac, Jobert et Juillet, de lui faire un mémoire sur ce que lui, Pompidou, devrait faire. Chirac lui remet une longue note disant en substance qu’il a atteint

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