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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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socialistes qui répètent : « Tout le programme commun, mais rien que le programme commun », etles radicaux qui ne cessent de penser aux petites et moyennes entreprises, il n’y a pas de voie de conciliation.
    Du coup, Robert Fabre demande une interruption de séance : les radicaux veulent interrompre ce sommet. Ils décident de le quitter avec fracas dans le but, spectaculaire, non de rompre définitivement, mais d’appeler tous les partenaires à la réflexion.
    Robert Fabre n’a pas voulu prévenir François Mitterrand de sa détermination, de peur que celui-ci ne l’en empêche. Suit la bousculade avec Marchais devant les caméras, que la France entière retiendra.

    Maurice Faure, qui n’assistait pas à la scène d’hier, me raconte aujourd’hui qu’à neuf heures et quart du matin, Jean-François Poncet est venu sonner à sa porte. Une seule phrase, une phrase-clef, a été prononcée par le secrétaire général de l’Élysée : « Si les radicaux ont des problèmes électoraux, nous pouvons les résoudre ! »
    François Mitterrand a reçu Maurice Faure tout de suite après, à 10 heures. Il était en train de faire ses bagages pour le week-end. Il dit simplement à Maurice Faure que les radicaux l’ont trahi. Il n’en veut pas à Faure, qui n’en peut mais ; il se borne à constater : « Vous, les radicaux, allez avoir de bons sondages, mais de mauvaises élections ! »

    20 septembre
    Entrevue avec Georges Sarre. Il me raconte le comité directeur du PS qui a eu lieu lundi. Il a assisté à tout, sauf – parce qu’il était en train d’enregistrer une tribune libre sur FR3 – à l’engueulade, paraît-il salée, de Mitterrand contre le Ceres.
    Lorsqu’il revient au Sénat – le comité directeur du PS siège au sous-sol, salle Médicis –, les journalistes s’agglutinent et lui demandent ce qui s’est passé. Il n’en savait bien entendu rien. L’huissier du PS lui glisse un mot, et il comprend que Chevènement et Motchane l’attendent au café Le Tournon , tout à côté du Sénat. C’est là qu’il les rejoint. Mitterrand les a accusés avec vigueur d’être systématiquement du côté des communistes. Ils ont donc claqué la porte du comité directeur.

    En fin d’après-midi, Claude Estier me fournit plus de détails. Au moment où il espérait trouver le Parti socialiste uni derrière lui, Mitterrand s’est aperçu, lors de ce comité directeur, que certains socialistes – le nouveau maire de Brest, par exemple, François Le Blé – ne donnaient pas tort à Robert Fabre. Et qu’il était loin d’être le seul.
    Pourtant, à peine Le Blé a-t-il eu fini de parler que Jean-Pierre Chevènement a attaqué sur un autre front. Il a dit qu’il fallait comprendre le Parti communiste, que celui-ci ne manquait pas de raisons de craindre la trahison de ses partenaires. Quant aux nationalisations, il a constaté, non sans vigueur, que les communistes avaient raison de trouver que « notre doctrine n’a jamais été clairement définie ». « C’est vrai, a-t-il ajouté, que le Parti socialiste n’a pas de politique économique. »
    À ces mots, Mitterrand a explosé : il a accusé Jean-Pierre Chevènement d’avoir été un « négociateur épisodique » lors de la réunion des « 15 », en juillet dernier. Son ton était comminatoire, sa colère à peine contenue.
    Chevènement et Motchane se sont levés et ont quitté la salle Médicis. « François Mitterrand a des méthodes dignes du général Boulanger », a déclaré Motchane en passant aux journalistes.
    Ils sont sortis, mais le plus gros de leurs troupes est resté.
    Mitterrand a donc gagné cette manche. De justesse !

    22 septembre
    Nouvelle rencontre au sommet entre communistes, socialistes et radicaux au siège du Parti communiste, cette fois.
    Le coup de gueule de Robert Fabre avait marqué une pause. Pourtant, sur la pression des autres dirigeants radicaux et surtout de Maurice Faure, il est revenu, aujourd’hui, à 21 h 30.
    Les délégations s’installent autour de la grande table ovale, dans la salle de travail du bureau politique. Aux murs, quatre grands portraits des « pères » du PC : Karl Marx, Friedrich Engels, Lénine et Maurice Thorez, donnent le « la ». Comme il est de tradition, étant sous son toit, Marchais donne le coup d’envoi de la séance et rappelle les nouvelles propositions du PC faites la veille au soir par Charles Fiterman. En substance :

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