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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Michel Rocard, qui, dans l’intervalle, s’est joint à notre conversation), d’associer les « fous du Ceres » à la conduite du PS : « On leur donnera un poste ou deux de ministres, aux camarades du Ceres, mais sans les réintégrer dans la majorité », ont conclu avec un bel ensemble Mauroy et Rocard.
    Tout cela m’a paru d’un cynisme que je n’imaginais pas chez Pierre Mauroy. Je me dis que, après tout, avoir été élevé en politique par Guy Mollet ne s’oublie pas.
    Mitterrand parle enfin. D’abord du problème municipal, sur lequel tout le monde est d’accord : il n’y a d’alliance socialiste qu’à gauche. Pas d’union à la carte, donc, mais un accord qui soit la loi de tous. Des exceptions ? Le moins possible, mais, s’il s’agit de faire respecter les droits du PS, peut-être, car, « pour dire oui, il faut pouvoir dire non ».
    De tout cela il ressort que les municipales sont sur les rails, que les communistes sont encore trop chatouilleux, prêts à inventer je ne sais quelle union à la carte : un plat, mais pas tout le menu. Et que Mitterrand, comme Mauroy et Rocard me l’avaient dit par avance, a maintenu le Ceres en dehors de la majorité du parti.
    Au fond, Chevènement se trompe complètement : il a cru que Mitterrand avait besoin de lui pour lui fournir un corps de pensée économique. Mitterrand se fiche complètement de son baratin économique, il a fait alliance avec lui quand il en avait besoin, à Épinay, pour prendre le Parti socialiste. Depuis, il n’a aucun besoin de lui, et le lui fait savoir de toutes les manières.
    Dans le train de 17 h 50 qui le ramène à Paris, Mitterrand ne parle pas beaucoup, comme toujours après qu’il a prononcé un longdiscours. Il semble parfaitement heureux et détendu, avant de s’endormir dans son wagon.
    18 mai
    Le projet de loi sur les plus-values cristallise la mésentente entre giscardiens et chiraquiens à l’Assemblée nationale. Je rencontre Bernard Stasi, centriste, quoique ami de Chirac, qui m’assure : « Nous n’accepterons pas que le projet soit renvoyé. Une fois de plus, les gros s’abritent derrière les petits. Il va falloir gueuler ! »
    Il paraît qu’il y a aussi bagarre entre Giscard et Chirac sur la nomination d’un nouveau ministre de l’Information. On parle de Michel d’Ornano, que propose Giscard et dont Chirac ne veut à aucun prix.
    Semaine du 19 mai
    Plus-values, suite.
    L’UDR dépose amendements sur amendements au texte initial dans le but d’arriver à un projet de loi que tout le monde accepte. Papon en a déposé vingt-sept. « J’irai bien jusqu’à trente », a accepté Jean-Pierre Fourcade.
    Jacques Bonhomme 24 est l’un de ceux qui, les premiers, avaient parlé de la nécessité de taxer le capital : il avait proposé quelque chose comme 0,5 % pour les personnes physiques au-dessus d’un plafond d’1 ou 2 millions de francs, par exemple. Il voulait donc quelque chose de très simple, dont il avait parlé aux journées parlementaires de Cagnes-sur-Mer à l’automne dernier. Le projet sur les plus-values présenté par la majorité en ce moment lui semble inutilement compliqué et de nature à décourager les investisseurs et à frapper non pas les nantis, mais ceux qui seront à un moment donné contraints de vendre une partie ou la totalité de leurs biens. Il juge de surcroît le texte, même amendé, insauvable : « inconsistant, hérissé et biscornu. »
    Un de plus qui ne le votera pas.
    Un autre député, René Caille 25 , me prend à part pour me dire cettephrase qu’il répète de couloir en couloir : « Le gouvernement prétend canarder les gros gibiers, il ne descend que des petits oiseaux. »
    Un peu plus tard, Claude Labbé propose un quatrième entretien chez Fourcade lundi prochain à 20 h 15, dans le but d’arriver à un texte commun. « Je suis d’accord, dit-il, et nous le sommes tous, avec le principe d’égalité et de justice de Valéry Giscard d’Estaing, s’il voulait taxer spectaculairement tous ceux qui possèdent un yacht sous pavillon panaméen. Mais un impôt sur le capital serait plus juste. »
    Comment trouve-t-il Fourcade ? « Amical et sûr de lui. »
    Et les réformateurs ? J-J S-S, par exemple ? « J-J S-S fait dans la réforme comme d’autres font dans la limonade. »
    Maurice Faure, indifférent au tohu-bohu de la majorité sur les plus-values, me dit cet après-midi qu’il est moins sûr de la

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