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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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communistes. Je l’interroge sur la facilité apparente avec laquelle ils ont accepté une candidature unique de la gauche.
    « En réalité, le parti était très divisé sur ce point, me révèle-t-il. Étienne Fajon, Jacques Duclos, Madeleine Vincent étaient très hostiles à cette idée. La candidature commune est l’œuvre conjuguée de Leroy et de Marchais, qui ont su vaincre les réticences des cadres moyens du parti et de la direction.
    « Pourquoi ? Parce qu’ils ont fait le choix de jouer la présence des communistes au gouvernement. Et qu’ils se sont rendu compte que le plus important était de réintégrer le Parti communiste dans la vie nationale. Pour eux, l’idée que huit millions d’électeurs communistes acceptent des ministres communistes au gouvernement a été très importante. »
    Je l’interroge également sur la conférence de presse de Georges Marchais du 15 mai. Est-ce vraiment lui qui en a eu l’idée ? Est-ce vraiment lui qui a tenu à préciser que les communistes ne voulaient pas de postes-clés dans le gouvernement Mitterrand ?
    C’est bien lui, Claude Estier le confirme. Il faisait la liaison avec Marchais. Quelques jours avant le second tour, Marchais lui dit : « J’ai eu une idée. Nous ne pouvons pas dire que les Affaires étrangères, l’Intérieur, nous y renonçons. En revanche, on peut peut-être dire que le Parti communiste revendique les Transports, l’Équipement, le Travail. »
    « Ce n’est pas une mauvaise idée », a dit Mitterrand lorsque Claude Estier lui a rapporté la proposition de Marchais.
    Claude Estier est retourné au PC. Le lendemain, Georges Marchais annonçait sa conférence de presse.
    29 mai
    Xavier Marchetti revient, en réponse à mes questions, sur les rapports Pompidou-Giscard :
    « Longtemps Pompidou a pensé que Giscard manquait d’habileté politique. “Il fera toujours une faute politique, disait-il en 1971. C’est dommage pour un homme qui parle un aussi bon français ! ” Et encore en 1973, avant les législatives : “ Il y a deux races d’Auvergnats, ceux de la montagne et ceux de la plaine. Lui, il est de la plaine. ” Plus tard, les choses se sont arrangées entre eux deux. Notamment quand Pompidou a constaté que, malgré les efforts de tous, Messmer ne décollait pas : “ Marchetti, il ne décolle pas ! ” me disait-il. À aucun moment, je ne peux pourtant dire qu’il ait déclaré : “ Le mieux, c’est Giscard. ” »
    Il me raconte que le seul conflit ouvert dont il se souvienne entre les deux hommes portait sur le régime présidentiel. Giscard avait dit dans une interview qu’il lui était favorable. Georges Pompidou l’a convoqué et lui a tenu ce discours :
    « Le régime présidentiel, qu’est-ce que c’est ? C’est la suppression du droit de dissolution. Pourquoi ça marche dans les pays anglo-saxons ? Parce que les Anglo-Saxons, en cas de crise, ont le réflexe du compromis. En France, nous avons le réflexe de la guerre civile. Ou bien les députés mettent les représentants de l’exécutif à la porte, et c’est la révolution ; ou bien l’exécutif met les députés à la porte, et c’est un coup d’État. »
    Bref, il lui a fait un cours d’Histoire !
    Mais la maladie, même si Pompidou n’en parlait pas, était sans doute présente à son esprit lorsque, rentrant de Reykjavik, il lui a ditle lundi suivant : « Marchetti, je ne suis pas un salaud. Si je devais partir, je le dirais au pays. Pas aux journalistes. »

    Vu longuement, tout de suite après, Couve de Murville.
    Il me parle de la constitution du gouvernement Chirac et de la façon dont l’UDR a pris ça. Chirac a réuni les « barons » gaullistes au ministère de l’Intérieur, place Beauvau, juste avant la réunion de l’UDR, salle Colbert, pour s’assurer qu’il n’y aurait pas de drame avant la réunion des groupes parlementaires de la majorité. Il y avait là Messmer, Chaban, Debré, Sanguinetti, Robert Poujade, Albin Chalandon, Edgar Faure, Alain Peyrefitte, Claude Labbé et, bien sûr, Couve de Murville. Pas Guichard, ou alors Couve l’a oublié.
    Chirac vient tout juste d’être désigné par Giscard d’Estaing comme premier Premier ministre de son septennat. Il s’adresse à eux : « J’ai l’intention de constituer un gouvernement en faisant en sorte que les équilibres entre formations de la majorité soient respectés. Je ne ferai rien de contraire à nos

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