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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Pompidou 30 .

    17 octobre
    Débat de politique extérieure en pleine guerre du Kippour. Jean Poperen, au nom des socialistes, insiste sur le droit à l’existence d’Israël, inséparable de son droit à la sécurité. Et attaque vigoureusement le gouvernement – Jobert, surtout – : « Comment prétendre arbitrer, dit-il, quand on prend parti ? »
    Michel Jobert répond, passionné, contenu. En réalité, il ne parle pas aux socialistes, mais aux députés de l’UDR, qui sont d’accord avec Poperen.

    22 octobre
    Limogeage d’Arthur Conte. Il avait, inscrite à cette date sur son agenda, une conférence à faire aux ambassadeurs à 17 h 30. Il s’y rend, mais, évidemment, dans l’intervalle, le contexte a changé.
    Il se dit « fier, lorsque je voyais nos chaînes, ces derniers mois,objectives au maximum. La chance était unique d’installer une radio-télévision respectée. Pour ma part, ne serait-ce que pour avoir bataillé dans cet esprit, je suis fier d’avoir fait cette expérience ; je souhaite qu’elle ne soit pas abandonnée, qu’on connaisse tout le prix national qui se rattache à une télévision loyale et libre ».
    Lui que l’on décrivait comme si orgueilleux, ou plus exactement vaniteux, je trouve qu’il fait front assez bien, sans transiger sur son action et sans pleurnicher sur son avenir.
    Évidemment, il devait y avoir une fin à ce conflit permanent avec Philippe Malaud. Avec tous ses défauts, dont sa vanité, Arthur Conte a pris les choses à cœur. Mais c’est la politique qui l’a emporté 31 .

    29 octobre
    Déjeuner avec Joseph Comiti. À son avis, Pompidou n’avait absolument pas prévu, lorsqu’il a lancé l’idée du quinquennat, qu’il lui faudrait les trois cinquièmes des voix de l’ensemble des élus au Sénat et à l’Assemblée. Il n’avait tout bonnement pas fait les additions. Septembre est venu. Comiti le prévient que le projet ne passera pas. « On verra », a dit Pompidou d’un ton agacé. On a vu, en effet.
    Au Conseil, me dit-il, Pompidou commande sur tout, tranche en dernier ressort sur tout. Beaucoup plus que ne le faisait le Général. « Avec Pèpère, dit Comiti, c’était beaucoup plus décontracté ! »
    Depuis que Michel Debré n’est plus ministre, seul parle Giscard. Les autres n’interviennent que sur les sujets qui les concernent. Comiti me l’assure : jamais au Conseil des ministres il n’a été question ni de près ni de loin de la révision constitutionnelle. Pas le moindre échange de vues avant, pas le moindre tour de table après la défaite au Parlement.
    Sur Jean-Philippe Lecat : c’est lui qui a demandé à être porte-parole du gouvernement en même temps que ministre de l’Information. D’où ce paradoxe : c’est le ministre de tutelle de l’ORTF qui apparaîtra le plus souvent sur les écrans.
    Sur Arthur Conte, « qui était passé de la SFIO aux gaullistes en1968 et qui s’apprêtait à virer dans l’autre sens », il ne me dit pas grand-chose. Mais qui l’avait choisi ? Je lui pose la question. Il ne sait plus très bien, mais ce choix, de toute évidence, ne lui paraît plus s’imposer.
    « Messmer, dit-il, gouverne très bien. Pas de problème, jamais, avec Pompidou sur les dossiers. Un remaniement ? Pour quoi faire ? Jamais Pompidou ne pourrait trouver un Premier ministre avec lequel il s’entende aussi bien qu’avec Messmer. »
    Que les « barons » reviennent à bride abattue vers Pompidou, cela ne l’étonne pas. Dans les provinces, les militants restent fidèles au chef de l’État. Ils ne comprennent pas pourquoi les chefs historiques du gaullisme s’opposeraient à lui. « De toute façon, conclut-il, il n’y a pas de possibilité aujourd’hui de dresser les militants contre Pompidou. »

    30 octobre
    Je rencontre pour la première fois, sur recommandation de Marchais et de Leroy, André Vieuguet 32 . Nous parlons de l’atmosphère générale autour du pouvoir. Vieuguet voit Pompidou affaibli du fait de l’existence du programme commun de la gauche et du résultat des dernières élections législatives. Il parle des futures élections de 1976 et de 1978. Déjà ? « Ce sont des dates rapprochées, me répond-il, et il peut y avoir encore un rapprochement des échéances électorales ! »
    Je lui demande si c’est à l’état de santé de Pompidou qu’il impute un éventuel bouleversement du calendrier. Il me répond avec prudence : « Des

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