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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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la mort de De Gaulle, une telle tristesse que l’on hésite presque à l’interroger.

    Bureau du groupe UDR à l’Assemblée nationale. Henri Rey, son président, me dit que tout le groupe fera le voyage de Colombey pour se recueillir devant la tombe du général de Gaulle, en souhaitant, insiste-t-il, « que ce pèlerinage ne se distingue en rien de celui d’innombrables Français ».
    C’est Robert Poujade qui a pris l’initiative de demander que soit mise à l’étude la protection du site de Colombey tel que le général de Gaulle l’a décrit dans ses Mémoires de guerre . Et le groupe insiste pour que le gouvernement apporte tous les concours utiles à la municipalité de Colombey « afin que le village et ses alentours soient préservés des marchands du Temple qui commencent à l’envahir au mépris de toute convenance, souvent de toute dignité, choquant la sensibilité des Français qui vont s’y recueillir ».
    Le groupe a-t-il à ce point peur que Georges Pompidou abandonne dès aujourd’hui le village du Général aux marchands de souvenirs ?

    18 novembre
    Hier, 17, réunion interministérielle au sommet (Pompidou, Chaban, Giscard, Schumann + Clapier et Wormser) relative au plan Werner sur l’Union monétaire et économique européenne, pour préparer la réunion des six, le 23 novembre prochain.
    Je note vite ce qu’on m’en dit, parce que je ne comprends pas tout et que mon interlocuteur va trop vite. L’Union monétaire n’est à aucun moment dans le traité de Rome. Lorsqu’on en a parlé pour la première fois, l’année dernière, à La Haye, le général de Gaulle a piqué une colère. Aujourd’hui, ce qui a changé, c’est que la France ne dit pas « non » à la possibilité d’une monnaie européenne. Pour autant, elle ne veut pas se laisser embringuer dans la définition d’un calendrier, ni a fortiori dans la deuxième étape, plus politique, prévue par le plan Werner.

    19 et 20 novembre
    Le gaullisme... Georges Pompidou pense qu’il n’y a pas de gaullisme sans antigaullisme. C’est-à-dire que l’ouverture, telle que la conçoit Jacques Chaban-Delmas 29 , risque de diluer le courant mobilisateur du gaullisme. Il n’existe pas de gaullisme sans ses ennemis : c’est ce que répète, paraît-il, Pierre Juillet, conseiller (et un peu plus que cela) de Pompidou. Pas de grande cause sans grande bataille. Pour un certain nombre de gens à l’Élysée, conseillers et président, Jacques Chaban-Delmas veut trop en faire : son tempérament le porte à se réconcilier avec tout le monde (sauf, persiflent certains, toujours au même endroit, les gaullistes, avec lesquels il ne sait pas trouver le ton), et son affectivité le pousse à ne sauvegarder du gaullisme que les grands principes. On ne peut pas, pensent les « élyséens », à la fois être « pur et dur », et embrasser les centristes, ou demander qu’on s’entende à Limoges avec le socialiste Longequeue 30 .
    L’ouverture, aux yeux de Chirac, c’est au fond l’absorption, la venue à Canossa, de tous les centristes, socialistes et autres modérés du centre gauche – à condition qu’ils acceptent les « grands principes ». Cela, Pompidou n’en veut pas. Et Chirac s’en fait allègrement le porte-parole.

    Maurice Faure à l’Assemblée nationale, hier, 19 novembre
    Devant de nombreux journalistes, mimant les difficultés qu’il avait à garder le Parti radical (garder comme un berger garde ses moutons) ; attrapant l’un par la veste, l’autre par le bras ; soupirant qu’il en avait assez de recoller les morceaux toujours cassés par Jean-Jacques Servan-Schreiber... Ce qui donne, dans L’Huma d’aujourd’hui, un papier de Louis Luc, qui assistait à la scène, très pessimiste sur le sort de Maurice Faure à la tête du Parti radical.
    Maurice Faure est choqué qu’on ait débaptisé la place de l’Étoile pour l’appeler place de Gaulle : « L’avenue de l’Opéra, dit-il, cela ne m’aurait pas choqué, mais l’Étoile ! Moi, à Cahors, j’ai débaptisé la place Thiers : les gens de gauche étaient contents qu’on enlève Thiers de la ville, et ceux de droite ravis qu’une place porte le nom du général de Gaulle. Ça a fait plaisir à tout le monde ! »
    Quelqu’un lui demande : « Et les Versaillais, ça leur a fait plaisir, à eux aussi ? »
    Il répond, superbe : « Les Versaillais d’aujourd’hui, Môssieur, ils sont

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