Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
Vom Netzwerk:
l’UDR lors du dernier bureau exécutif du mouvement gaulliste : contre toute attente, il a été appuyé par Couve de Murville. Pourquoi par Couve ? Parce que celui-ci est sûr que Debré sera battu et que lui, Couve, en profitera pour passer.
    Enfin, contre Chaban-Delmas, on déclenche l’opération Edgar au perchoir.
    En ce qui concerne la composition du futur gouvernement, Georges Pompidou aurait proposé à Giscard le ministère des Affaires étrangères. C’est à Giscard de choisir. S’il accepte, Chirac aura les Finances. À moins qu’il n’hérite du ministère de l’Intérieur. Chirac ne serait pas chaud pour l’Intérieur. On le comprend !

    19 mars
    Olivier Guichard me parle de l’ouverture : les élections aux grandes commissions de l’Assemblée nationale seraient une occasion de marquer une ouverture à l’égard des centristes et des réformateurs. Le gouvernement pourrait lui aussi s’ouvrir. Pompidou, me dit-il, a révélé qu’il garderait Messmer. Mais il y a de la place pour l’ouverture dans son gouvernement.
    Il pense que l’UDR va se transformer. Les membres du parti majoritaire ne bougent pas depuis trois ans, parce que les binômes de Gaulle-Pompidou, puis Pompidou-Chaban, leur paraissaient naturels. Tout cela, cet accord profond, est fini, me dit Olivier Guichard, depuis le départ de Chaban. L’UDR veut maintenant un président. Le mouvement aspire à une existence autonome.
    Nous parlons enfin de Giscard. Pas facile pour lui, me dit-il, d’apparaître brutalement comme différent du Giscard qu’il était jusque-là. « Il était le mainteneur du franc et le grand stabilisateur. S’il devenait l’apôtre du libéralisme, cela désorienterait beaucoup de monde. »

    20 mars
    Rencontré Michel Poniatowski. Il s’amuse en observant les uns et les autres dans le camp gaulliste. « Au premier chant du sansonnet, ironise-t-il, chacun avait trahi trois fois l’autre. »
    Ce qui est vrai à ses yeux, c’est que Pompidou désire qu’on sache bien que tout dépend de lui. Il est furieux parce que, dans les rangs de la majorité, personne, aucun député réinvesti il y a une semaine, ne dit que c’est grâce à lui, Pompidou, qu’il a été élu.
    Le président a en revanche perçu ce qui s’est passé dans le pays lors de ce dernier scrutin : l’échec, en réalité, du Parti communiste et le succès du Parti socialiste – encore que celui-ci demande à être confirmé. L’électorat de la majorité est fragile, surtout celui de l’UDR : si pas une voix n’a manqué aux réformateurs, on ne peut en dire autant des gaullistes.
    « Cela donne, selon Poniatowski, des informations importantes sur la majorité : elle a fait beaucoup de choses, mais elle n’a pas apporté de réponses aux préoccupations nouvelles de son électorat. Elle n’a pas répondu, par exemple, aux problèmes nés de l’urbanisation : transports, équipements collectifs, pavillons personnels, accession à la propriété ; le gouvernement doit traiter ces problèmes modernes en se projetant dans l’avenir. La France, en outre, est devenue un pays à 75 % de salariés. Ce n’est pas la France qu’imagine Georges Pompidou, ce n’est plus la France de 1958. Ce n’est pas la France rurale dont il rêve ! »
    Il met également en cause la conception autoritaire du pouvoir qui est celle de Pompidou : « Avec des tas de séquelles, insiste-t-il : le poids de l’administration, le poids des cabinets ministériels, la volonté que la majorité parlementaire ne soit que le prolongement de la majorité gouvernementale. »
    Son verdict sur Pompidou tombe, aiguisé comme une dague : « Pompidou, me dit-il – je n’en crois pas mes oreilles ! –, il faut d’urgence le transformer en roi fainéant ! »

    Nous parlons d’Edgar Faure. Le ton change : « C’est un des rares hommes qui puissent redonner au Parlement son rôle. Chaban aprésidé pendant dix ans une Chambre muette. N’allons surtout pas le chercher à nouveau. Si rien ne se passe à l’Assemblée, si tout continue comme avant, le système nous sautera à la figure ! »
    Il me fait le décompte des voix : « Si Edgar va jusqu’au bout, il aura pour lui une cinquantaine d’UDR, les républicains indépendants, les divers droite modérés et les centristes du CDP. Cela fait un bloc de 150 à 160 personnes. Chaban en aura, s’il se présente, moins de 150. »
    Avec ce duel, l’UDR sera tournée

Weitere Kostenlose Bücher