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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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ministres d’aujourd’hui. Il est ministre pour longtemps, et le restera. » Selon lui, c’est Pierre-Brossolette qui anime la campagne contre Sauvagnargues. Et celui-là, il semble ne pas le porter dans son cœur : « Ceux qui croient refléter les idées du président de la République sont dans une large mesure toujours démentis par lui », tranche-t-il.
    • Sur l’emploi : « Les mesures conjoncturelles sur l’emploi produiront leurs effets tout de suite. Sur les petites et moyennes entreprises, en revanche, la relance se fera sentir en décembre prochain, pas avant. Le chômage augmentera encore dans les mois qui viennent. C’est préoccupant mais pas dramatique : un million, un million deux, les chiffres en ce domaine n’ont de toute façon qu’une portée symbolique ! » Il prépare néanmoins une remodulation des indemnités pour les chômeurs à temps partiel.
    Enfin il nous parle de son rôle de Premier ministre par rapport à celui du président de la République : « Il n’y a plus de domaine réservé, plaide-t-il. Avant, traditionnellement, le général de Gaulle ne s’occupait pas de l’économie, Pompidou un peu, Giscard beaucoup. Avant, le Premier ministre ne s’occupait jamais de politique étrangère : aujourd’hui, j’ai quatre conseillers à Matignon qui sont sur les genoux ! Le président s’en occupe, certes, mais moi aussi. En règle générale, je dirai que le domaine réservé a disparu et que la spécialisation des tâches a disparu aussi. »
    Puisqu’on en est à l’économie, il évoque Jean-Pierre Fourcade avec désinvolture. Non, Fourcade ne lui a pas montré l’interview qu’il a donnée à il ne sait quel journal (c’était Le Figaro ), non, l’interview ne lui a pas été soumise avant publication (Fourcade y disait : « J’ai une plus grande expérience de la gestion que Jacques Chirac ; il n’a jamais dirigé personnellement une entreprise ou une administration »), non, il ne sait pas si Ponia l’a relue, en tout cas il a très mal réagi à sa lecture. « De toute façon, Giscard en a dit tellement de mal ! »
    Il ne nous le dit pas, mais nous savons que Chirac est à fond contre Fourcade, il veut une relance plus franche. S’il exerçait une influence réelle sur Jean-Pierre Fourcade, il parviendrait à lui imposer ses vues ; mais, en réalité, Fourcade n’obéit qu’à Giscard, et Chirac le sait. De tout cela, il dit que ce sont des supputations de journalistes...
    Sur Nice, enfin, où doit se tenir le prochain congrès de l’UDR, il assure que tout sera fait à l’économie. Le congrès accueillera 4 000 membres et non pas 10 000. Il durera deux jours au lieu de trois.
    Je lui demande si cela suffira. « Largement ! me répond-il. J’aurai tout le temps de dire ce qu’est pour moi une société libérale avancée . »
    C’est la seule allusion à sa rivalité réelle, même s’il ne la dit pas encore, avec Giscard : il a choisi comme thème essentiel du congrès la « société libérale avancée » de Giscard !
    15 mai
    Le déjeuner d’avant-hier chez Chirac a été précédé d’un petit déjeuner avec René Tomasini. Lorsque je lui ai dit : « Alors, l’UDR est derrière le président ? », il m’a répondu : « L’UDR est derrière Jacques Chirac qui est derrière le président : nuance ! »
    21 mai
    Fait sans précédent dans les annales de l’Élysée et dans celles de la vie politique française : 241 journalistes étaient invités à déjeuner aujourd’hui par le président à l’occasion du premier anniversaire de son élection. Vingt-deux tables ont été dressées dans la salle des fêtes : lustres de cristal, tapisseries des Gobelins, colonnes, pilastres, plafond surchargé de dorures, tentures de damas rouge. Soixante maîtres d’hôtel ont servi le repas dans un service de Sèvres, dit « service des oiseaux ». Le menu : saumon d’Écosse et poularde sautée à l’indienne, arrosés de tokay d’Alsace 1967 et de Château-Poujaux 1970.
     À la table du chef de l’État, encore bronzé par le soleil marocain, Claude Imbert, rédacteur en chef du Point , et Roland Faure, de L’Aurore . Giscard leur parle violoncelle, dont il a appris à jouer dans son enfance. Reparle de la conversation avec Deng Xiaoping que Chirac nous avait déjà racontée. Dit qu’il a demandé à Massu le compte rendu de sa fameuse rencontre avec le général de Gaulle à Baden-Baden en 1968.

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