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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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l’exemple du candidat socialiste qui se présentait contre lui.
    Bref, je comprends bien ce qu’il me suggère lorsqu’il me dit : « Il y a mille autres façons de faire l’ouverture que de la faire au Parlement. »
    Nous parlons maintenant de Pierre Messmer : « Il couvre, me dit-il, toutes les audaces du président de la République. Plus le président veut renouveler la donne, moins il lui paraît nécessaire de changer Messmer, qui lui garantit une paix royale avec l’UDR. »
    Il me fait remarquer, pour appuyer sa position, que la plupart des élus ont assumé eux-mêmes la revendication du changement et du renouvellement : réussite des jeunes parlementaires de la majorité, échec du vieux René Pleven, reflux de Chaban-Delmas qui a perdu des voix par rapport à sa dernière élection.
    Sa thèse est que les problèmes des bas salaires, de l’emploi des jeunes, doivent être traités par la future majorité : « Si l’on continue à rejeter les électeurs de gauche vers les communistes, nous prenons un risque : la création d’une puissante union de la gauche qui va finir par passer. »
    L’atout principal de Pompidou est l’expansion économique forte, malgré la crise monétaire. Pour le reste, il me donne le calendrier : le gouvernement démissionnera au prochain Conseil des ministres. Un Premier ministre sera nommé. Il ira devant l’Assemblée nationale le 2 avril. Il fera par la suite connaître la composition de son gouvernement. Le débat de politique générale aura lieu dans la seconde semaine d’avril.
    Rentrée de Chaban ou pas ?
    Réponse superbe : « Il n’a pas encore assez souffert ! »
    Messmer succédera-t-il à Messmer ? Lecat ne veut pas me répondre. Il lâche cependant, à la fin de la conversation, que Messmer fera un grand discours au Parlement le 15 avril.
    J’ai compris : Messmer reste.

    16 mars
    Rendez-vous avec Chirac quelques minutes plus tard. Une chose est certaine, il me le confirme : Messmer reste. Cela, je l’avais déjà compris. Pour le reste, il me raconte que Chaban s’est fait barrer le chemin de la présidence de l’Assemblée nationale : il a rencontré Pompidou mercredi dernier à 16 heures ; il voulait être le candidat de la majorité au « perchoir ». Pompidou lui a conseillé de ne pas y aller. « Je ne vous empêche pas de vous présenter, lui a-t-il dit, mais cela ne serait pas bon pour vous. »
    Ce qui est plus important, c’est qu’en revanche Pompidou a tenu, la veille, un langage rigoureusement inverse à Edgar Faure, auquel il a conseillé de faire acte de candidature.

    Aujourd’hui vendredi, Chaban téléphone à Chirac et lui demande de passer le voir.
    En quelques mots, à midi et quart, Chaban tient à Chirac à peu près ce langage : ne jouez pas contre moi, je me présenterai au perchoir, et si je me présente, je serai élu. Il lui demande tout de même son avis. Chirac lui répond que, au poste où il est, il ne fait plus de politique. Il ajoute néanmoins que tout cela ne lui semble pas être une bonne idée :
    « Vous allez vous faire anesthésier, à ce perchoir, poursuit-il. L’homme le mieux placé pour la campagne présidentielle de 1976 sera le Premier ministre de 1975. Or, vous ne serez pas une deuxième fois Premier ministre en sortant de l’Assemblée nationale !
    – C’est ce que je commence à me dire », réplique Chaban.
    Il doit entre nous rigoler (jaune) d’entendre Chirac lui répéter mot pour mot ce que Pompidou lui a dit hier. Personne n’est dupe et tout le monde dit tout à tout le monde...

    La fin de Guichard, ou plus exactement de l’hypothèse Guichard Premier ministre : cela se passe lors du déjeuner des barons, le lundi suivant le deuxième tour. Ils se sont, paraît-il, partagé les rôles (sansinviter Foccart, parce qu’ils n’avaient pas de poste à lui confier) : Guichard était Premier ministre ; Roger Frey, président du groupe UDR à l’Assemblée nationale ; Michel Debré, président de l’UDR ; et Chaban-Delmas, président de l’Assemblée nationale.
    Pompidou, mis au fait (par qui ?), a trouvé qu’ils exagéraient. Du coup, la cote de Messmer est remontée, contre celle de Guichard. Et le président a pris quelques mesures.
    Contre Roger Frey, il a envoyé Robert Boulin avec pour consigne et forme de recommandation : si tu veux être Premier ministre, il faut faire tes classes.
    Michel Debré a lancé son idée de présidence de

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