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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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présenté, il met en avant l’avis commun du PS et du PC sur le contrat de législature et conclut avant de laisser la parole à Gérard Jaquet : « Il s’agit en effet d’un programme de gouvernement, et pas de vagues déclarations d’intentions. »
    Sur les nationalisations, bien sûr, Roland Leroy est beaucoup plus à l’aise que Gérard Jaquet :
    « Nous proposons ensemble les nationalisations de certains secteurs, en même temps que l’ensemble du secteur financier et bancaire, dit Leroy en réponse aux questions.
    – Au départ, risque Jaquet, nous n’étions pas d’accord. Mais, au bout du compte, nos positions ont convergé.
    – Cette partie du programme commun, convient Leroy, est le résultat de longues conversations qui n’étaient pas forcément convergentes... »
    Suivent des questions sur le fameux contrat de législature : « En cas de crise grave, explique Jaquet, plus à l’aise sur ce sujet, le président de la République nommera un Premier ministre. Si l’accord ne se fait pas sur son nom, le président prononcera la dissolution. »
    Des questions aussi sur la possibilité que la gauche, si elle est majoritaire aux prochaines élections législatives, gouverne avec Pompidou. Réponse de Leroy : « Ça dépend de lui autant que de nous ! »
    Sur les ministères-clefs, réponse : « Si nous avons la majorité, nous appliquerons ce programme. Voilà tout. »

    Je rencontre Claude Estier pour recueillir un point de vue moins officiel et peut-être moins idyllique sur le programme commun. Il me confirme que, sur les nationalisations, la discussion finale a été très rude.
    La conférence de presse Leroy-Jaquet à laquelle j’ai assisté a été précédée de nombreuses rencontres in extremis , ainsi que d’une réunion du comité directeur du Parti socialiste, le samedi. C’est au cours de cette réunion que les socialistes ont accepté la nationalisation de la chimie et de la pharmacie (Roussel+Rhône-Poulenc). Sur l’électronique, ils sont restés dans le vague ; ils se sont en revanche prononcés contre la nationalisation de la sidérurgie et de l’automobile.
    À la suite de ce comité directeur, Mauroy, Jaquet, Joxe et Estier ont rejoint, le samedi en fin d’après-midi, Kanapa et Leroy au siège du PC. Les négociateurs socialistes ont encore huit modifications à demander. Kanapa et Leroy en acceptent sept.
    Ne subsistait plus alors que le passage sur les nationalisations. Leroy demande une suspension de séance d’un quart d’heure. Les socialistes restent dans la salle de réunion ; ce sont les communistes qui en sortent. Et qui reviennent en acceptant qu’on abandonne le secteur automobile.
    Les quatre socialistes dissimulent leur surprise devant la rapidité du recul communiste. Le PC avait en effet préparé la nationalisation de Peugeot et de Citroën, pas de Simca (« Sans doute, me dit Claude Estier, parce qu’il n’y a pas de CGT chez Simca »).
    Dans la foulée, les socialistes trouvent ce qu’Estier appelle « une formule évolutive » sur la sidérurgie. Il est 20 heures : les négociateurs remettent la suite de leurs travaux au lundi. Ils conviennent toutefois qu’il serait bon que François Mitterrand et Georges Marchais se rencontrent avant d’aller plus loin.
    Consulté, Mitterrand, qui est dans la Nièvre, refuse une rencontre en tête-à-tête. Il exige d’avoir quelqu’un à ses côtés : ce sera Mauroy 28 . Marchais accepte : il sera, lui, accompagné de Roland Leroy.
    Le lundi matin 26 juin, donc, très tôt, à 7 heures, Mitterrand et Marchais ont un entretien cordial mais serré. Offensif, Mitterrand plaide que, si la gauche veut gagner, le catalogue des 25 nationalisations demandées par les communistes ne changera rien par rapport à la classe ouvrière. En revanche, si la gauche veut attirer un nouvel électorat, il ne faut pas passer la mesure. Réponse négative de Marchais, du genre : les travailleurs ne comprendraient pas.
    Au bout de deux heures, force est de convenir que l’entretien est sans résultat.
    À 10 heures du matin, donc une heure après, reprend la séance plénière. Sur l’ensemble du texte, pas de désaccord. Ne reste plus que le passage sur les nationalisations.
    « Ces “cinq dernières minutes”, me dit Estier, ont duré trois heures. On a essayé toutes les formules pour qu’au total le vase ne déborde pas. »
    Les deux délégations reprennent tout à zéro, y compris

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