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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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empêche de participer aux réunions de cellules.
    Bref, le PC est à un tournant, il éprouve de vraies difficultés, après le scrutin présidentiel, les uns s’impatientant, les autres se démobilisant.
    « Il faut qu’on soit beaucoup plus forts, conclut Paul Laurent, parce que c’est nécessaire pour la victoire des forces démocratiques, et parce que c’est possible. Il faut être plus ambitieux ! »
    C’est ce que redit Vieuguet 30 à la fin de cette rencontre censée préparer le congrès extraordinaire du PC qui va suivre.
    14 juillet
    Françoise Giroud entrera au gouvernement dans les jours qui viennent. Elle a été reçue par Giscard, qui vient de lui en faire la proposition.
    « Figurez-vous, Michèle, que j’ai vu Giscard... »
    Elle me reçoit dans son bureau de L’Express et me dit qu’elle ne s’y attendait pas du tout, surtout après ce qui l’avait opposée à Chirac avant l’été. Je la sens angoissée, parce qu’à la croisée des chemins. Elle doit laisser L’Express , mais, après tout, L’Express avec Philippe Grumbach, pour elle, c’est plutôt le comble de l’horreur : partager toutes les décisions avec quelqu’un qu’elle n’aime pas, mais alors pas du tout, c’est difficile ! La vraie patronne, pour tout le journal, c’est elle. Pour moi, n’en parlons pas : je pense qu’il n’y en aura jamais d’autre. Si elle doit chaque jour composer avec Grumbach, c’est parce que Jean-Jacques Servan-Schreiber ne lui a pas fait suffisamment confiance. Il la croit sans autorité, alors qu’elle a la seule forme d’autorité qui soit : celle du professionnalisme et du talent. Je pense que, pour elle, c’est devenu, à la longue, insupportable.
    Et puis, disons-le, même si elle ne me le dit pas, mais je ne la sens pas fâchée de montrer à Jean-Jacques qu’elle peut être ministre alors qu’il ne l’est plus.
    Ma première question est bien sûr : « Qu’en pense Jean-Jacques ? » Elle me répond que, comme toujours, il a été formidable, pensant davantage à elle qu’à lui. Bref, elle y va.
    30 août
    «   Ce qu’il y a d’inquiétant avec Giscard, me dit Sanguinetti, c’est son côté Félix Faure.
    – Quoi ! fais-je, n’en croyant pas mes oreilles.
    – Oui, son côté sentimental... À force de quitter l’Élysée le soir, il se fera descendre, un de ces matins. Ou bien il mourra à la tâche sur la bête ! »
    On disait beaucoup que Giscard, pendant qu’il était au ministère des Finances, avait une certaine tendance à disparaître en utilisant la porte dérobée de son bureau, mais je pensais que c’était resté une affaire de journalistes, ou plutôt de photographes. Entendre utiliser cet argument par le chef de l’UDR, moins de trois mois après l’élection de Giscard, me coupe le souffle. Il paraît que c’est Pierre Juilletqui, au cours d’une conversation avec Sanguinetti, a parlé du « côté Félix Faure », donc, de Giscard !
    1 er  septembre
    Paul Granet a rendez-vous coup sur coup avec Chirac et Ponia. Il me raconte à cette occasion comment il a signé l’appel des « 43 ». C’est Jacques Toubon, chargé par Chirac de la manœuvre, qui l’a appelé plusieurs fois avant et pendant le fameux week-end au cours duquel Chirac a entraîné les 43 parlementaires. Comme Paul Granet, edgarfauriste, était lui aussi hostile à Chaban, l’affaire s’était conclue assez vite. Sauf qu’il était, pendant le week-end en question, dans le Haut-Var, en compagnie de Paul-Marie de la Gorce, lui-même à Matignon chez Messmer. L’affaire a été chaude entre eux deux, l’un donnant raison à Chirac, l’autre ayant la rigueur de Messmer, c’est-à-dire ne voulant rien faire contre Chaban. Si leur amitié a survécu à cela, c’est qu’elle était solide.
    Ce que dit Jacques Chirac à Paul Granet : « Le vrai problème, c’est la candidature unique de la majorité aux prochaines élections législatives. S’il n’y a pas de candidature unique, l’UDR reviendra à l’Assemblée avec 29 députés (les 29 circonscriptions où Chaban est arrivé avant Giscard à la présidentielle). S’il y a candidature unique, nous avons des chances de revenir à 100. »
    Conséquence : il ne souhaite pas d’ouverture de la majorité vers les socialistes, quels qu’ils soient.
    « Il faut, a encore dit Jacques Chirac, que l’UDR soit un mouvement très simple, sans tendances, sans nuances. Un bloc derrière moi.

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