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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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pour tenir le coup. Ce n’est plus, si tant est qu’il l’ait jamais été, le jeune énarque au garde-à-vous, l’exécuteur docile, celui qui disait à qui voulait l’entendre, au début des années 70 : « Moi, au fond, je suis fait pour être un bon fonctionnaire. Mon rêve, ce serait d’être secrétaire général de l’Élysée ! »
    21 juin
    Olivier Guichard me raconte qu’il était le 18 juin au mont Valérien parmi la foule. Giscard passe en revue les ministres, serre des mains autour de lui, ne le salue pas. Il fait dix pas pour remonter dans sa voiture. Puis s’aperçoit qu’il a oublié Guichard. Il revient et dit : « Tiens, je suis content de vous voir là. » Pourquoi ? Mystère.
    La dent dure, Guichard la conserve pour Chirac. Et me livre cette anecdote : désigné comme sous-préfet, Delaballe, directeur général de l’Office national des Eaux et Forêts, est foutu dehors en huit jours par Chirac. Pourquoi ? Parce qu’il aurait refusé à Pierre Juillet, dans sa propriété de la Creuse, de lui vendre quelques arpents de forêt.
    Selon Guichard, sept fonctionnaires des Finances gouvernent la France : Ponia, Chirac, Giscard, Fourcade, Friedmann, Sérisé, Brossolette. Dit comme cela, il y a de quoi s’inquiéter.

    Il me raconte aussi cette anecdote sur de Gaulle, en 1956, ça ne date pas d’hier : de Gaulle et Guichard regardent un film américain, le soir, pendant la traversée sur le bateau qui les conduit vers Djibouti. Le film s’achève, tout le monde se lève, s’ébroue. De Gaulle attend que la plupart des gens aient quitté la salle de projection, puis dit à Guichard : « Et bien, bye-bye, Guichard ! »
    Le 27 juin
    Déjeuner avec Dominique de La Martinière, que Giscard a jeté hier. Ça ne surprend personne lorsqu’on sait que, depuis plus de deux ans, au ministère des Finances, Giscard réclamait à Pompidou son départ, et que Dominique, qui ne sait pas dissimuler ses sentiments, a fait partie du comité de soutien à Jacques Chaban-Delmas. Tout de même, une journaliste de L’Observateur , Irène Allier, a entendu Ponia dire : « Il faut casser les reins à La Martinière ! »
    Bloch-Lainé, d’après lui, ferait partie de la même charrette.

    Même jour, rendez-vous avec Gouyou-Beauchamps à l’Élysée.
    Sa conversation fait suite à celle que j’ai eue avec Chirac, puisqu’il me parle de l’organisation en une structure nouvelle de l’autre partie de la majorité présidentielle : celle des républicains indépendants et des centristes à l’Assemblée nationale. La manœuvre est évidemment confiée à Michel Poniatowski. Giscard a l’air d’y tenir beaucoup.Pourquoi ? « Mon sentiment, me dit-il prudemment, c’est que l’état-major politique de Giscard a la volonté de constituer une structure d’accueil pour les députés UDR qui ne seraient ni purs, ni durs... Des gaullistes pas trop gaullistes ! me précise-t-il.
    « Chirac, continue-t-il, est vis-à-vis de l’UDR dans une figure imposée. Il doit donner des gages à l’UDR, parce qu’il est par fonction condamné à s’entendre avec le mouvement gaulliste. Il n’est donc pas associé à l’opération pilotée par Poniatowski. Mais il doit la comprendre, même si sa manœuvre à lui est différente. »
    Au fond, tout le monde autour de Giscard a l’air de s’orienter, à ce stade, sur : pas de dissolution avant au moins dix-huit mois.
    3 juillet
    Roger Chinaud est dans son bureau comme une araignée potelée et souriante dans sa toile. (« Souriant, pas tant que cela », m’a dit un jour Claude Estier avec lequel j’en parlais : il paraît que, dans la bataille politique, et notamment dans le 18 e  arrondissement de Paris où ils étaient opposés ou ont failli l’être, il ne souriait pas du tout...) Enfin, avec moi, il est le plus affable possible. Pas seulement affable, d’ailleurs : vif, astucieux, connaissant sa carte électorale comme sa poche, et les républicains indépendants comme un dictionnaire.
    « Il faut occuper le terrain le plus large possible, me dit-il. C’est le propre d’un mouvement politique. Notre stratégie est simple : nous sommes le cœur de la majorité présidentielle. »
    Autrement dit, l’UDR est à sa périphérie.
    5 juillet : publication de la loi sur l’abaissement de l’âge de la majorité, donc sur le droit de vote, à 18 ans
    Quel avantage en tire Giscard ? Aucun. Les jeunes ne votent pas, dans

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