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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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hostile au Programme commun. Le premier tour de scrutin, le 4 mars, fait un choc à la majorité sortante, qui ne recueille que 37,9 % des suffrages, tandis que la gauche en obtient plus de 46 %. Les réformateurs sont en position d’arbitres avec près de 15 % des voix. Même si, entre les deux tours, les suffrages de ces derniers se reportent sur la majorité, assurant son succès, on a eu chaud du côté de chez Messmer et Pompidou !
    Ces élections marquent, dans l’histoire de la gauche depuis la Libération, une montée inédite du Parti socialiste, qui obtient, avec les radicaux, 20,8 % des voix, alors que les communistes ne les précèdent plus que de 0,8 % ; 103 sièges du côté des socialistes, 73 du côté communiste ; 90 sièges perdus par la majorité sortante.
    Ce qui est intéressant, c’est que, pour la première fois, la majorité n’est pas majoritaire en voix : elle ne l’est qu’en sièges, à cause du mode de scrutin.
    Bref, tout le monde, à l’issue du deuxième tour, est content : à droite parce que la majorité a plus d’élus que l’union de la gauche et qu’elle a bénéficié des voix réformatrices ; à gauche, parce que l’opposition a obtenu plus de voix que la majorité.

    14 mars
    Revu Jacques Delors, qui, depuis son départ du cabinet Chaban-Delmas, a regagné le secrétariat général à la Formation permanente. Nous parlons de l’ouverture aux réformateurs. La juge-t-il possible ou pas possible, avec tous ou avec quelques-uns ? Il émet trois hypothèses. La première est l’application du programme de Provins avec Messmer confirmé à Matignon ; la marge de manœuvre pour l’ouverture est dans ce cas minimale. La deuxième est de pratiquer laconcertation plus que cela n’a été fait auparavant, autour d’un programme qu’il baptise lui-même d’un « delorisme diffus ». La troisième est enfin de proposer, en plus de cette politique de « delorisme diffus », une concertation avec les réformateurs sur quelques vastes thèmes : l’équilibre des pouvoirs et autres grands problèmes du moment. Il n’y croit guère si Messmer reste.

    16 mars
    Rencontré Jean-Philippe Lecat 6 , porte-parole du gouvernement.
    Georges Pompidou laisse les choses se mettre en place souplement. Il aurait pu, me dit Lecat, être plus directif, s’occuper de la constitution du groupe UDR à l’Assemblée nationale et de ses liens avec le groupe réformateur. Il ne l’a pas fait.
    Sa seule intervention a concerné Edgar Faure. Celui-ci voulait pouvoir constituer un groupe parlementaire 7 . Il a fait sur ce thème deux déjeuners à son ministère. Au cours du premier, Edgar a annoncé son intention. Ses convives étaient fort intéressés et l’ont engagé à poursuivre. Au second, l’atmosphère était déjà plus calme, moins survoltée par les mauvais résultats électoraux, et Missoffe, qui était présent, lui a dit que cela ne lui semblait pas du tout une bonne idée. Edgar a donc décidé de procéder à un tour de piste.
    « Ce que je peux dire, me précise Lecat, c’est que Pompidou a compris qu’il y avait des forces nouvelles en France, qui ne sont pas du tout représentées par les groupes parlementaires existants.
    « Je n’ai rien, ajoute-t-il, contre les réformateurs, mais il y a un monde syndical, professionnel, qui a montré qu’il existait vraiment. L’ouverture est une chance de rénovation à condition de la faire avec ceux qui représentent vraiment autre chose. Le centre a certes des personnalités de poids, mais, lorsqu’elles entrent dans la majorité, ces personnalités-là, comme Jacques Duhamel par exemple, n’amènent pas leurs électeurs avec elles. Si Jean Lecanuet se rallie à la majorité aujourd’hui, il n’amènera pas davantage les siens. En revanche, dansle mouvement centriste qu’il aura déserté, surgira un autre leader qui aura bientôt le même poids que lui sur le centre. »
    Je comprends qu’il juge inutile d’ouvrir la majorité à quelques leaders si cela ne sert à rien. Et que Pompidou n’attend rien d’une éventuelle ouverture.
    Lecat en arrive maintenant à son analyse des voix réunies par la gauche aux législatives :
    « Ces 47 % ne veulent pas tous une société communiste. Les candidats de la gauche non communiste ont fait pour la plupart, avant le premier tour, une campagne de radicaux de gauche, et, pour le second, une campagne carrément de droite », m’assure-t-il en citant

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