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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Mollet avait imaginé, le 20 décembre dernier, sans consultation avec Mitterrand, de déposer une motion de censure contre le gouvernement, et, en réalité, contre de Gaulle, sur le refusque celui-ci oppose à l’entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun.
    Difficile de voir dans l’idée de cette motion de censure inutile une volonté de rapprochement avec les communistes hostiles à la construction européenne ! Gaston Defferre s’y est opposé : il a défendu la proposition définie au sein du groupe parlementaire de la Fédération de demander la convocation d’une session extraordinaire du Parlement sur le sujet.
    Encore une fois, la stratégie de Guy Mollet m’est étrangère. Que veut-il ? Il est aujourd’hui moins unitaire que Gaston Defferre, ce qui est un comble pour celui qui avait fait capoter, à l’été 1965, la grande fédération avec le centre, sous prétexte que la SFIO n’y trouvait pas sa place ! Où est-elle alors, sa place ?

    23 janvier
    Ernest Cazelles 2 me parle du futur congrès extraordinaire du Parti socialiste qui a lieu la semaine prochaine. Cazelles, c’est l’éternel complice de Guy Mollet. Physiquement, il a l’allure presque stéréotypée du cadre de la cité Malesherbes : cheveux poivre et sel, de gris vêtu, sans recherche vestimentaire, l’air d’un vieux chef de troupe scoute. Il est à la SFIO depuis l’avant-guerre.
    Il déplore la position prise par Gaston Defferre, toujours minoritaire au sein du PS, qui s’est rapproché jour après jour de François Mitterrand : à la fin du mois de décembre dernier, en effet, le maire de Marseille a soumis à la réflexion des militants socialistes le texte d’une motion qu’il défendra au congrès.
    Defferre est persuadé que, si la fusion baptisée « organique » entre les différents mouvements de la gauche ne se fait pas tout de suite, là, dans les semaines qui viennent, elle ne se fera jamais. Et que mieux vaut une fusion limitée à la SFIO et à la Convention des institutions républicaines, sans les radicaux, que pas de fusion du tout.
    Le 12 janvier, à Marseille, il a renouvelé son appel à la fusion immédiate. À cette occasion, il m’a expliqué ses arguments : « Parce que, m’a-t-il dit, la nouvelle formation née de la fusion recevra, dans les endroits où la SFIO est faible, un sang nouveau par l’apport des conventionnels », et que « ceux-ci éviteront de leur côté de connaître un sort éphémère ».
    Que ce soit fugace, peut-être est-ce là justement ce que veut Mollet !
    Cazelles ne me cache pas que cette motion n’est pas du tout dans la ligne de Guy Mollet. On verra ce qu’il en est dans quelques jours, au congrès.

    27-28 janvier 1968
    Congrès de la SFIO.
    On a vu en effet ce qu’il en était du rapport de force à l’intérieur de la SFIO entre Gaston Defferre et Guy Mollet : la proposition du premier a été balayée par celle du second, qui l’a emporté par à peu près 1 850 mandats contre 920 ! C’est dire...
    Les congressistes se sont – c’est une petite consolation pour Defferre – prononcés tout de même pour une accélération du processus d’union : ils souhaitent que le futur Parti socialiste, qui devrait réunir radicaux, socialistes et conventionnels puisse voir le jour dans le courant de l’année 1969. C’est la date que retient également René Billères, invité avec Mitterrand à la dernière séance du congrès 3 .
    Je suis atterrée : qu’est-ce que je vais bien trouver à écrire d’ici là, pendant près de deux ans ? J’ai déjà du mal à m’intéresser, encore plus à intéresser mes rédacteur en chef et directeur à la vie quotidienne des mouvements de gauche ! Moi-même, je me perds un peu dans les réunions des uns et des autres : comité central et bureau politique du Parti communiste, congrès de la SFIO, réunions des conventionnels mitterrandistes, réunions du groupe parlementaire de la Fédération de la gauche, sans oublier celles du contre-gouvernement de la gauche.
    Je ne m’y perds pas, le mot n’est pas adéquat, mais je peine àcomparer les textes, les propositions, les motions, tout cela pesé et analysé au mot près par L’Humanité et Le Monde .
    De surcroît, je ne sais au bout de combien de mois ce processus commencé en 1965 finira par décourager tout le monde... et les lecteurs de L’Express d’en lire la chronique !
    Cela fait sourire Georges Dayan quand je lui en

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