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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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d’Édouard Depreux et de Gilles Martinet, qui ont refusé son adhésion à ce mouvement de gauche démocratique né après le retour au pouvoir du général de Gaulle. Il y contracte la haine des appareils, des intellectuels de gauche, du PSU.
    « À cette époque, me dit Claude Estier, il était allergique aux appareils. Il l’est toujours aujourd’hui, mais d’une autre manière : il est rebelle à la discipline d’appareil, mais il est conscient qu’une organisation est nécessaire. »

    1959, l’affaire de l’Observatoire : il s’aperçoit qu’il n’a que quelques amis – Beauchamps, Dayan, Rousselet, Dumas –, et qu’il reste un homme seul, vulnérable.
    1962 : la modification constitutionnelle sur l’élection du président de la République au suffrage universel. « Il a écrit qu’il était contre, assure Claude Estier, mais il a toujours pensé que, pour la gauche, surtout dans l’hypothèse qui commençait à se dessiner dans son esprit, cela pouvait être une bonne chose. »
    1963-65 : l’aventure de Gaston Defferre, « Monsieur X », et de la Grande Fédération. Mitterrand a toujours été hostile à l’opération, mais il a laissé faire les choses. Il n’avait d’ailleurs pas les instruments pour s’y opposer. « Il a compris qu’il fallait trouver le moyen de réintégrer les communistes dans la vie nationale. Lorsque, à Marseille, Gaston Defferre, dans un de ses discours, a fermé la porte aux communistes, Mitterrand a pensé que c’était une gaffe politique grave. Mitterrand est resté en retrait. Il a toujours jugé que Defferre, avec sa tentative de troisième force, se casserait la gueule et qu’il fallait prendre ses distances.
    15 juin 1965 : échec de Defferre et de son projet de Grande Fédération avec les centristes. Mitterrand y assiste : il se donne le temps de réfléchir pendant l’été.
    Décembre 1965 : l’élection présidentielle. Sa démarche a tout de suite été de chercher à connaître les communistes. « Il ignorait complètement le monde communiste, il n’avait jamais rencontré Waldeck Rochet, il ne connaissait que les communistes de son département, la Nièvre, et encore, il avait des problèmes avec eux ! »
    La création de la Fédération de la gauche, et plus encore sa fin, ont également représenté des dates importantes pour lui : « L’effondrement de la FGDS, sans structures, sans perspectives, sans ossature, lui a montré qu’il fallait doter un rassemblement de gauche d’un cadre et de structures solides. »
    C’est cela qui l’a conduit à Épinay en 1971 : « Il avait vraiment le désir de casser la vieille SFIO, mais aussi le refus de s’enfermer dans le bavardage socialiste, dans les colloques sans fin. Il voulait rénover le Parti socialiste, il y a réfléchi entre 1969 et 1971, et il est arrivé à le conquérir. »

    Après avoir retracé les étapes de l’engagement politique de Mitterrand à gauche, nous en arrivons à la dernière campagne :
    « Il était fortement agacé par le mépris dans lequel il était tenu sur les problèmes économiques. Du coup, il a pensé à s’entourer d’un véritable staff économique avec Jacques Attali, puis Michel Rocard, Christian Goux, d’autres encore.
    « Puis Georges Pompidou est mort : la première conférence de presse de la campagne de Mitterrand a porté sur les problèmes économiques, car c’était sur ce terrain, où il était contesté, qu’il voulait convaincre. »
    Je demande : « Que pense Mitterrand du programme commun ?
    – Qu’il est rapide, bâclé, sans réflexion suffisante. Mais il ne pense pas que cela lui ait coûté des voix. Il croit en revanche que ce qui lui en a coûté, c’est le débordement de certains : il a, par exemple, trouvé les textes du Ceres de Jean-Pierre Chevènement sur les nationalisations très gênants pour lui. D’une façon générale, il a trouvé le programme commun assez inadapté à la campagne présidentielle. Surtout parce que rien n’était prévu sur la façon dont, concrètement, les choses allaient se passer. Par exemple, pourquoi les cadres de Rhône-Poulenc n’ont-ils pas voté pour Mitterrand ? Pas parce que Rhône-Poulenc aurait été nationalisé. Mais parce qu’on ne leur a pas dit ce qu’on allait faire d’eux !
    Pourtant, comme il était bien obligé de le défendre, ce programme commun, il a préféré le prendre à bras-le-corps... »
    Nous revenons aux

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