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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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staff ; le mardi après-midi, fixation de l’ordre du jour du Conseil des ministres du lendemain avec Claude Pierre-Brossolette et Marceau Long, secrétaire général du gouvernement ; deux ou trois conseils interministériels par semaine. Ajoutons qu’il voit Chirac le lundi, Ponia le mardi, Fourcade le mercredi, Sauvagnargues le vendredi.
    C’est au téléphone qu’il joint régulièrement et directement les ministres : il dispose pour cela, outre d’un appareil relié au standard de l’Élysée, et de l’interministériel, de plusieurs lignes directes : on a dû refaire récemment l’installation téléphonique de l’Élysée, celle qui datait de Pompidou s’étant révélée insuffisante.
    Paul-Marie de la Gorce me donne un autre son de cloche. Il me décrit un Giscard beaucoup moins respectueux des autres que Gouyou-Beauchamps ne me l’a présenté. Il me cite un exemple de la façon qu’a Giscard de s’adresser, parfois sans ménagement, à ses ministres. En conseil interministériel, l’autre jour, René Haby présente sa réforme de l’Éducation nationale. Il fait un exposé de vingt à vingt-cinq minutes. Giscard l’interrompt : « Dites-moi, vous n’avez pas répondu à la question essentielle : quelle est la finalité de l’éducation ? »
    Haby répond comme il le peut : « Euh... l’épanouissement de l’individu. »
    Giscard : « Eh bien, je vais vous le dire : la finalité de l’éducation, c’est la connaissance ! »
    Même chose dans ses relations avec les Français : « C’est le gauchisme du prince, du “gauchisme octroyé” ! Son côté despote éclairé : je vais dîner chez les Français, je supprime la fête de la Victoire, l’habit dans les réceptions à l’Élysée, je change l’ordonnancement du 14-Juillet, j’abandonne un beau matin le camp du Larzac... »
    14 mai
    Déjeuner chez Chirac à Matignon. La salle à manger de l’hôtel Matignon n’a pas changé. Il y a encore, accroché au mur, sur la droite, le fameux tableau des oiseaux que j’avais remarqué du temps de Chaban et qui a été apporté là par Georges Pompidou, ce qui explique queChirac l’ait gardé. Dans le salon où il nous reçoit, une photo de Pompidou nous accueille, un Pompidou au visage inquiet et tendu, ainsi qu’une photo du général de Gaulle, en Irlande, je crois.
    Chirac nous parle de sa passion pour la Chine. Et pour les dirigeants chinois : il trouve Deng Xiaoping très « marrant » – c’est l’adjectif qu’il emploie –, très intelligent. Hier, au dîner à l’Élysée, il était placé face à Giscard et à Deng. À un moment du dîner, il entend quelques bribes de conversation entre les deux hommes
    « Que pensez-vous que devienne le monde occidental ? demande Giscard. Y aura-t-il une révolution ? »
    Le visage de Deng reflète la plus intense des stupeurs.
    « Bien sûr que oui, répond-il. Avant dix ans ! Tous les peuples d’Europe feront leur révolution ! »
    Tête de Giscard qui ne dit plus un mot pendant quelques minutes.

    Sur quelques points précis voici ce que Chirac nous dit :
    • Il est furieux contre Françoise Giroud, qui n’a pas respecté la solidarité ministérielle en attaquant publiquement Jean Lecanuet sur l’histoire du service maternel (qu’elle condamne parce que c’est une incitation à l’arrêt du travail des femmes) ;
    • Il trouve Jean-Jacques Servan-Schreiber « bien sous tous rapports », mais il est clair : J-J S-S n’aura pas Le Figaro qu’il est en train d’essayer d’acheter. Autrement dit, le Premier ministre s’y opposera. Et l’on sait que le président, qui ferait tout pour créer un concurrent sérieux au Monde, qu’il déteste, privilégie plutôt Robert Hersant.
    • « Je n’ai aucune divergence avec Poniatowski, dit-il candidement. Je ne le juge pas sur ce qu’il dit, je le juge sur ce qu’il fait. Or, que fait-il ? Il n’a pas brisé l’UDR, comme il l’avait dit avant l’élection ; il n’a pas lâché contre moi la Fédération des centres ; il ne m’a gêné en aucune manière : nous avons la même conception de l’organisation de la majorité. » Il insiste, quitte à en faire un peu trop : « En plus, Ponia, lui, quand il fait une interview, il me la soumet avant ! »
    • Sur Sauvagnargues, il prend le contre-pied de la presse : « C’est un très bon ministre. Le président a tenu à le dire dans le communiqué du Conseil des

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