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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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parlementaires, de déjeuner avec Pompidou : celui-ci lui a dit qu’il était hostile à toute limitation du nombre de mandats présidentiels. « J’ai certes été élu dans des conditions exceptionnelles, a déclaré le chef de l’État. Mais le général de Gaulle lui-même a montré que la durée de sept ans était excessive, puisqu’il a multiplié les référendums pour renouveler sans cesse sa légitimité. »
    Pendant ce temps-là, tandis qu’on parle quinquennat, au Moyen-Orient la guerre bat son plein. Le prix du baril de pétrole s’envole. Pompidou, me dit Marchetti, est très pessimiste sur la situation. La position française est claire ; elle sera exprimée par Jobert à l’ONU : garantie de l’existence et de la survie d’Israël, refus du maintien d’une situation résultant de la guerre, cessez-le-feu débouchant sur une paix définitive.

    11 octobre
    Roger Frey vient de démissionner de la présidence du groupe gaulliste. Il est ce matin devant la presse. Pourquoi a-t-il abandonné cette présidence ? Parce qu’il a envie de « prendre du champ », de « sortir de la conjoncture ». Qu’est-ce qui lui dicte ces désirs ? Est-il hostile au quinquennat et en désaccord avec le président de la République qui en a fait la proposition ? Réponse normande :
    « Jadis, il m’est arrivé de ne pas comprendre certaines positions du général de Gaulle. J’allais le voir. Le général de Gaulle m’a toujours répondu par des réponses dont la presque totalité me satisfaisait. Lorsqu’elles ne me satisfaisaient pas, je mettais en balance le poids historique du Général et mes moyens intellectuels. » C’est-à-dire qu’il finissait par faire sienne la position du Général.
    Manifestement, avec Pompidou, il n’agit plus de la même façon. Sans doute parce qu’il juge que le poids historique de celui-ci est faible par rapport à celui de De Gaulle. Nous ne lui arrachons pas de désaveu de Pompidou. Il ne proteste pas, ne bouge pas de sa ligne : ce n’est pas pour cela que j’ai démissionné. Dans l’art de l’esquive, il est passé maître. Mais, alors, pourquoi cette conférence de presse ? Mystère !
    En attendant, il a eu un tête-à-tête avec Georges Pompidou à ce sujet. « Les arguments qu’il m’a donnés, dit-il, me semblent légitimes. Étant donné ce qu’est aujourd’hui le rôle du président de la République, un bail de sept ans me semble très long. »
    Les députés UDR voteront-ils pour ? « Ils sont assez peu nombreux pour le moment. Je pense que le vote du groupe sera quasi unanime. »
    Cela revient à faire des centristes les arbitres du jeu ? Réponse : « Le président a choisi l’article 89 28 pour faire passer sa réforme, c’est son droit. »
    Est-ce opportun de le faire maintenant ? « Le président de la République avait annoncé cette mesure dans son message au Parlement en avril dernier. Il a tenu exactement ce qu’il avait annoncé. On ne peut lui en faire grief. »
    Bref, à toute question une réponse peu enthousiaste, mais orthodoxe.
    Difficile de se faire une idée. S’il a démissionné, c’est parce qu’il n’était pas d’accord, ou du moins parce qu’il ne voulait pas arbitrer le débat dans le groupe sur le quinquennat. Pourquoi ne le dit-il pas ?
    À noter que, gaulliste orthodoxe, il l’est tout autant sur le Moyen-Orient : « Mon sentiment personnel, nous dit-il, c’est que, autant je pense qu’Israël a le droit à l’existence, autant je pense que celui des Palestiniens a été négligé. »

    11 octobre encore
    Edgar Faure a reçu les réformateurs, jeudi soir. Il a dû faire face à une fronde sur le quinquennat : « C’est complètement ridicule, lui a dit l’un d’eux, de nous faire voter là-dessus aujourd’hui !
    – Je suis ébranlé par votre conviction », a fini par reconnaître Edgar, sans se mouiller.

    16 octobre
    Débat sur la révision constitutionnelle à l’Assemblée nationale. Messmer met le paquet. Il parle même, à un moment donné de son discours, de « faire jouer sa responsabilité ». Il faut l’entendre justifier, à l’usage des gaullistes qui prétendent le contraire, que « ceux qui sont contre la révision constitutionnelle n’ont pas compris le général de Gaulle. Ce dont nous sommes les gardiens, ce sont les principes fondamentaux et permanents de notre régime politique ».
    Autrement dit, le quinquennat n’est qu’un détail

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