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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Antoine Rufenacht (il ne l’a pas eu, mais c’est tout comme).
    Et sûrement celle de renoncer à ce qu’il appelle les « pseudo-réformes » : « Je veux bien essayer d’unifier la majorité, mais, alors, qu’on ne me mette pas de bâtons dans les roues ! La réforme de l’entreprise,cela va encore, il n’y a rien dans le projet de loi. Sur la famille et la vieillesse, nous n’aurons pas de problème. De grâce, la priorité, c’est la lutte contre l’inflation ! »
    Il ne pense pas que les mesures contre l’inflation soient forcément anti-électorales. Ce n’est pas comme cela que le problème se pose : « Si Barre perd la lutte contre l’inflation, nous perdrons aussi les élections. »
    Est-il un Premier ministre-bis ? « Non, le Premier ministre m’a délégué un terrain, voilà tout. Mais il ne faut pas compter sur moi pour aller haranguer les députés UDR à deux heures du matin au Parlement. J’ai dit à Giscard : maintenant, il faut accepter que l’UDR discute les virgules d’un texte, il n’y a pas de quoi faire un scandale quand les députés font leur boulot. C’est à cette condition que la majorité marchera ! »
    Il reprend : « Ce n’est pas à moi d’organiser l’UDR et de faire voter ses représentants au Parlement. C’est le travail de Boulin 35 . Moi, je ne suis pas là pour ça. Je suis là pour distribuer les investitures : là-dessus, je suis formel. Le président m’a dit qu’il ne voulait pas que ce soit le ministre de l’Intérieur qui le fasse, parce qu’il est trop concerné et qu’il veut trop fort le rééquilibrage de la majorité : il ne peut pas être juge et partie. Moi, je suis en quelque sorte au-dessus des partis. »
    Je ne crois pas qu’on puisse voir dans le départ de Chirac une quelconque vengeance des « barons ». Tout de même, il me semble qu’ils tournent bien vite la page Chirac, presque avec soulagement.
    15 septembre
    Mon impression est confirmée par ma conversation avec Claude Labbé, qui me précise le programme des prochaines journées parlementaires UDR à Rocamadour. Il me dit que, pour le moment, Raymond Barre est attendu à 10 heures du matin, le troisième jour.
    « Jusqu’à présent, Jacques Chirac n’a pas précisé s’il venait. Je comprends cette attitude : il n’est pas encore ancien Premier ministre et pas encore député. Le Premier ministre, c’est Raymond Barre. Normal qu’il soit présent à Rocamadour. »
    Que pense-t-il de l’appel 36 de Jacques Chirac, tel qu’il a paru dans le journal gaulliste La Nation  ? S’agit-il d’une OPA sur l’UDR ? Réponse : « Il dit ce que nous répétons depuis toujours. » Mais c’est proféré sans aucun enthousiasme vis-à-vis de Chirac.
    « Reste à savoir si Jacques Chirac devait parler ou se taire. Le silence, convient Labbé, n’est pas l’attitude d’un homme politique qui a décidé de rester dans la vie active. »
    Ce qui me semble flou, c’est que Chirac semble vouloir asseoir son autorité sur l’UDR : il doit donc prendre un poste capital à l’UDR. Lequel ? Celui de secrétaire général ? Il est à Guéna, et celui-ci n’a aucune intention de partir. Alors ? Secrétaire général d’honneur ? Titre ridicule !
    16 septembre
    Un film est projeté aujourd’hui sur les écrans, consacré à Jacques Chirac : ce reportage d’Henri Marque en Corrèze a été réalisé à l’été 1975, et les dernières images ont été filmées le 25 juillet dernier. On voit Chirac souriant, avec les petites grand-mères qui le photographient, les filles auxquelles il dit : « Bonjour, bichette » ou « Bonjour, madame ». Quelques phrases d’anthologie : « Le navigateur au long cours a pour caractéristique d’aller généralement tout droit » ; « Rien n’importe plus, pour un siècle comme pour un homme, que de savoir ce que l’on veut... »
    Marie-France Garaud, que je rencontre à son bureau, me parle de la « lettre aux militants » publiée hier. L’adresse était destinée à rester tout à fait privée. Mais il était nécessaire pour Chirac de s’exprimer : « Il fallait jeter le cochonnet avant la rentrée parlementaire, et surtoutavant que Barre n’annonce son plan. Ils étaient nombreux à penser, à l’UDR, que Chirac se couchait, s’aplatissait : il a senti plus vite que nous qu’il lui fallait parler. »
    Les « barons » sont désormais du côté de Barre, convient-elle, mais

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