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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Christiane Collange au micro d’Europe 1 pour une émission de début d’après-midi qui s’appelle « Oui ou non ». Évidemment, je choisis ce thème : êtes-vous pour ou contre l’initiative du présidentde la République ? Le standard se bloque presque immédiatement, une moitié des Français, ou plutôt des Françaises à l’écoute, trouvant l’initiative formidable, l’autre moitié ironisant sur ces aristos qui vont à la rencontre du peuple. Le lendemain, les coups de téléphone affluent à l’Élysée, émanant de gens qui invitent le président à venir déjeuner chez eux.
    J’entends encore Guichard me dire que Giscard ne sera pas en peine de trouver des gadgets ! Après le petit déjeuner avec les éboueurs et le salut aux prisonniers, la visite de l’hospice. Pourtant je ne fais pas partie de ceux qui, en l’occurrence, le critiquent ou rigolent. Après tout, si c’est son style, c’est lui que ça regarde ; je ne pense pas que la fonction présidentielle en souffre particulièrement. Son problème va être plutôt de résister à toutes les invitations sans mécontenter personne.
    « Giscard n’a aucun sens de la hiérarchie des urgences, me dit Jean-Jacques que je rencontre le soir même. Pendant que nous parlions des Antilles, l’autre jour, il m’arrête au milieu d’une phrase et me pose une question : “Pourriez-vous me prêter Charlon ?” (Il s’agit du photographe de L’Express. )
    « Moi, dit Jean-Jacques, je ne connaissais même pas son nom ! Je lui dis : “Charlon, qui ça, Charlon ? Oui, bien sûr, je vous le prête !” Le plus important pour Giscard, c’est d’avoir un photographe qui prenne de bonnes photos ! »
    J’interroge Gouyou-Beauchamps sur le Conseil du 2 janvier, auquel Giscard veut donner une dimension exceptionnelle. Je crois savoir qu’il veut fixer leur programme aux ministres et qu’il les appelle à lui faire des propositions. C’est ce que j’ai compris de ma conversation avec Paul Granet : ainsi Simone Veil et Michel Durafour plancheront-ils sur la famille, Ponia sur les régions, Michel Guy sur le patrimoine.
    La méthode de Giscard, me précise Gouyou-Beauchamps, consiste à obliger les ministres à s’engager à l’avance, à fixer leurs objectifs, à – selon son expression – « créer des défis », bref, à « susciter des conditions telles que de vrais débats puissent avoir lieu dans l’opinion publique ».
    Il parle aussi du retour à la proportionnelle dans les grandes villes, pour les municipales, que Giscard considère comme une ouverture en direction des socialistes et que les adversaires de l’ouverture considèrent comme « un cadeau royal à Mitterrand ».
    « Certes, cela libère les socialistes d’un problème difficile, tempère Gouyou-Beauchamps, mais personne ne connaît les conséquences électorales, sur le plan municipal, d’une réforme de la loi. »
    Françoise Giroud confirme cette volonté de Giscard de tracer des « perspectives d’avenir » :
    « On a beaucoup critiqué le mot de “changement” que j’ai employé, a dit Giscard au dernier Conseil des ministres, mais je continuerai. La décrispation de la société française passe par la méthode de travail que nous adoptons. »
    À l’occasion de ses vœux, le 31 décembre au soir, Giscard a redit sa volonté de faire « ce qui est le plus important au monde : transformer la société française ».
    10 janvier
    Déjeuner avec Georges Broussine. Voici ce qu’il me raconte sur l’UDR, à laquelle il appartient (il est l’éditorialiste du journal La Nation ) :
    Roger Frey et Marie-France Garaud avaient déjeuné ensemble dans les jours précédant le « coup » de Chirac, son accession au secrétariat général de l’UDR. Le rapprochement entre les deux avait été organisé par Georges Albertini. Roger Frey s’est montré ce jour-là très conciliant à l’égard de Chirac. Il était même d’accord pour qu’Olivier Guichard fasse sa rentrée comme ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Chirac en remplacement de Jean Sauvagnargues, qui, apparemment, ne va pas bien du tout : il a une fâcheuse tendance à tourner de l’œil à la tribune. Mais Guichard est resté réticent. D’abord, il ne pense pas que Giscard le veuille vraiment, donc il craint que ce conciliabule ne débouche sur rien de précis. C’est Frey, apparemment, qui a suggéré que Chirac prenne en mains la conduite

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