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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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l’UDR.
    14-15 juin
    Congrès UDR à Nice. C’est Michel Debré qui parle le dimanche matin. Pas une fois il ne cite Giscard dans son discours. Seul Albin Chalandon, hier, a fait mention plusieurs fois de l’action du président de la République. On me dit d’ailleurs que la consigne avait été passée de ne parler que du « président de la République », et pas de Giscard d’Estaing !
    Dans l’enceinte des assises, pas une photo de Giscard. En revanche, des photos de Pompidou et de De Gaulle. À côté, dans les stands, partout des photos de Jacques Chirac.
    Celui-ci parle à 15 h 30. Il parle pendant une heure, a grand soin d’enlever du discours qui a été préparé et remis à la presse le passage sur le président de la République et l’Europe, à la page 5. Pas question d’évoquer des sujets qui fâchent. Il préfère évoquer le « droit au travail pour tous ». Une expression-clef dans son discours : le « nouvel humanisme », défini par l’égalité des chances et la participation. C’estce dont il m’avait parlé : sa définition à lui en contrepoint de la « société libérale avancée » de Giscard.
    À la fin de son discours, très applaudi, il reprend la parole et annonce, à la stupeur générale, sa démission du secrétariat général de l’UDR :
    « Je vous l’ai dit tout à l’heure : les voies du gaullisme ne sont pas celles de la facilité. Nous n’avons pas la possibilité de nous tromper si nous voulons assumer la responsabilité historique qui est la nôtre : transmettre le flambeau du gaullisme. Depuis le 14 décembre, j’ai l’honneur d’être votre secrétaire général. J’ai estimé alors qu’il était de mon devoir d’assumer cette tâche parce que la division vous menaçait. Votre rassemblement aujourd’hui montre que le péril est écarté. Que nous sommes à nouveau unis et forts. Maintenant que le danger est conjuré, je vais remettre mon mandat aux représentants de l’immense armée. Ma tâche est terminée. Il est mieux pour vous que je quitte ma mission. »
    La salle commence par être totalement sonnée, quelques-uns sifflent même. Mais, bientôt, quelques applaudissements se font entendre. « Les militants sont des cocus », me dit l’un d’eux au moment où je sors de la salle du congrès.
    16 juin
    Parce qu’il voit Chirac avec les yeux de Chimène, Jacques Toubon plaide qu’ainsi débarrassé du secrétariat général il sera plus libre de ses mouvements. Il doit devenir le chef de la majorité. Il faut donc aller vers une structure nouvelle de la majorité, que Giscard demande et que Ponia ne pourra pas ne pas accepter.
    « Chirac, me dit-il, avait préparé son topo de démission, mais il n’était pas sûr du moment où il le dirait. Mais, samedi, ça s’est bien passé, il en a profité pour placer son topo à la fin de son discours de dimanche. »
    « C’était pas de la tarte ! » aurait-il dit à Toubon dans la soirée.
    Tout cela tendrait à prouver que, si les rapports entre Chirac et Giscard ont paru à un moment donné plus que tendus, ils sont aujourd’hui à nouveau bons. Je ne peux pas croire que Chirac ait abandonné le secrétariat général de l’UDR sans avoir obtenu de Giscard la confirmation qu’il serait le chef de la majorité. Ou alors il est naïf. Ce qui m’étonnerait.
    Cela étant, depuis bientôt un an, je n’ai jamais entendu, de la part de Chirac, le moindre propos dubitatif, encore moins désagréable à l’égard du président. Je ne sais pas si Pierre Juillet et Marie-France Garaud en pensent du mal, mais ils ne le disent pas. Pas plus que Jacques Friedmann, pourtant l’ami le plus proche de Chirac, qui reste muet sur la question. Je me demande d’ailleurs si ce n’est pas plus par lâcheté que par conviction.
    En revanche, tous les amis de Giscard – Ponia, Chinaud, Mousset, et même dernièrement Fourcade – n’ont cessé de le critiquer, parfois durement. J’ai même eu l’impression depuis le début de l’année qu’ils le faisaient volontairement avec moi, qu’ils savent en « speaking terms » avec Chirac. Je crains, j’ai craint à plusieurs reprises d’être manipulée, justement, et je n’ai donc pas joué au jeu de dire à l’un ce que les autres m’avaient dit de lui. Enfin, je l’ai écrit dans mes articles, mais pas répété directement aux intéressés.
    18 juin
    Déjeuné avec Chaban-Delmas. Sa position sur l’UDR

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