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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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exige que l’État intervienne dans les domaines les plus divers. »
    L’un plaide pour l’élargissement du domaine d’intervention de l’État, le président rappelle que point trop d’État ne faut.

    4 janvier
    Dans la foulée, Giscard envoie une lettre aux maires de France, dans laquelle il annonce son intention de « rénover en profondeur les règles de fonctionnement de la démocratie locale en France ». Une initiative bien accueillie par les « girondins », de quelque bord, gauche ou droit, qu’ils soient.

    6 janvier
    Conférence de presse de Georges Marchais. À la tribune, il est flanqué à sa gauche de Paul Laurent, René Andrieu et Georges Gosnat (le trésorier du parti, personnage considérable autant par l’épaisseur physique que par l’importance financière), à sa droite par René Piquet, Charles Fiterman et Jean Colpin 1 .
    C’est une charge frontale contre la politique du gouvernement. Il parle de la « République des princes et des truands », par référence aux « copains et coquins » chers à Michel Poniatowski, appelle à la lutte contre le plan Giscard-Barre-Ceyrac (ce dernier étant le patron des patrons français), et annonce son intention de demander aux Français, dans les entreprises, les villages, de rédiger, comme avant la révolution de 1789, de nouveaux cahiers de doléances, qu’il rebaptise « cahiers de la misère et de l’espoir ». En exergue, on y lira : « Vous à qui on dit tant, vous à qui on fait tant, dites ici librement tout ce que vous avez à dire. »
    « Nous avons toujours repété que les Républicains indépendants représentaient les forces les plus conservatrices. Nous en voyons une nouvelle preuve dans le fait que ce parti des princes, des comtes et des marquis a la prétention extraordinaire d’interdire aux travailleurs de s’organiser sur leur lieu de travail. C’est scandaleux, c’est honteux ! »
    Tout le reste est sur ce ton. Je ne sais si Marchais continue à amuser Giscard, comme celui-ci en avait fait la confidence l’année dernière, mais il ne l’épargne pas. Avec une telle voracité, un tel plaisir qu’il a l’air d’un ogre en train de croquer le Petit Poucet. Touty passe : « Giscard a vendu la CII aux Américains », c’est « le gendarme du patronat ».
    Une pique en dernier lieu au PS à propos de l’accord avec les socialistes aux municipales : Marchais dénonce de graves incohérences en quelques endroits, incohérences qui, dit-il, ne contribuent pas à la clarté ; mais il se prononce néanmoins pour la poursuite des négociations avec les amis de Mitterrand.
    Une seule question lui a été posée sur l’élaboration d’une éventuelle charte avec les autres partis communistes européens. Dénégation de Marchais : « Il n’en a, dit-il, pas été question avec Santiago Carrillo. »
    Je veux bien le croire. Pour ceux qui, comme moi, étaient à Berlin l’année dernière, le PC français n’a pas voulu approfondir le fossé que certains partis européens entendaient creuser avec Moscou.

    En sortant de la conférence de Marchais, je rencontre Paul Granet, qui me raconte sa conversation avec Giscard, pendant le déjeuner du mardi 4 janvier, où étaient également invités Bernard Stasi 2 et Jean-Claude Colli 3 . VGE lui a paru très remonté contre la classe politique en général et contre Chirac en particulier : « C’est le plus mauvais Premier ministre que la France ait jamais eu », leur a-t-il dit.
    Plusieurs informations en dehors de cette condamnation :
    Sur l’adoption de la représentation proportionnelle pour les futures élections législatives : on croyait que Giscard en avait abandonné l’idée devant la difficulté de changer la loi électorale dans une période trop proche du scrutin. Il y pense toujours, au contraire. « Il faudrait, dit-il, être sûr que les socialistes votent le projet de loi et ne se dégonflent pas au dernier moment. Car, autrement, c’est certain, c’est le seul scrutin qui permette d’écraser le PC et de dégager les socialistes de leur emprise. »
    Toujours selon mon interlocuteur, il a passé tout le déjeuner à se demander ce que le général de Gaulle aurait dit ou fait à sa place. « À ma place, aurait-il dit, le Général aurait porté tous les problèmes sur la place publique, et il aurait dit : “Voilà, je n’ai pas la majorité de ma politique, j’ai des problèmes avec ma majorité !” »
    Entre

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