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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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dont il se réclame n’apparaît pas. Ni dans le domaine économique, où l’inflation va bon train. Ni dans le domaine politique, où il semble se faire à la victoire de l’opposition, l’année prochaine, puisqu’il ne met pas son mandat en jeu. Difficile de concilier cela avec la fermeté dont il se réclame.

    Un mot seulement sur l’affaire de Broglie : le juge d’instruction fait son travail ; le président s’en tiendra, comme il se doit, à la règle de séparation entre pouvoirs exécutif et judiciaire.
    À noter que je n’ai obtenu aucune explication complémentaire sur le fait que, dès la rentrée parlementaire d’avril 1973, Giscard avait demandé à de Broglie de ne pas postuler à la présidence de la commission des finances de l’Assemblée nationale.

    18 janvier
    Dans cet univers politique où les municipales pèsent de tout leur poids, Michel Debré est à peu près le seul à parler d’idées. Ça fait fuir tout le monde, certes, mais j’aime bien entendre cet homme qui n’attend plus grand-chose pour lui, encore qu’il ait tout eu et parle inlassablement de la France et pas des Français. C’est le seul vrai gaulliste que je connaisse. Je ne me savais pas si sensible aux accents de l’indépendance de la France. Ni à cette espèce de passion tourmentée qui l’habite, à l’indignation dont il est encore capable.
    Aujourd’hui, il me parle à nouveau de l’élection de l’Assemblée européenne au suffrage universel. Il me démontre que, dans tous les domaines purement institutionnels, l’Europe est un échec. C’est dans la réalité européenne que la solidarité entre les pays peut au contraire se construire. Il y a des domaines dans lesquels les pays européens pourraient s’associer : la législation sociale, la politique familiale, la recherche et les sciences, par exemple. « Chirac doit relever le drapeau national, me dit-il, sinon le Parti communiste sera le seul à s’envelopper dans les plis du drapeau français dans ce pays ! »

    Vu Giscard avec mes cinq ou six homologues journalistes, après sa conférence de presse du 17.
    Il reparle de sa volonté de rester au pouvoir si la gauche gagne. Il restera, quoi qu’il arrive : pour moi, désormais, ça ne fait aucun doute. Cela désacralise-t-il la fonction ? Le général de Gaulle aurait-il agi de même ? La Constitution de la V e , dont il se déclare respectueux, est-elle faite pour un président de droite avec une majorité de gauche ? De tout cela, il est manifeste que Giscard se fiche. Il restera, point final !
    Il parle aussi de l’Europe : il est favorable à un scrutin à la représentation proportionnelle, avec listes nationales et non pas régionales.
    Lorsque je lui dis que, sur Paris, je n’ai pas compris grand-chose à sa conférence de presse, il sourit, un peu choqué, et me répète que le maire de Paris, désormais, après la réforme de 1974, est un autre personnage, revêtu d’une autre forme de pouvoir, et qu’il faut donc qu’à Paris les choses se passent autrement qu’ailleurs. Les Parisiens voudront, et c’est naturel, savoir, avant de voter pour telle ou telle liste, qui sera leur maire.
    Il ajoute que l’UDR n’a rien compris en ne jouant pas ce jeu-là et en rendant publiques des listes, comme Chirac l’avait fait, sans vouloir considérer que le vote serait en réalité beaucoup plus personnalisé.
    Sur l’organisation de la majorité, il redit qu’elle a changé depuis que l’UDR est devenu un parti politique. Depuis, surtout, qu’un beau jour de juin 1976, Jacques Chirac a dit que l’unité de l’UDR était plus importante à ses yeux que l’adoption d’une réforme, en l’occurrence celle de la fiscalité des plus-values.

    19 janvier
    Chirac est allé s’entretenir avec Raymond Barre en fin d’après-midi et a lâché sa bombe sur TFI à la sortie : il est candidat à la mairie de Paris 7 .
    Jean-Claude Servan-Schreiber 8 lui a demandé quelle avait été la réaction de Raymond Barre.
    « La foudre et le tonnerre ! » aurait répondu Chirac en s’esclaffant.

    La première fois qu’il a pensé à se présenter, m’assure Yves Guéna, c’est fin novembre-début décembre 1976, lorsqu’il lui est apparu que la majorité, avec d’Ornano, irait à la catastrophe dans la capitale. Personne ne l’avait pris au sérieux, y compris dans son entourage. Mais, à l’époque, en y réfléchissant, il avait rejeté cette solution.
    À

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