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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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ils vont déchanter. Olivier Guichard lui a dit par exemple que Giscard lui avait délégué tous les moyens politiques, mais l’ennui, selon Marie-France Garaud, est que Raymond Barre vient tout juste de dire à Chirac que c’est lui, Barre, qui était chargé des problèmes politiques. Bref, elle leur souhaite à tous bien du plaisir !
    C’est le dimanche 12 septembre que Chirac est revenu à Paris au volant de sa CX, avec sa première déclaration en poche, pour préparer sa rentrée politique. Le lundi 13, il a réuni ses anciens collaborateurs : Jérôme Monod, Serge Maffert et un jeune inspecteur des finances qui travaillait officieusement à Matignon et qui s’appelle Jupet 37 (je ne connais ni l’orthographe, ni le prénom).
    À ce propos, il s’est occupé personnellement de leur reclassement, Giscard lui ayant promis qu’aucun de ses collaborateurs ne resterait en rade. Ainsi, soit dit en passant, Chirac a-t-il obtenu que Jean-Pierre Delpont, son chef de cabinet à Matignon, soit nommé préfet de Corrèze. Poniatowski voulait s’y opposer, Chirac a insisté et a obtenu gain de cause.
    Sa stratégie pour les deux ans à venir, il l’a minutieusement mise au point dès juillet dernier. Les deux communiqués qu’il a publiés sont la première phase de cette stratégie. Il était si fier de lui – et surtout de l’écho que la presse lui a réservé – qu’il a appelé Marie-France Garaud au téléphone en lui demandant ironiquement, le jeudi : « Alors, ça a fait un flop ? »
    Il pense que, quel que soit le résultat de ces élections, il s’en sortira bien : si la majorité les perd, ce ne sera pas lui le responsable ; si elle les gagne, il en retirera un bénéfice, puisqu’il s’y sera engagé à fond au nom de l’UDR.
    Sa déclaration a peut-être gêné Olivier Guichard, mais ce n’est pas pour lui déplaire. Quant aux ministres « chabanistes » qui sont entrés au gouvernement, il n’est pas mécontent que l’UDR, dans sa grande majorité, ait peu apprécié la précipitation avec laquelle ils y sont allés.
    Je repense à Yves Guéna, qui ne voulait pas faire de référendum dans les fédérations pour préserver sa marge de manœuvre. Apparemment, les militants n’ont pas eu besoin de lui pour approuver les déclarations de Chirac.
    21 septembre
    Déjeuner avec Robert Boulin. Il est bien angoissé, ce pauvre Boulin, et il tient des propos raisonnables mais complètement contradictoires. Il dit :
    1) La majorité n’a plus qu’une chance : la réussite du plan Barre. Si elle fait de l’électoralisme, elle est foutue. Elle perdra les municipales, puis les législatives. De temps en temps, dit Boulin s’abritant derrière le général de Gaulle, il faut gouverner. Peu importe qui en profitera.
    2) Pas question de donner dans le réformisme. Il ne faut pas, me dit-il, présenter aux députés n’importe quoi et recommencer l’affaire des plus-values. Il est ferme : « Pas question, me dit-il, de présenter le projet de loi sur les entreprises. »
    3) Selon lui, les députés UDR sont à 90 % derrière Chirac. Boulin craint qu’il ne vienne « gâcher » les journées parlementaires de Rocamadour. « Vous verrez, me dit-il, il ne sera pas là, mais, au détour d’une route, il viendra nous faire coucou. Vous verrez ! »
    4) « Nous sommes dans une seringue, insiste-t-il. Ou bien le plan de redressement de Barre marche, ou bien nous perdons. Nous sommes condamnés à réussir. D’ailleurs, si nous perdons, il y aura dissolution, car Giscard n’a pas d’autre carte de rechange. »
    5) « Giscard ne peut plus compter que sur l’UDR. Les RI, ce sont quelques notables, et Lecanuet a perdu ses troupes avec les lois sur l’avortement et le divorce. Je ne pense pas du tout que Giscard, en se séparant de Chirac, ait voulu casser l’UDR. Pas du tout ! Je crois au contraire qu’il n’a plus que l’UDR pour l’appuyer. »
    6) Giscard, me dit-il, a dit qu’il voulait gouverner au centre. Mais il ne peut plus le faire à partir du moment où il n’arrive pas à décoller les socialistes des communistes. Il faudra attendre 1978 pour compter persuader les socialistes, en cas de défaite, que Mitterrand les a fourvoyés dans l’alliance socialo-communiste. « D’ici là, il n’y a rien à faire. »
    7) Aux UDR qui ruent dans les brancards, il suggère de « coller à Michel Debré ». « Faites plutôt de la surenchère, mais ne

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