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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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le Ceres ; et, sur sa droite, par des tas de jeunes opportunistes qui arrivent de je ne sais où et qui ne sont pas véritablement socialistes. D’où la nécessité, aux yeux de Mitterrand et de Mauroy, de tenir la barre, et de la tenir solidement !
    10 mai
    Cette réforme fiscale sur les plus-values, capitale pour les giscardiens et pour Giscard, Chirac manifestement n’en est pas enchanté. Il dit à Christian Fauvet, qui l’accompagne à Brive ce dernier week-end : « Elle est ridicule, cette loi. Il fallait se contenter d’ajouter un paragraphe à la loi de finances rectificative, et s’en tenir là ! »
    Ce qui prouve qu’il ne comprend pas ou fait mine de ne pas comprendre la démarche de Giscard, qui veut justement, comme me l’a dit Gouyou-Beauchamps, « débusquer le lobby conservateur ».
    Françoise Giroud passe au journal en coup de vent. Elle dit à ceux qu’elle rencontre et qui lui font fête : « C’est inouï, ce gouvernement ! Même une teinturerie ne marcherait pas dans ces conditions, avec un directeur et un sous-directeur aussi opposés. »
    14 mai
    Conversation avec Edgar Faure. Il continue à penser que Giscard dirige mal la France. Qu’il ne faut pas si fort crier à la réforme pour présenter des projets de loi mal construits, mal ficelés. Mieux vaudrait moins parler et dire : moi, Giscard, voilà ce que je veux pour la France.
    Il me démolit la loi sur la taxation des plus-values en une phrase : « C’est une loi contre les profits honnêtes, licites et modérés ! »
    15-16 mai
    Congrès du Parti socialiste à Dijon. Le thème est le même que celui du séminaire des dirigeants, la semaine dernière : le problème du pouvoir est à l’ordre du jour. « Les socialistes doivent donc à la fois – c’est Mauroy qui résume les choses d’entrée de jeu, le samedi matin – agir comme un parti d’opposition, et comme un parti appelé à détenir bientôt les responsabilités gouvernementales. »
    Pour le reste, il signale que, avec 149 000 militants au 17 avril 1976, le PS se porte bien.
    Mais ce sont les interventions que j’attends avec impatience pour juger de « l’homogénéisation » du PS que Mauroy appelle de ses vœux.
    Pierre Guidoni est le premier à intervenir au nom du Ceres. Il est plus modéré que je ne le pensais.
    Georges Sarre, après lui, évoque la bataille des municipales, toujours dans un souci d’unité.
    Suit, dimanche matin, une série d’orateurs dont je persiste à me demander pourquoi ils parlent : personne ne les écoute, tout le monde – presse et congressistes – attend Mitterrand, qui, comme d’habitude, doit parler vers midi.
    Jean-Pierre Chevènement monte à la tribune. Lui au moins est attendu, parce que tout le monde se souvient de l’avoinée prise par le Ceres au dernier congrès, et qu’on se demande s’il confirmera les propos unitaires de ses camarades du Ceres. Il me semble, à quelque phrase, qu’il est relativement d’accord pour se faire « homogénéiser » : « Nous sentons, dit-il, que le parti doit se redéfinir par rapport aux tâches immenses qui l’attendent. Nous devons unir et rassembler pour vaincre. »
    Le Ceres est donc d’accord pour mettre une sourdine et pour réintégrer le courant majoritaire du Parti socialiste, mais est-ce que celui-ci est d’accord pour l’y laisser revenir ?
    Pendant que Chevènement parle, avec quelques bonnes formules sur Giscard et le giscardisme, je rédige mes notes sur la conversation que j’ai eue vendredi avec Pierre Mauroy en arrivant à Dijon. Il est très confiant pour les municipales : pour lui – il pense pouvoir gagnersans difficulté à Lille –, mais aussi pour le Parti socialiste. En revanche, il est moins assuré de gagner, dans deux ans, les législatives. Il redoute la peur, chez les électeurs, d’une crise institutionnelle si la gauche gagne.
    Quant à l’unité, il n’a aucune envie, lui, d’ouvrir les bras à Chevènement et de faire entrer la minorité du parti dans la majorité. Il me tient un raisonnement curieux : « Au fond, cette rupture du Parti socialiste en deux courants sert tout le monde : elle permet de montrer que le PS est un parti démocratique où la discussion fleurit, et, en même temps, elle laisse Mitterrand le gouverner comme il l’entend, selon sa loi. La situation présente donc tous les avantages, sans aucun inconvénient. »
    En attendant, impossible, selon Mauroy (et aussi

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