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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Pourquoi la teneur de cette entrevue était-elle restée jusque-là secrète ? « Parce que, répond Giscard, personne ne la lui avait demandé ! Moi, je l’ai fait, je l’aurai donc, mais je ne vous la donnerai pas ! »
    Pour le reste, déjeuner sans grande importance politique, mais agréable.
    22 mai
    Vu Jacques Dominati avec Guy Claisse et Christian Fauvet. Quelques idées surnagent dans le torrent dont il nous abreuve. Giscard l’a chargé de transformer le petit mouvement des Républicains indépendants en véritable parti politique, avec adhérents en cartesau lieu des vieux birbes datant des Indépendants et paysans de la IV e  République.
    Si Ponia a hésité sur la création du parti, c’est qu’il avait comme perspective première de créer une confédération des centres, avec une gauche giscardienne regroupée autour des radicaux. C’était compter sans J-J S-S ! Celui-ci n’a pas voulu d’un regroupement sans lui. Ponia a compris que l’opération du centre était pour le moment impossible : il s’est donc reconverti à la création d’un parti giscardien.
    À ses yeux, Giscard est là pour six ans encore et même pour treize. Il nous raconte que, devant le « groupe des 7 » (dont Jean-Pierre Soisson, Roger Chinaud, Michel d’Ornano, Michel Poniatowski et Jacques Dominati), Giscard a interrogé chacun sur son avenir. Tous ont répondu. Après que tout le monde a eu parlé, Giscard est intervenu à son tour : « Ne parlons pas de notre avenir, a-t-il dit, je ne puis pas en avoir. » Dominati en a conclu que le seul avenir qu’il pourrait avoir est de se représenter.
    Et si on parlait de l’avenir politique, c’est-à-dire des futures législatives ? L’objectif de la « bande des 7 » est de ramener les députés de la majorité à un groupe de trois fois cent députés : « Il y aura, nous dit Dominati, de 80 à 100 UDR. » Nous nous étonnons. Ce n’est pas du tout ce que dit Chirac. « Chirac n’est pas un homme sérieux, réplique Dominati. Ce qu’il dit est sans importance ; le moment venu, il fera ce qu’on lui dit de faire. S’il ne le fait pas, son avenir est bouché. Et je doute qu’il le bouche volontairement ! »
    J’insiste : il pourrait très bien vouloir résister, à moins qu’il n’ait des assurances très précises de Valéry Giscard d’Estaing. Dominati sourit, pas inquiet pour deux sous : « Croyez ce que vous voulez, me dit-il ; je vous dis que nous n’aurons pas d’ennuis avec Chirac ! »
    Anecdote sur le déjeuner d’hier à l’Élysée. Sur toutes les tables étaient posés par dizaines des petits cendriers en verre. Beaucoup d’entre nous les ont pris et rapportés chez eux en considérant que ce serait un souvenir d’un déjeuner unique. Dois-je dire que j’ai fait de même ?
    En tout cas, Xavier Gouyou-Beauchamps a passé sa journée à téléphoner aux journalistes présents pour qu’ils les renvoient immédiatement à l’Élysée ! Il paraît que le président a été très choqué, qu’il nous a tous pris pour des voyous.
    Pas brillant, je l’avoue, mais les souvenirs ne font de mal à personne. Enfin, j’ai été sévèrement rappelée à l’ordre...
    28 mai
    La polémique entre socialistes et communistes, me dit Claude Estier, semble s’être arrêtée. Quelques-uns des dirigeants communistes qui n’adressaient plus la parole aux socialistes leur parlent à nouveau. Ainsi de Roland Leroy, qui a beaucoup parlé à Claude à Moscou, où ils étaient ensemble il y a une quinzaine de jours.
    Mais il semble que Georges Marchais soit aujourd’hui très contesté. Un exemple : François Mitterrand ayant annoncé son intention d’aller au Havre soutenir le candidat socialiste aux législatives partielles, le 5 juin, Marchais a fait savoir qu’il s’y rendrait le même jour. « Aucune importance, a confié Leroy à Estier, Georges n’ira pas au Havre. Le Havre, c’est mon secteur, c’est moi qui m’en occupe, et je choisirai un autre jour pour lui : tu peux rassurer Mitterrand. »
    Autre signe de la désinvolture avec laquelle Leroy traite Marchais : en Russie, il a raconté à Claude qu’à l’occasion du dernier passage de Marchais à Europe 1, où Marchais a déclaré qu’il « se foutait de Brejnev », il avait, lui, Leroy, enlevé le « Je me fous de Brejnev » du compte rendu rédigé par L’Huma  : « Je lui ai dit : “Georges, cette phrase, je la coupe ; vraiment, je

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