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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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de l’UDR. Mais il n’y croyait pas lui-même.
    Mireille Darc raconterait dans les milieux du cinéma et de la télé que Giscard a eu avec elle un accident sur les boulevards extérieurs aux alentours de minuit. Il se serait évaporé, la laissant seule, avant que les flics arrivent. Comment le croire ?
    Crise cardiaque de Georges Marchais en sortant de TF1, hier. Pauvre Marchais, contraint d’attaquer ce qu’il avait mis des années, des mois à accepter, à mettre sur pied. Moins stalinien qu’on ne le dit et qu’il en a l’air, démuni face à la contre-attaque de Roland Leroy.
    22 janvier
    Selon Roger Chinaud, que je rencontre aujourd’hui, Jacques Chirac s’est enfoncé dans l’UDR, il est maintenant complètement coincé, pas seulement parce qu’il n’existe qu’en tant que Premier ministre, mais aussi parce que son image publique se confond désormais avec l’UDR, alors que sa chance avait été d’en sortir.
    Cela étant, Poniatowski, de son côté, agit de manière identique : il s’occupe de restructurer les Républicains indépendants. D’Ornano aussi. Jacques Dominati revient comme secrétaire général.
    Roger Chinaud, lui, a loupé son coup : il ne prendra pas la direction des RI, sans doute parce que l’idée de se coltiner à nouveau son baluchon sitôt après la victoire de Giscard l’a ennuyé à périr. Il devient président du groupe parlementaire à l’Assemblée en remplacement de ce falot de Brocard.
    Il me parle de Jean-Jacques Servan-Schreiber : « Personne n’en veut, me dit-il, pas plus Poniatowski que moi. Il n’y a rien à faire, à moins qu’il ne s’amende ( air connu ) et qu’il se taise ! »
    « Il faudrait que nous soyons bien cons, conclut-il, pour laisser l’UDR être le grand vainqueur de l’élection présidentielle. »
    Françoise Giroud, à qui je rapporte cette conversation, n’est pas du tout du même avis : « Il est complètement fou, ce Roger Chinaud ! me dit-elle. Maintenant, les Républicains indépendants n’occupent plus que la place de la droite. Ils sont confondus avec la droite de la majorité : c’est une gaffe politique formidable. »
    Je n’en reviens pas de voir à quel point, en quelques mois, l’atmosphère politique de la majorité s’est dégradée : bagarre entre UDR et RI, donc entre Chirac et Ponia ; refus, voilé mais évident, d’intégrer le Parti radical, qui a une légère coloration de gauche et qui se veut en tout cas, avec J-J S-S, réformateur ; image de Giscard altérée.
    Serge Maffert me parle de Jacques Chirac : « Ce qui m’étonne le plus chez lui : l’impression qu’il donne de ne jamais préparer ses coups, de foncer dans le brouillard, alors qu’au contraire tout ce qu’il fait est préparé depuis longtemps. »
    Exemple : la prise du secrétariat général de l’UDR ; le premier dîner avec Olivier Guichard, où il a voulu l’amadouer en lui proposant le poste de ministre des Affaires étrangères, remonte en novembre. Guichard a refusé.
    22 janvier (suite)
    J’accompagne Mitterrand à Nevers pour la séance du conseil général de la Nièvre. Je n’ai jamais vu fonctionner un conseil général : c’est une occasion, d’autant plus que, présidé par lui, cela devient une affaire nationale.
    Je suis en séance. Mitterrand préside. Brutalement, les communistes du conseil 1 (ils sont quatre) ont décidé de voter contre le budget. Leur argument : dans l’Allier, les socialistes et les communistes ont voté contre.
    « Eh parbleu ! leur répond Mitterrand. Ils sont ensemble dans la minorité. Tout le problème est que, précisément, nous, nous sommes majoritaires au conseil général, et par conséquent responsables – à l’exception des conditions de fixation des budgets locaux, communaux, qui dépendent du gouvernement – de la gestion du département. »
    Inutile de dire que les communistes font semblant de ne pas comprendre la différence entre majorité et opposition.
    Déjeuner à l’hôtel Saint-Louis : c’est la première fois que je vois Mitterrand préparer un coup politique local avec les siens. Ils sont seize – seize socialistes. Des anciens, qui ont été anticommunistes, et des nouveaux, jalousés par les autres : le frère d’André Harris 2 , deux médecins, un vétérinaire, une femme, la veuve d’un ami politique local de Mitterrand, Saury. Mitterrand apporte exactement le même soin à l’opération prévue qu’il en apporte

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