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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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même au temps du général de Gaulle. Je dois vous dire, bien que je ne l’aie jamais fait : je vis en ce moment une période difficile, dure, mais, profitant de ces vacances pascales, je vais me reposer, et j’irai mieux. Naturellement, il ne faut pas dire que je vais bien, ce n’est pas vrai. Ne répondez pas, si on vous interroge. Dans trois mois, tout ira bien. »

    Même jour, vu Roger Chinaud, qui me montre la dédicace que Valéry Giscard d’Estaing a écrite, le 16 septembre 1966, sur la première page du livre de Theodore White, Making of a President , qu’il lui avait offert. En 1966, donc, il écrivait : « Pour Roger Chinaud, en pensant qu’il n’y a pas d’analogie à établir, mais sans doute des enseignements à tirer. Et, après tout... Très amicalement. Valéry Giscard d’Estaing. »
    Aussi loin que Roger Chinaud remonte dans son souvenir, il lui semble que Valéry Giscard d’Estaing n’a pensé qu’à la présidence de la République. L’acte de départ, pour lui, c’est 1962. S’il a voulu, malgré les demandes répétées du général de Gaulle, après le référendum 22 et les élections législatives qui ont suivi, créer son groupe parlementaire, c’est parce qu’il voulait se doter d’un instrument politique à lui. Il n’a pas voulu céder au Général. Et puis, en 1965, il a décidé, avec Ponia, la création des clubs Perspectives et Réalités. Toujours dans le même but : avoir son propre dispositif politique. Le 15 décembre de la même année, il a fondé son mouvement politique juste avant d’être exclu du gouvernement, en 1966. L’UDR l’a du reste très mal pris.
    Tout s’enchaîne alors : le 10 janvier 1967, c’est le « oui mais » au Général. Formule que Giscard, dans le souvenir de Chinaud, a trouvée sur la plage de Perros-Guirec, six mois auparavant, c’est-à-dire six mois avant d’oser l’utiliser comme une déclaration politique forte. Autre déclaration, le 17 août de la même année : la condamnation de l’« exercice solitaire du pouvoir ». À partir de 1969, l’organisation s’est renforcée, malgré les réticences de certains républicains indépendants comme Raymond Marcellin, qui n’y étaient pas favorables. En 1969, pourtant, VGE a laissé Pompidou se présenter à l’élection présidentielle après la mort de De Gaulle : « Je suis trop jeune, a-t-il dit à ses amis, et je ne suis pas prêt. »
    C’est alors que Chinaud fait allusion à cette scène que la presse avait évoquée sur le moment, qui a eu lieu après les législatives de 1973. Georges Pompidou avait rencontré les députés républicains indépendants, auxquels il avait dit : « Vous avez un leader national. Quand on a un leader national, il ne faut pas se laisser enfermer par ses amis. »
    Beaucoup font remonter à cette date la volonté de Pompidou de choisir Giscard comme successeur. Il paraît, me dit Chinaud, quePonia a gardé l’enregistrement intégral des propos du président à cette occasion. J’essaierai de me le procurer.
    Le même jour, 17 h 30
    Longue rencontre avec Jacques Chirac, qui revient sur les événements qui se sont déroulés à toute allure depuis la mort de Pompidou. Pour la première fois je dispose d’un récit complet et chronologique des événements.
    Je ne le trouve pas trop marqué par la tristesse qu’il éprouve. Il est déjà tout entier plongé dans l’action. C’est comme cela, d’ailleurs, que je l’imaginais.
    Il me raconte à son tour comment il a su, dès le dimanche soir, que Pompidou allait mourir, et comment il a retrouvé, tout de suite après sa mort, le mardi 2 dans la nuit, les ministres à Matignon.
    « Quand j’ai demandé à Michel Debré, dans le salon bleu de Matignon, entre minuit et 1 heure du matin, d’empêcher Chaban de se présenter, j’ai cru l’avoir convaincu. Je me suis trompé. »
    C’est le lendemain, le mercredi après-midi, dans un entretien en tête à tête avec Messmer, que Chirac pousse ce dernier à se présenter.
    « Mes arguments étaient en béton, me dit-il. D’abord, je lui ai dit que notre intérêt politique, en conformité avec la doctrine, était d’avoir un candidat unique. Car j’étais, je suis toujours persuadé que la France, traumatisée par la mort de son président, inquiète sur son avenir économique, n’était pas prête à voter pour un candidat de gauche : un candidat convenable à droite, à condition qu’il soit

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