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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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là. Pour lui, la philosophie gaullienne n’existe pas. Dans cinquante ans, il n’y aura plus de gaullisme : ce n’est pas de Gaulle qui a inventé la conception de l’État ! Lui disparu, la France redevenait la France de Thibaudet. Voilà pourquoi Giscard pense depuislongtemps qu’il faut inventer une autre formule de rassemblement, celui de tous les centres.
    Nous revenons sur les rapports entre Pompidou et Giscard. Il me dit que nombreux étaient ceux, parmi les républicains indépendants, qui, comme Michel d’Ornano, lui conseillaient de quitter le gouvernement, de ne pas assumer les difficultés économiques après la guerre du Kippour. « Quelques-uns ont pu lui conseiller de quitter le bateau. Giscard ne l’a pas fait. Ponia lui disait au contraire : Restez aux commandes ! »
    26 avril
    Les sondages publiés par Le Figaro vont tous dans le même sens : Giscard devance Chaban.

    Dernier duel radio, sur Europe 1, avant le premier tour, entre Giscard et Mitterrand. Mitterrand s’efforce de démontrer que Giscard, aux Finances, est responsable de toutes les inégalités françaises. Giscard attaque l’alliance entre les communistes et les socialistes. Match nul. Celui qui a vraiment perdu le match, c’est Chaban, dont ils n’ont pas parlé.
    27 avril
    Rendez-vous avec Jean-Philippe Lecat. Je n’avais pas eu l’occasion de lui reparler des confidences qu’il m’avait faites à la fin du mois de janvier sur Giscard et Pompidou. Il me répète ce qu’il m’avait dit : que Juillet et Marie-France Garaud lui ayant demandé de mettre au point un dispositif d’information efficace, il en avait conclu que c’était pour une campagne électorale proche. D’autant que les Finances n’avaient mis aucun obstacle, contrairement à leur habitude, pour débloquer l’argent nécessaire au financement.
    Il avait bien cru comprendre qu’il s’agissait, en attendant, de nommer Giscard à Matignon. Il avait mis les deux choses bout à bout : le fric pour la campagne, la nomination de Giscard, et il en avait conclu, comme moi, que Pompidou avait choisi Giscard sinon comme successeur, en tout cas comme dernier Premier ministre de son septennat.
    Je ne saurai jamais la part de vrai et la part de manipulation dans cette conversation.
    Aujourd’hui, évidemment, je ne suis pas étonnée que Lecat appartienne aux « 43 » députés dits félons par l’UDR.
    Je ne lui parle pas de cette histoire absurde : il paraît que, avant de signer l’appel des « 43 », Lecat avait créé à Beaune deux comités de soutien, l’un à Giscard, l’autre à Chaban ! Du grand art...
    Je l’interroge sur le dernier Conseil des ministres présidé par Pompidou, dont Jean Mauriac a rendu compte dans une dépêche de l’AFP qui a rendu fou furieux Jacques Chirac. Effectivement, Georges Pompidou, trop fatigué, n’a pas fait le tour de la longue table pour serrer la main des ministres. Il a bien dit d’écourter les communications qui étaient présentées, mais il s’agissait de listes de promotion dans l’ordre de la Légion d’honneur. C’est Jean Taittinger qui égrenait un peu trop longuement les mérites de tel ou tel enfant de famille modeste ou de tel sous-lieutenant. « Effectivement, le président a dit à un moment : “Épargnez-nous de trop longs propos là-dessus.” »
    Ensuite, toujours selon Lecat, il a tout de même fait un brillant exposé sur la politique internationale. Puis il a abordé la politique intérieure. Il a dit : « Pas de compromis médiocre. » Cela visait, dans le contexte, le débat sur l’avortement à l’Assemblée nationale. Pompidou a encore déclaré : « En 1962, j’ai voulu gagner quelques voix des centristes d’opposition. J’ai fait des compromis médiocres. N’en faites pas. »
    (À quoi faisait-il allusion ? À l’entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun ?)
    Suivirent ces quelques mots : « Vous avez quelque chose à dire, monsieur le Premier ministre ? »
    « Alors, raconte Lecat, nous nous sommes tous poussés du coude en nous disant : il va présenter sa démission. Mais Pierre Messmer a simplement dit que le Conseil des ministres du 3 pourrait avoir lieu dans l’après-midi. Et puis que l’on pourrait supprimer celui du 10, comme cela s’était toujours fait en période pascale. »
    Georges Pompidou a enchaîné : « Bien entendu, on va encore raconter des choses, mais ce Conseil a toujours été supprimé,

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