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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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cartes.
    « Je ne peux pas me permettre d’alliance à droite. Je ne le peux pas et ne le veux pas. C’est à ce prix que l’unité de mon parti sera conservée. Sinon, il volerait en éclats. Et, en même temps, je ne peux pas, sur ma gauche, entrer dans la polémique avec le Parti communiste, même s’il pousse très loin ses attaques. Alors, c’est vrai, ma voie est étroite. »
    Je lui demande quels courants se partagent le PS à ce sujet, si ces courants sont importants ?
    « 75 % du parti sont autour de moi sans problème. Le reste ? Il y a le Ceres qui se frappe la poitrine, pour ne pas dire qu’il se prosterne devant les communistes, et les jeunes qui, au contraire, lui rentreraient dedans volontiers. Ce sont deux courants marginaux. »
    Sur la crise cardiaque de Georges Marchais et ce qui se passera au PC, il ne pense pas que Roland Leroy puisse devenir secrétaire général, car il le trouve trop fragile. Paul Laurent, peut-être ? Ce n’est pas mon avis, mais Mitterrand a l’air d’y croire.
    Nous revenons sur les attaques du PC visant les socialistes. Au fond, il ne trouve pas que la polémique ait été ni qu’elle soit si vive que cela :
    « Je pensais que les choses iraient plus vite. En réalité, ils en ont mis, du temps, avant de m’attaquer personnellement ! Et sur quoi ? Ils disent que je “couvre” les uns ou les autres. Ce n’est pas une attaque insupportable. »
    Sur Jacques Chirac, il parle comme un « pro » parle d’un autre « pro » plus jeune, avec un mélange d’admiration et d’appréciation froide de ses performances politiques : « Ah ça ! Il ne les a pas laissés souffler ! Il a un coffre, une santé ! »
    Sur ses rivaux ou concurrents au sein du Parti socialiste : « C’est vrai, convient-il au moment où nous parlons de Pierre Mauroy, après les élections présidentielles, beaucoup ont dû penser que je prendrais du champ. Alors ils ont eu peur du vide et ils ont trop parlé. Mais cela n’est pas bien grave. »
    Conclusion générale : « De toute façon, il n’y a pas d’élection avant au moins deux ans. Donc, la polémique avec le PC ne s’arrêtera pas jusque-là. Je ne bougerai pas d’un pouce. »
    Une fois de plus, cette impression qu’il a du temps, un temps fou devant lui, qu’il est éternel, lui et son parti...
    23 janvier
    Vu Claude Estier dans la perspective de la préparation du congrès socialiste qui doit avoir lieu du 31 janvier au 2 février.
    Le Ceres leur pose vraiment un problème : Estier juge que les amis de Chevènement font flèche de tout bois, qu’ils mettent en cause directement Mitterrand : « C’est un handicap pour nous que de les avoir dans les instances de direction. » Quant à Rocard, Poperen, le PSU, Mauroy, Claude Estier ne les trouve pas dangereux, parce que trop disparates.
    Il met l’accent – je trouve cela curieux – sur la formation des cadres socialistes. Il me dit que les nouveaux adhérents sont nombreux, un tiers environ, qu’ils ont adhéré dans l’euphorie de 73-74, qu’ils ne savent pas résister aux communistes, lesquels exploitent leur fragilité. « C’est pour cela, me dit-il, que le mouvement de Jean-Pierre Chevènement cause un grand trouble dans nos rangs. » De là à faire une école des cadres, comme au PC, je trouve qu’il va un peu loin.
    Cela fait écho à ce que me disait Mitterrand hier ou avant-hier : qu’il fallait un « manager » pour changer le parti, en faire une formation plus moderne, peut-être débarrassée des anciens de la SFIO. « En fait, confirme Estier, il y a autour de nous les vieux crabes qui triomphent : “On vous l’avait bien dit, qu’il était impossible de s’allier avec les communistes !”, et puis les jeunes du Ceres qui pensent que,dans la vie quotidienne, les communistes n’ont pas tort dans leurs revendications permanentes. »
    Bref, Mitterrand veut faire un parti de gouvernement, les autres n’en veulent pas et préfèrent rester toute leur vie, s’il le faut, dans l’opposition : le clivage entre les mitterrandistes et les autres est là, pas ailleurs.
    24 janvier
    Dans la série « Chez qui vas-tu dîner ce soir ? », les Giscard ont encore frappé. Ils sont allés hier se mettre à table chez la famille Cuchiarni, dont le chef est l’encadreur du chef de l’État. M me  Cuchiarni a longuement raconté la panique qui a été la sienne lorsqu’elle a su que le président de la

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