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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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techniciens, cadres).
    « Bref, conclut Francis Fabre, qu’on redonne à chacun le goût du risque. C’est la sécurité sociale qui nous tuera !
    — Non, répond Claude Alphandéry que je sais plus proche du centre gauche. Redonner le sens du risque, certes, mais sans revenir sur la sécurité acquise. »

    5 novembre
    Pendant tout le colloque du 50 e anniversaire du PC, Jeannette Vermeersch, redevenue militante communiste de base, est restée à la tribune. Mais, lorsque arrive Georges Marchais, elle part avant son discours. « Pour ne pas voir ça ? » persifle, sarcastique, Roland Leroy.

    7 novembre
    Voici Mitterrand reparti à la conquête de la gauche. Ça se passe à Château-Chinon, chez lui, dans sa circonscription, avec la petite Convention républicaine qui lui est restée fidèle. C’est Claude Estier qui parle avant lui. En formulant un appel au regroupement des socialistes, où qu’ils soient.
    Il y a là, dans la salle, 180 élus municipaux venus de toute la France. D’un signe de tête, Mitterrand signale à ses amis que Daniel Benoist, député socialiste de la Nièvre, et le sénateur socialiste Chospied sont là. Bon signe.
    Comme d’habitude, il commence son discours lentement, en abordant des petits problèmes de routes, de communes, de département. Un peu trop souriant, trop bonhomme, lui qui l’est naturellement si peu. Il joue une grande partie aujourd’hui. Mais il pense que le moment est le bon : la comète J-J S-S a traversé le ciel politique et s’est abîmée à Bordeaux. Personne n’a reconstitué la gauche non communiste depuis deux ans. Inutile de dire qu’il s’adresse, au-delà de Château-Chinon, à la France entière. Son propos, d’emblée, est de répondre à l’analyse, qu’il conteste, de Chaban-Delmas et des siens : il n’y a plus d’opposition.
    « Je vois bien, dit-il, comment le Premier ministre est autorisé à dire qu’il n’y a plus d’opposition. Nous nous sommes mal exprimés, nous nous sommes mal battus. »
    En attendant, il se rattrape en étrillant de belle manière la majorité de Pompidou et de Chaban, de Chaban surtout, avec sa « nouvelle société » : « Ce sont des conservateurs intelligents. Très conservateurs, et pas toujours intelligents. Une majorité conservatrice qui avance masquée. Ceux qui se laissent enchanter par la musique des mots ne voient que le masque. Enlevez le masque, il y a une société qui n’est plus nouvelle. »
    Comment parvenir à la renverser ? Une première condition, selon Mitterrand qui reste fidèle à sa stratégie de 1965 : l’union de la gauche, « seul moteur réel en face du moteur de la droite, qui est de préserver ce qu’elle possède et de l’accroître ». Et une seconde : l’équilibre des forces de gauche, entre la gauche communiste et la non communiste. « Un parti communiste à 30 %, dit-il, ce serait l’image typique d’un pays où le socialisme est perdu. »
    Et là, pendant que, dans l’église à côté, la messe se termine et que les cloches sonnent, il fait à toute la gauche la proposition de se rencontrer au plus vite et de créer une délégation nationale pour l’unité socialiste. Durée de vie : jusqu’à la mi-février 1971. Cette délégation serait, selon lui, le noyau d’organisation du futur congrès d’unification.
    Ça y est, il a fini, dans une de ses phrases longues, avec cette éloquence de tribune qui ne passe pas à la télévision, mais ici enthousiasme ses auditeurs : « Il y a partout une plainte qui surgit, un murmure qui fera bientôt du vacarme. Il faudra bien que quelqu’un réponde ! »
    La salle lui est acquise. Il ne parle pas pour eux, mais, bien sûr, aux socialistes, qui sont absents.

    9 novembre
    Je quitte Denis Baudouin, qui vient de faire sa première conférence de presse devant les journalistes parlementaires au Sénat (il y aura bien un remaniement, mais pas avant la fin de la session budgétaire, dans quelques semaines), pour filer chez Mitterrand, rue Guynemer.
    Succès complet de son discours d’avant-hier : les socialistes sont prêts, disent-ils, à accepter sa proposition. Il considère que l’opération est réussie et que l’on repart pour l’unité.
    Pourquoi en a-t-il parlé dimanche ? Parce que, à trop attendre, il risquait de récupérer un cadavre. Il fallait que ce fût assez tard pour que l’opération n’ait pas l’air d’être dictée par les municipales, et assez tôt pour

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