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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Debré !
    Ce qui étonne là aussi, c’est que Georges Pompidou, ainsi que les journaux le soulignent, a vu le général de Gaulle par deux fois depuis son départ de Matignon : en septembre dernier, pour un dîner intime, et en audience, le 9 janvier dernier. La conversation en tête à tête, il y a quinze jours, a été particulièrement longue. Mais de là à penser que la déclaration de Rome était préparée avec le général de Gaulle, il y a un pas que personne, dans la presse d’aujourd’hui, ne franchit.

    19 janvier (suite)
    Quelle mouche pique Roland Leroy ? Il vient d’attaquer la revue Politique aujourd’hui qui condamne, dans un de ses articles, l’intervention militaire en Tchécoslovaquie. Que je sache, le comité central du PC l’avait bien condamnée l’année dernière, et il me semble que Waldeck s’était assez battu pour empêcher les Soviétiques d’entrer en Tchécoslovaquie. Pourquoi ce recul ? Un pas en avant, deux pas en arrière ? Et pourquoi est-ce Leroy qui monte au créneau sur ce sujet ? Dans le discours qu’il prononce, il dit que l’article et, au-delà, la revue de Paul Noirot tout entière, « vise à atteindre l’unité du parti », et qu’il s’agit des mêmes intellectuels qui ont cherché, dans leur lettre de mai 1968, à tourner le parti sur sa gauche. Il n’empêche : pourquoi les désavouer sur ce point précis, l’intervention soviétique, alors que tout le monde avait été d’accord pour la condamner en août dernier ? Ou bien est-ce la preuve que Waldeck Rochet n’était pas soutenu par son propre parti ?

    22 janvier
    Apparemment, il n’y a pas que la presse à avoir fait un sort aux petites phrases de Georges Pompidou. Celui-ci s’est étonné, depuis le 17 janvier, de l’écho que les journaux avaient donné à ses déclarations, disant qu’elles étaient somme toute assez banales. Prudentes, en tout cas. Pas assez pour que le Général ait jugé nécessaire, aujourd’hui, à la fin du Conseil des ministres, de dire qu’il était là, et bien là 5 .
    Il faut donc en conclure que Georges Pompidou n’avait pas consulté le général de Gaulle avant sa déclaration de Rome, et qu’il n’avait pas son aval. À moins qu’il n’ait été le premier surpris par l’ampleur des réactions. À vrai dire, je n’en crois rien. Je crois Pompidou furieux d’avoir été évincé en août 68 alors qu’il avait la conviction d’avoir sauvé la France, malgré et pas avec le Général. Je pense qu’il fera tout pour arriver au pouvoir. Il ne sait pas l’échéance, mais, d’une certaine manière, il s’en fiche. Que ce soit en 1972 ou avant, avec Rome il prend de court tous les autres candidats possibles à droite.

    25 janvier
    L’UDR ne sait pas comment se tirer de la candidature, qui n’en est pas tout à fait une, de Georges Pompidou. Les gaullistes de gauche, Capitant et Vallon en tête, font un foin de tous les diables, accusant Pompidou de ne pas avoir respecté les règles du jeu gaulliste : en se déclarant candidat, il a laissé planer un doute sur la volonté du Général d’aller jusqu’au terme de son mandat. Tandis que le pauvre Robert Poujade, à la tête de l’UDR, navigue entre les écueils, coincé qu’il est entre de Gaulle, Couve et Pompidou. Il a fait une conférence de presse avant-hier, le 23, d’où il ressort, je résume, que le président de la République est le chef de la majorité, que le Premier ministre est « un guide naturel ». Quant à Georges Pompidou, il occupe une place au sein de l’UDR, mais il n’est pas le seul.
    Que de contorsions ! Il est tellement poussé dans ses retranchements, ce pauvre Poujade, qu’il a fait un formidable lapsus en répondant à la question sur les relations de l’UDR avec GeorgesPompidou. Il a commencé sa réponse en disant : « C’est un homme qui a marqué à son passage à la présidence de la République... »
    Rigolade générale dans la salle. Il se reprend aussitôt : « Euh... à la tête du gouvernement, dans le pays et parmi les nôtres. Il occupe, mais il n’est pas le seul, une place qui lui est particulière... »

    Pendant ce temps-là, l’affaire Markovic continue. Je n’en tiens pas la chronique quotidienne : toujours est-il qu’Alain Delon et neuf personnes sont en garde à vue aujourd’hui.

    27 janvier
    Je regarde Couve de Murville sur le petit écran.
    Sans un sourire, sinistre, il assure que « la France est

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