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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Mollet.
    À quelqu’un qui lui faisait remarquer qu’il n’était pas normal, dans un parti, de voir le président apparenté à un groupe parlementaire et un secrétaire général non inscrit, Maurice Faure a répondu, superbe : « La logique et la politique, cela fait deux. La politique, ce n’est ni une morale ni une stratégie, c’est une dynamique ! »

    7 octobre, bureau du Parti radical
    Tous les députés radicaux seront non-inscrits, à l’exception d’Hippolyte Ducaux et de René Billères. « On a mis une croix dessus », dit Maurice Faure en guise de conclusion.
    Las, cette solidarité ne satisfait pas Jean-Jacques Servan-Schreiber, qui en voudrait une manifestation plus évidente.
    « Ça suffit ! a dit finalement Maurice Faure. Je suis le président, tout de même ! »

    8 octobre
    Hier, lancement des Mémoires du Général. Un lancement gaullien, que celui-ci a dû aimer : brutal, secret, atteignant d’un coup au sublime.

    15 octobre
    Le gouvernement aurait-il déjà du plomb dans l’aile ? À l’Assemblée, Chaban commence son intervention très bas. Sa voix a changé, plus posée, moins nasillarde. Delors est là, avec Nora, le nez sur les feuillets du discours.
    Les députés UDR ne font même pas semblant d’approuver les mesures sociales du gouvernement. Ils applaudissent (à contre-temps) ce qui, manifestement, tient le moins à cœur à Chaban. Et ne bronchent pas lorsqu’il aborde ses thèmes préférés, ceux du 16 septembre dernier, sur les femmes, l’égalité, etc.
    Ceci explique-t-il cela ? Jacques Chirac aurait eu l’assurance de Pompidou qu’il serait son Premier ministre après les législatives de 1973.

    Le week-end, conseil national du PS à Bondy. Triste spectacle de ces socialistes qui n’en sortent pas, de ce problème communiste ! Savary, le secrétaire général, en bon émule de Guy Mollet, l’emporte sur Mauroy (Nord) et Poperen (Paris).

    20 octobre
    Débat budgétaire. Au banc des ministres, Giscard, Frey, Chirac.
    Giscard, costume marron, sans aucune note devant lui : « C’est la 547 e  fois, depuis cent ans, commence-t-il, que le Parlement ouvre un débat sur un texte budgétaire. »
    Quel virtuose ! Les députés sont bouche bée devant une aussi grande aisance, une aussi belle maîtrise. Quelques formules émaillent son discours, du genre : « L’orthopédie ne doit pas nous conduire à la cambrure » ; « Il faut passer d’un budget nommé désir au budget nommé réalité. »
    Il dénonce les trois faiblesses de notre économie : la croissance instantanée est faible, le mouvement des prix a dépassé les prévisions, et l’emploi se dégrade. Mais conclut de façon optimiste : « La France est plus capable d’expansion qu’on ne le lui dit, et plus qu’elle ne le croit. »
    Chaban-Delmas cache mal son admiration, Edgar Faure le regarde d’un air attendri, Robert Poujade d’un air connaisseur.
    L’opposition se tait. Les centristes exultent : « C’est du grand Valéry, me dit l’un d’entre eux, Poudevigne, à la sortie. Le meilleur peut-être que nous ayons jamais entendu. »
    De fait, il a parlé une heure et quart. Il manie des dizaines de chiffres, jongle avec les idées, multiplie les formules. Quel talent !

    21 octobre
    Congrès socialiste à Épinay. Guy Mollet a parlé vingt minutes, interrompu par les applaudissements, y compris ceux d’Augustin Laurent, au grand dam d’Arthur Notebart et de Pierre Mauroy. Bref, il triomphe, raccompagné par des applaudissements rythmés jusqu’à sa place. Savary, qui a présenté son « plan d’action socialiste », a fait pendant trente-cinq minutes un discours sérieux mais barbant et, pour la première fois, lance un appel à l’unité avec la Convention des institutions républicaines.
    L’alliance Mauroy-Chandernagor ? Ce n’est pas une alliance, mais un collage dont Mauroy ne veut pas, mais qu’il subit. En réalité, Chander, comme on l’appelle, entendrait bien les sirènes centristes. Savary le rappelle sèchement à l’ordre : « La recherche de la gauche doit être une constante du mouvement socialiste. »
    Mauroy pensait à cette occasion conquérir la majorité du parti. Tout dépendait de Guy Mollet. Mais celui-ci maintenant le déteste : « Mauroy, c’est Poulidor, dit-il, il sera toujours second. »
    En réalité, les intérêts des ténors du PS sont divergents. Les uns ont besoin de l’union de la gauche pour être

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