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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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toi qui fécondes la terre, toi qui rayonnes les siècles... »
    36 - Ouvrière lilloise – elle était tisserande –, Jeannette Vermeersch est tombée amoureuse de Maurice Thorez à 23 ans. Elle a fondé l’Union des jeunes filles de France avec Danielle Casanova et Marie-Claude Vaillant-Couturier en 1936. C’est une figure du communisme français, même si son intransigeance lui a aliéné, après la mort de son mari, la plupart des dirigeants du parti français.
    37 - Avocat, ami intime de François Mitterrand, dirigeant de la Convention des institutions républicaines, Roland Dumas a été élu en 1967 à Limoges. Il y a été battu en 1968.

1969
    2 janvier
    Les vœux du Général à la télévision. Une phrase sur mai dernier, la seule que je retienne :
    « Portons donc en terre les diables qui nous ont tourmentés pendant l’année qui s’achève ! »
    Le Général tourmenté. Quel aveu ! On en est presque triste pour lui. Avoir triomphé de la guerre, de Hitler, de Staline et surtout de Churchill, pour manquer de démissionner devant quelques dizaines de milliers d’étudiants parisiens. Avoir choisi Londres en 1940, et Baden-Baden en 1968 !

    3 janvier
    Curieuse affaire que celle qui arrive à Edgar Faure ! À la fin décembre 1 est sorti un communiqué, un libelle plutôt, publié par le Comité de défense de la République de la Côte-d’Or. Une charge inouïe émanant d’un comité qui n’a aucune autre légitimité que d’avoir été créé, dans la foulée de la grande manifestation du 30 mai, contre la loi d’orientation universitaire, et surtout contre le ministre de l’Éducation nationale qui l’a inspirée, Edgar Faure.
    Quand je dis « curieuse », c’est que :
    1. Je m’étonne que ce soit le CDR de la Côte-d’Or qui l’ait signé alors que Robert Poujade, le secrétaire général de l’UDR, est en même temps l’élu de Dijon. Le secrétaire général est-il au courantde ce que fait le CDR de sa ville ? L’a-t-il inspiré ? Il dit que non, bien sûr, mais la chose est assez énorme pour que l’on s’interroge.
    2. Pourquoi cette attaque contre Edgar Faure ? C’est un ministre du Général, que celui-ci a l’air d’apprécier ; la loi d’orientation n’a pas été faite contre l’avis de De Gaulle, et elle a été votée par la majorité. Edgar est visé, certes, parce que son attitude est jugée trop laxiste, parce que son directeur de cabinet, Michel Alliot, ne cesse de parlementer avec les étudiants, dont l’agitation ne s’arrête pas, alors que le CDR pense qu’on devrait mettre tous ces étudiants au pas ou au trou. Mais qui est visé derrière lui par ce courant de droite du mouvement gaulliste ? Pour le moment, mystère.
    3. Affaire encore plus curieuse lorsqu’on sait qu’Edgar Faure lui-même a rendu public ce communiqué du CDR qui, sans lui, serait resté inconnu. Lui encore qui a condamné le CDR de Dijon et ses « tendances fascisantes ». Pourquoi l’a-t-il fait ?

    7 janvier
    Mitterrand, que je rencontre, salue avec ironie l’insistance mise par Edgar Faure à accuser de fascisme la « troupe d’élite du gaullisme ».
    Le suspecte-t-il de vouloir tomber à gauche ?
    « Oh, me dit-il, tomber à gauche de Pompidou ne serait pas un grand exploit géographique ! »
    Il est si content de la formule qu’il la répète autour de lui avec un évident plaisir.

    Hier, Couve de Murville avait convoqué Edgar Faure à Matignon à 16 heures. Je croyais naïvement que c’était pour s’inquiéter de la réaction des CDR, d’autant plus que, dans l’intervalle, le CDR de Caen et celui de la Seine-Maritime s’étaient joints à la condamnation des Dijonnais.
    Eh bien non, me dit Michel Alliot 2 au téléphone, c’était pour reprocher, certes avec la plus exquise courtoisie du monde, à Edgar Faure d’avoir porté l’affaire sur la place publique !
    En réalité, il ressort de notre rapide conversation téléphonique qu’Edgar Faure n’est pas mécontent de se situer dans une autre sphère que celle des gaullistes militants, de marquer ses distances avec la droite de l’UDR.
    Est-ce pour se préparer à être candidat à la présidence de la République après le départ du général de Gaulle en 1972 ? Peut-être bien.

    7 janvier (suite)
    Du coup, pour ne pas lui laisser occuper seul ce terrain, c’est François Mitterrand qui vient de demander la dissolution des CDR dans une question orale avec

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