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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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l’entreprise, parce que je pense qu’il n’est pas question de remettre en cause l’autorité du chef d’entreprise. Pour le reste, je pense qu’une grande réforme ne peut pas s’appliquer vite, car elle ne peut s’appliquer que s’il y a consensus. Or, le consensus ne se déclare pas au Journal officiel . »
    5 avril
    Chirac a dit aux réformateurs – c’est Éric Hintermann qui me le rapporte – que le rôle de coordinateur de la majorité impliquait qu’il sorte de l’UDR, qu’il ne parle pas en son nom. Il soutiendra donc le groupe réformateur dans toutes ses initiatives, et sera avec eux lorsque les réformateurs affirmeront leur personnalité. Il leur a assuré qu’il était partisan des réformes (plus-values, entreprises), ainsi que des mesures sur la famille.
    Je n’en tire pas un mot supplémentaire.
    Je ne trouve pas ces propos, ni ceux qu’on me rapporte de Chirac, ni ceux d’Hintermann, particulièrement chaleureux.

    Paul Granet est perplexe sur Giscard d’Estaing. Et sur le gouvernement en général, qu’il trouve mal conduit, pas dirigé. L’autre jour, dans l’avion qui les conduisait à Saint-Jean-de-Luz, il a dit à Chirac : « Mon ministre de tutelle est un con !
    – Ça, c’est vrai, c’est pas un chopin, a répondu Chirac. Mais ça n’a aucune importance, ne m’emmerde pas avec ça ! »
    Il me raconte également que, dans l’avion, Chirac s’est plaint explicitement de la « nocivité électorale » de Françoise Giroud. Le seul pan de notre civilisation qui reste à peu près debout, lui aurait-il dit, c’est la famille. Et elle s’acharne à le démolir. « Non, ce qu’il faudrait, aurait-il dit, c’est un secrétariat d’État à la Famille, et pas à la Condition féminine. »
    Anecdote racontée par Mitterrand : Georges Marchais, dit-il, n’a pas le sens de l’humour. La première fois qu’il s’est rendu au siège du Parti communiste, place Kossuth, Marchais est venu le chercher au rez-de-chaussée. Il le pilote de couloir en ascenseur, de bureaux en escaliers, jusqu’à la salle de réunion. Mitterrand, au bout du trajet, lui demande : « Vous croyez que j’en sortirai ? »
    Georges Marchais n’a pas apprécié.
    6 avril
    Conférence de presse de François Mitterrand. Une conférence pour pas grand-chose, si ce n’est pour dénoncer la dyarchie du pouvoir entre Chirac et Giscard :
    « Le président de la République étant minoritaire dans sa propre majorité, dit-il avec un bonheur évident dont il se délecte lui-même, il doit tenir compte de la volonté du Premier ministre, qui est le chef du parti majoritaire, en l’occurrence l’UDR. C’est un nouveau type de système politique dans le cadre de la V e République, qui n’en est plus à son acte de naissance ni à son acte de baptême. Je suppose que le président de la République doit se poser la question. Pour ma part, je ne crois pas que les Français l’aient élu pour assister deux ans plus tard à la reconstitution de l’État-UDR. Je crois que le chef de l’État en est le premier surpris. »
    Il touche juste : il est vrai que, comme je l’ai vu à Nice, c’est unedes réflexions (moroses) que se font en ce moment les cadres et les parlementaires républicains indépendants.
    La politique est une drôle de chose. J’essaie de me demander pourquoi, d’un coup, au bout de plusieurs mois, Giscard s’est dévalué. Après tout, quelles erreurs monstrueuses a-t-il commises ? La suppression du 8-Mai, La Marseillaise à un autre rythme, tout cela n’est pas capital, et pourtant cela débouche sur un échec aux cantonales.
    Pas d’autorité, disent les gens. Mais c’est quoi, l’autorité ? Celle de Chirac ? Mais est-ce cela que la France veut ? Comment reprocher à la fois à un chef de l’État de manquer d’autorité et d’être à la pointe du combat politique ? D’être au front, en première ligne, et d’être inexistant ?
    Pourtant, au moment où j’écris ces lignes, je comprends ce qu’on reproche à Giscard : de ne pas avoir été à l’essentiel. De s’occuper de l’accessoire et pas du principal. À moins, comme le confie volontiers Françoise Giroud, que l’élection de Giscard n’ait été qu’une parenthèse dans la longue série des élections qui amèneront la gauche au pouvoir.
    Pourquoi l’opinion publique se cristallise-t-elle à un moment donné pour ou contre un homme politique ? Pourquoi les gadgets

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