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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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groupe parlementaire différent de celui de l’UNR, vous pourriez aujourd’hui être à Matignon ! – Peut-être », lui a répondu Giscard, impavide, ne cherchant pas à cacher qu’il était plus heureux d’être, selon les sondages, celui à qui 61 % des Français promettent le plus bel avenir.
    Cette entrevue entre Giscard et Chirac laisse supposer également un rapprochement sur les élections. Avec, sans doute, à quelques semaines de la date prévue, un pacte d’unité, organique ou pas, entre Républicains indépendants et UDR.

    15 juin
    Débat sur la réforme de l’ORTF. Au banc du gouvernement, Chaban, bien sûr, Alain Peyrefitte, Jacques Chirac, Comiti 26 , Malaud,Charbonnel. Edgar Faure arrive en retard dans l’hémicycle – à 15 h 17 exactement : son déjeuner n’a pas duré trop longtemps.
    Phrases générales de Chaban sur le service public de la radio et de la télévision. Derrière ces formules : « L’Office appartient à la nation tout entière », ou : « Comment le mettre au service de tous sans le mettre au service de chacun ? », il redit sa volonté d’une information libre. « Bravo ! » dit, sans trop y croire, quelqu’un situé près de moi dans la tribune des journalistes.
    Philippe Malaud parle après lui. Il s’abrite derrière le rapport qui avait été précédemment demandé et rendu par Lucien Paye, dit qu’il a reçu des professionnels le jour de la Pentecôte et sur les lieux de tournage, mais qu’il s’agit là d’une affaire politique.
    Lui aussi parle de l’« obligation d’universalité » de la radio et de la télévision. Mais je ne sais pas comment il s’y prend : l’assoupissement gagne tout un chacun. Les députés suivent si peu le débat que Peretti doit les rappeler à l’ordre : « Le libéralisme est à l’ordre du jour. Alors, dit-il, je vous prie de mettre une sourdine à vos conversations particulières ! »
    Louis Vallon résume les choses : Philippe Malaud exhume un rapport qui dormait depuis deux ans, il évoque des unités fonctionnelles et le PDG de l’Office, alors que c’est de politique générale qu’il faudrait parler ! Avec son langage original, toujours inattendu, le vieux leader du gaullisme de gauche met le doigt là où il faut, sur les programmes : c’est là, dit-il, au lieu de parler de texte et de projet de loi, qu’il « faut éviter l’insignifiance » !
    Le débat qui suit est mortel. Les députés griffonnent sur leurs dossiers, échangent des billets. Chaban est au supplice.

    21 juin
    Vu Guy Mollet. Il est convaincu que Pompidou ne finira pas son mandat et que la crise de la majorité est pour 1973.
    En ce moment, c’est plutôt la gauche qui serait en crise. Les groupes de travail socialistes-communistes se sont une dernière fois rencontrés ce matin cité Malesherbes. Aucun texte ne sera sans doute rendu public demain, car Marchais a durci sa position sur les nationalisations et le contrat de législature : « Il joue un jeu terrible avec nous, ce Marchais, » commente sobrement Guy Mollet, qui ajoute : « Il a pris une position que nous ne pouvons pas suivre. »
    Sur le contrat de législature en particulier, il estime que François Mitterrand est déjà allé très loin : « Maintenant ça suffit. On ne peut pas prendre le risque, si n’importe quel parlementaire communiste n’est pas d’accord sur tel ou tel projet de loi, de retourner devant les électeurs ! »
    Quant aux nationalisations : « Les communistes en trouveront toujours une de plus pour nous montrer que nous n’allons pas assez loin. »

    26 juin
    Sans doute était-ce un énième coup tordu de Guy Mollet pour freiner les choses. Il m’avait dit le 21 juin que l’accord entre communistes et socialistes était encore loin, et aujourd’hui voici que les deux délégations rendent public le texte du programme commun de gouvernement 27 . Sisyphe a fini par pousser son rocher jusqu’en haut de la montagne !
    Roland Leroy est comme chez lui dans cette cité Malesherbes où il lit le préambule du programme commun. Il montre à la presse son visage des bons jours : cheveux indisciplinés, mèche retombant gracieusement sur le front, l’air aigu, l’œil intelligent et le sourire ambigu. Il affirme avec force que « le PC et le PS conservent naturellement leur personnalité », ce qui ne met pas en cause « leur capacité de gouverner ensemble ». Dans l’analyse qu’il fait du texte

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