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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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que la liquéfaction du Parti socialiste ne soit pas trop avancée.
    Avant de prononcer son discours, il avait joint, en dehors d’Alain Savary, les quatre tendances du Parti socialiste : Chevènement, Chandernagor, Mauroy et Poperen. Les quatre lui avaient dit qu’il était temps, pour lui, de lancer l’offensive. Mitterrand a pensé qu’Alain Savary n’aurait d’autre issue que d’accepter.
    Depuis quinze jours, il avait rendez-vous avec Claude Fuzier, le lieutenant de Guy Mollet, « pour demain ». Le même Fuzier exprime ce soir dans le bulletin socialiste son acceptation, sans doute conditionnelle, mais réelle. « Le reste, me dit Mitterrand, est une affaire de temps. »
    Je m’aperçois qu’il avait pensé à tout, préparé ses arrières, vu les alliés qu’il fallait, alors que, il y a moins d’un mois, il me paraissait avoir pris sa retraite et vouloir se consacrer à l’écriture.

    Sondage IFOP : parmi les électeurs de l’opposition, François Mitterrand arrive le premier avec 56 % des voix.

    10 novembre
    De Gaulle est mort.
    Un coup au cœur, auquel je ne m’attendais pas lorsque je l’ai appris.
    Pompidou retient à déjeuner quatre hommes : Chaban-Delmas, Olivier Guichard, Roger Frey et Jacques Chirac. C’est curieux qu’il ait retenu Frey, lorsqu’on sait le peu de cas qu’il fait de lui. Guichard, on comprend. Chaban aussi. Quant à Chirac, il est là pour des raisons largement différentes. Au fond, Guichard, Chaban et Frey étaient là parce qu’ils préféraient de Gaulle, et Chirac parce qu’il aime Pompidou.
    Je demande à Denis Baudouin le film de la matinée : Georges Pompidou a appris la mort de De Gaulle à 4 h 30 du matin, un peu plus tard peut-être, par un coup de téléphone d’Alain de Boissieu depuis Colombey. M me  de Gaulle lui avait demandé de lui faire savoir qu’il pouvait rendre public le texte des dernières volontés du Général,dont il était le détenteur depuis 1952. C’est lui qui a prévenu, quelques minutes plus tard, le Premier ministre. Possible que Marcellin ait été alerté par le préfet ou la gendarmerie.
    Georges Pompidou est arrivé très tôt à son bureau. Pierre Lefranc 26 est arrivé le premier, puis Chaban, vers 10 heures. Lefranc parti à Colombey, Pompidou et Chaban examinent les dernières volontés du Général. Il en possédait le texte, me confirme Baudouin, depuis 1952. Ce texte n’avait-il pas été revu depuis 1952 ? Il semble que non : lorsque Debré est devenu Premier ministre, le Général lui a indiqué que le texte était toujours valable ; même chose lorsque Pompidou a pris la tête du gouvernement. Lefranc était venu dire à Georges Pompidou, à la demande de M me  de Gaulle, que le testament était inchangé.
    Pompidou enregistre pour l’ORTF un court texte, à midi, dans la salle des fêtes de l’Élysée. Le Conseil des ministres se réunit à 12 h 30, pour une demi-heure. On y décide une journée de deuil national, et Debré confirme que les dernières volontés du Général sont bien conformes à ce qu’il en savait.
    Tout cela avant le déjeuner des quatre ministres, et avant que Michel Debré, sans demander la moindre autorisation à qui que ce soit, parte pour Colombey.
    À 15 heures, Pompidou reprend ses occupations. Il reçoit le gouverneur de l’Illinois, O’Gilvie, puis l’ambassadeur de France au Liban.
    En fin de soirée, Michel Debré revient de Colombey, voûté.
    Georges Pompidou a décidé d’aller à Colombey demain mercredi.
    Une cérémonie aura lieu à Notre-Dame et à Colombey, jeudi. Il est décidé aussi que les ministres n’iront pas à Colombey : « Les obsèques privées, dit-on à l’Élysée, échappent à la mécanique de l’État. »

    11 novembre
    Les ministres s’interrogent – c’est Catherine Nay qui me le confie – sur la présence de Jacques Chirac au déjeuner d’hier. Il n’avait rien à y faire, effectivement, dans ce déjeuner d’anciens ! Est-ce parce qu’il apparaît, aux yeux de Pompidou, comme une sorte de dauphin ?
    Au fait, les dernières volontés de Pompidou, qui les a ?
    Xavier Marchetti 27 me dit que, si quelqu’un les avait, ce serait Chirac. Je le lui demande avec naïveté, au téléphone. « Je ne les aurai pas avant une quinzaine d’années », me répond-il, comme s’il ne voulait pas même envisager l’hypothèse que Pompidou soit mortel !
    De fait, en 1952, lorsque de Gaulle les a données à

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