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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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désordre. L’agitation et l’improvisation ne feront pas de la France un État moderne. »
    Bref, il charge Raymond Barre de prendre immédiatement les contacts nécessaires pour dégager une solution d’union. S’il croit que Chirac va se retirer, à mon avis il se met, comme dirait élégamment l’ancien Premier ministre, le doigt dans l’œil !

    1 er  février
    « Michel d’Ornano ne peut plus dire qu’il a seul l’investiture de la majorité. Il ne peut plus le dire depuis que le président a chargé Raymond Barre de rechercher une solution d’union à Paris. »
    C’est Olivier Guichard qui me fait cette déclaration aujourd’hui. C’est un revirement ? Un ralliement à Chirac ? Non, m’explique-t-il, une simple constatation, réaliste. Jacques Chirac a renversé le jeu. Le président a chargé Raymond Barre de sortir de la mélasse. C’est à lui, désormais, qu’il appartient de proposer une transaction aux deux candidats. Leur retrait à tous deux, peut-être ?
    Il ne me le cache pas : Guichard ne croit guère, en réalité, que l’intervention de Barre puisse être suivie d’effet. Et pas une seconde que Chirac accepte de se retirer. À son avis, donc, les dés roulent. Et ils ne roulent pas en faveur de la victoire de Michel d’Ornano.
    « Les Parisiens aiment les hussards, dit-il. Tout le monde n’est pas favorable à Chirac, mais beaucoup de membres de la majorité actuelle considèrent que le chef de l’État n’a pas de chance en ce moment. Quoi qu’il fasse ! »
    Donc, il voit Chirac élu à Paris ? Il n’imagine pas un instant que Michel d’Ornano puisse en tout cas l’être.
    Je lui demande quelle importance il compte accorder à cette élection. « Le moins possible ! » me répond-il, coincé qu’il est entre sa détestation de Chirac et sa contestation de VGE.

    31 janvier
    Conversation rapide avec Gilles Martinet, hier. Il me raconte que, il y a quelques mois, François Mitterrand a été le premier à parler, lors d’un séminaire (Poigny-la-Forêt, peut-être ?), d’un gouvernement homogène du Parti socialiste dans le cas où celui-ci obtiendrait seul la majorité aux prochaines législatives, hypothèse qui est loin d’être certaine, évidemment, selon Mitterrand, mais qu’on ne peut pas écarter tout à fait.
    Explosion de Pierre Joxe, trouvant que l’hypothèse était inconvenante pour le PC dans la stratégie d’union de la gauche où Mitterrand s’est précisément engagé.
    Depuis ce clash, Mitterrand se tait. Mais n’en pense pas moins, m’assure Martinet, qui m’en dira davantage sur le sujet lundi prochain.

    3 février
    Vu Roger Frey. Il revient d’Afrique où il a passé une semaine, bronzé, la peau presque craquelée, les yeux clairs. Il ne comprend rien – ou à peine – à ce qui se passe à Paris. Sur Giscard, il a cette phrase : « Dans l’analyse, quel talent, quelle finesse, quelle intelligence ! Mais Dieu, quelles erreurs dans le détail, quelles maladresses dans l’exécution ! »

    Belle phrase également sur Chirac, cette fois, de Jean Daniel, lors d’un déjeuner avec Michel Péricard, il y a quelques jours : « Je n’ai jamais vu un homme dont l’ambition coïncide à ce point avec la conviction ! »

    7 février
    Avec Gilles Martinet, qui n’avait pas eu le temps de m’en dire davantage, nous parlons à nouveau de l’éventuelle victoire de lagauche en 1978. Je ne sais si la gauche gagnera en 1978, je sais seulement que de sérieux affrontements, dans ce cas, sont à prévoir. François Mitterrand ne supporte pas Michel Rocard. Il est irrité par Pierre Joxe (lequel, me dit Martinet, est, de fait, profondément irritant). Jean Poperen est, lui aussi, exaspéré par Rocard. Et François Mitterrand, au milieu de tout cela, n’est rassuré que par des médiocres.
    À nuancer par le fait que c’est Gilles Martinet qui parle, qu’il a la dent dure, n’aime pas Mitterrand, auquel il a été obligé de se rallier, et aime encore moins son entourage immédiat.
    Je trouve une phrase, dont Gilles Martinet me dit qu’elle correspond exactement à la réalité, pour opposer Giscard et Mitterrand : Giscard croit qu’il est le plus fort parce qu’il conceptualise tout ; Mitterrand croit qu’il est le plus fort parce qu’il refuse a priori toute conceptualisation. Il est agacé par ce que lui disent les « experts » du PS aujourd’hui (« Il faut sept ans pour faire une industrie de

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