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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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garanties.
    Gaston Defferre enchaîne, avec son langage direct, son exemple d’une certaine grandiloquence : « Jean-Pierre, demande-t-il, est-ce que tu es d’accord pour organiser le mouvement populaire sans tomber dans le gauchisme ? Camarades du Ceres, êtes-vous prêts, si vous prenez un engagement, à le tenir ? Êtes-vous décidés à être disciplinés dans le parti et le groupe parlementaire ? »
    Une fois de plus, le congrès revient sur les relations entre le Ceres et la majorité du Parti socialiste, donc entre le Ceres et le Parti communiste. Manifestement, Mitterrand craint que Chevènement et Motchane ne soient les chevaux de Troie du Parti communiste. Cela fait longtemps que ça dure, ça finit par devenir lassant.
    Mitterrand parle le dimanche. Il commence par un constat classique sur le gouvernement et la majorité : « Impossible de faire plus mal que ceux qui nous gouvernent ! La droite s’est attribué le monopole de la connaissance des problèmes économiques ? Il se révèle que, si elle sait faire ses affaires, elle ne sait pas faire les nôtres. Elle en est au point de non-retour à partir duquel tout meurt, tout sèche, tout dépérit ! »
    Pour le reste, pas de bras ouverts à Chevènement et à ses amis. Pour Mitterrand, « il n’est pas souhaitable de parvenir à un texte politique dans la confusion ».
    Pourquoi garde-t-il Chevènement ? La question est là, au bout de tant de congrès socialistes consacrés pour les uns à demander la synthèse, pour les autres à la leur refuser. Que craint-il de lui ?

    20 juin
    Je note cette phrase de l’interview que Jacques Chirac vient d’accorder au journal Le Point  :
    « VGE n’est plus le chef de la majorité, tout simplement parce qu’il a décidé, contrairement à ses prédécesseurs, de ne pas assumer la responsabilité de sa majorité. Lorsqu’il a dit, et c’était son droit, que, quel que soit le résultat des élections, il resterait au pouvoir, il a renoncé à être le chef de la majorité puisqu’il renonçait à assumer le destin de celle-ci. »

    23 juin
    Déjeuner de Raymond Barre devant la presse étrangère.
    En aparté, avant de répondre aux questions des journalistes étrangers, il me parle de Jimmy Carter, qui l’inquiète, car il y a dans son personnage, me dit-il, un « mélange d’idéologie et de flou qui peut être très dangereux ».
    Il fallait s’y attendre : les premières questions de nos confrères portent sur les déclarations de Jacques Chirac devant les députés. Est-il concevable, demande un éditorialiste belge, que Jacques Chirac, alors Premier ministre, n’ait pas été tenu au courant des négociations sur l’Europe ? Terrain glissant pour Raymond Barre qui s’en tire en disant prudemment que, « de façon générale, la politique étrangère est du ressort du président de la République », mais que « cela ne veut pas dire que le Premier ministre soit tenu à l’écart, pour une raison simple : le Conseil des ministres comporte un exposé du ministre des Affaires étrangères ».
    Un Premier ministre peut-il exprimer publiquement son désaccord avec le président ? Là, Barre se dérobe : « Je m’abstiendrai de porter un jugement sur cette affaire ! »
    Pour le reste, sa position en matière de politique étrangère devrait satisfaire les chiraquiens : la politique de défense de la France sert son indépendance, la France est fidèle à l’Alliance atlantique tout enpratiquant avec l’URSS une politique de détente, d’entente et de coopération.
    Reste son rôle de chef de la majorité, qui lui paraît plus simple que ses interlocuteurs le croient : il est Premier ministre, voilà tout, et cela lui suffit.

    1 er  juillet
    Incroyable journée, hier 30 juin. Déjeuner chez Chirac avec Jérôme Monod et Marie-France Garaud. Puis dîner chez Jean-François Poncet. Deux mondes, deux sensibilités différentes.
    Chirac, d’abord. Épanoui, tonique, mangeant et buvant moins, il me semble, que précédemment, maniant le paradoxe sans complexe. « La majorité, dit-il, c’est une cathédrale. Dans la nef, au milieu, les fidèles, les croyants. Tout autour, les chapelles, celles des centristes et des giscardiens. Dehors, sur le parvis, les fidèles potentiels, ceux qui s’interrogent. C’est cela, la majorité ! »
    Il me dit en un aparté à peine discret : « Je m’en fous complètement, du sommet de la majorité ! L’essentiel est

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