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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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venu », il demandera au pays de prendre ses responsabilités. Sur les grèves chez Lip 23 , qui ont dominé l’actualité sociale de l’été 73, je le sens irritable. On lui parle des bienfaits de l’autogestion. Il répond vivement : « Parler d’autogestion est une plaisanterie. Il n’y a pas eu d’autogestion : le personnel a pris les montres et les a vendues. Vivant sur le stock et ne payant ni sécurité sociale, ni impôts, il a pu effectivement tenir quelques mois. » Il précise le cadre de l’intervention de l’État : « L’État est intervenu uniquement pour des raisons sociales et dans l’intérêt des travailleurs. Mais l’exemple de Lip a démontré l’insuffisance de la législation sociale en cas de faillite. C’est pourquoi nous avons l’intention de revoir ce problème et de faire en sorte que les travailleurs soient mieux défendus en cas de faillite. »
    Après un passage sur l’emprunt Pinay, il revient à la première question qui lui a été posée. Pour dire que oui, à la réflexion, il avaitconsidéré que le mandat de sept ans était trop long pour un président de la République. Et qu’il fallait de toute manière, pendant cette durée-là, consulter le pays par référendum, pour re-légitimer en quelque sorte l’action présidentielle. « De toute manière, conclut-il avec force, je ne démissionnerai pas. La prochaine élection aura lieu en 1976. Je suis prêt à mettre mes capacités à la disposition du peuple français aussi longtemps qu’il le faudra, ou que je le pourrai. Me représenter ? Le trop-plein des candidats à ma succession m’y inciterait ! »
    Ces dernières phrases de la conférence de presse nous plongent dans la fébrilité. « Aussi longtemps qu’il le faudra ou que je le pourrai . » Que faut-il comprendre ? Qu’il n’est pas sûr de le pouvoir ? et pourquoi ?
    Les rumeurs sur la maladie, en sommeil durant l’été, repartent de plus belle.

    1 er  octobre dans la soirée
    Conversation avec Jean-Philippe Lecat.
    • Sur Giscard, le discours de Lecat, sincère ou pas (peut-être assagi par la conférence de presse de Pompidou), est celui-ci : « Nous ne sommes pas d’accord avec lui sur tout, loin de là. Mais la politique de Giscard est celle de Pompidou. Cela se voit très bien en Conseil des ministres : Giscard est toujours de son avis. Il y a, de la part des ministres, certaines réticences et beaucoup d’approbations. Et puis c’est Pompidou qui tranche. Sur l’inflation, il dit : je me suis trompé. »
    • Sur Giscard et l’UDR, oui, reconnaît Lecat, il y a une petite poignée de gens, à l’UDR, qui considèrent que Giscard est le pire danger pour les gaullistes. Ce sont les anciens Premiers ministres, Debré en tête, auxquels se sont joints la plupart des « barons ». Mais les mêmes qui condamnent l’inflation diraient sans doute, si nous faisions de la déflation, que la France ne supporte pas le chômage, et nous supplieraient : « Tout sauf le chômage ! »
    • Sur la réunion des neuf ministres des Finances européens : ils se réuniront fin octobre, début novembre, pour mettre au point les premières mesures européennes de lutte anti-inflation. Avec cette question à la clef : Giscard fera-t-il cette politique, sera-t-il l’homme de cette politique ?
    • Sur le secrétariat général de l’UDR après Peyrefitte : Fanton et Sanguinetti sont candidats. Rien n’est sûr. Il pense que la cote de Sanguinetti, qui n’aime guère Pompidou et encore moins Giscard, monte. Olivier Guichard aurait été pressenti, mais a refusé.
    • Le quinquennat, baptisé le « 7 à 5 » : « Ça devrait passer, mais ce sera très dur », dit-il.
    • Les autres ministres : il n’en parle pas. Il parle de l’affaire Lip, en revanche. Chez lui, à Beaune, beaucoup d’entreprises subissent la contagion « lipiste ». À propos du texte de loi sur la faillite, et de la création d’une espèce d’assurance globale contre toute faillite, il s’interroge : « Faut-il faire une sorte de Lloyd’s de l’entreprise, avec un pourcentage obligatoirement versé par les sociétés ? Plutôt que d’aider les vieux canards, il vaudrait mieux aider quelques-uns à s’envoler. On perdrait deux fois, trois fois. La quatrième, ça marchera. Voilà ce qu’il faut faire ! »

    4 octobre
    Rencontre avec Pierre Bordry, directeur de cabinet de Jean Lecanuet.
    Il y a quelques mois,

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