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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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ce mardi après-midi, Pompidou a jugé « impeccable » l’analyse historique du général de Gaulle sur le Moyen-Orient. Comment cette position favorable à l’action internationale de De Gaulle est-elle compatible avec sa volonté d’agiter les gaullistes, dont parlait Hector de Galard ? Et si c’était tout simplement parce qu’il croit sincèrement que la paix au Moyen-Orient passe par l’équilibre entre Israël et les Palestiniens ? On peut vouloir sinon se venger, du moins se distancier du Général, sans renier d’un bloc tout le credo gaulliste.
    Ce qui est succulent, c’est que, le soir même, Jean Lecanuet et Michel Poniatowski ont dit exactement le contraire au meeting de la LICA 4 , à la Mutualité.

    À noter qu’hier aussi la SFIO et les clubs socialistes, dont la Convention des institutions républicaines, ont mis au point un système d’une complication inouïe pour parvenir à la fusion. C’est donc la base qui arbitrera : le nouveau parti verra le jour dans les sections socialistes avant de monter à Paris. Les assemblées constitutives locales, ouvertes à tous, se réuniront à la fin février. Elles désigneront leurs représentants aux congrès départementaux, puis au congrèsnational fixé du 25 au 28 avril. Si, dans l’intervalle, il y a des heurts entre les formations, chacun reprendra sa liberté. Sinon, on se mariera au printemps.
    J’interroge Pierre Mauroy, devenu secrétaire général adjoint du Parti socialiste, sur cette construction que je trouve incroyablement compliquée. Il me démontre que c’est très simple, au contraire, que c’est une solution particulièrement souple : « Dans les départements où la SFIO est très forte, m’explique-t-il, les clubs sont généralement inconsistants : le nouveau parti sera à dominante SFIO. Ailleurs, dans les départements où les clubs sont puissants, essentiellement dans l’Isère et à Paris, le leadersship pourra revenir aux hommes nouveaux de la Convention, donc aux mitterrandistes. »
    Il reste que toutes ces troupes manquent singulièrement d’enthousiasme. Il en convient. Mais c’est pour ajouter aussitôt : « Nous n’avons peut-être pas plus de crédibilité qu’il y a quelques mois, mais le gaullisme, lui, en a beaucoup moins ! »

    19 janvier
    L’Histoire prend à nouveau un rythme accéléré. Pas seulement à Prague, où Jan Palach s’est immolé par le feu sur la grand-place pour protester contre l’invasion de la Tchécoslovaquie l’an dernier. Mais aussi à Rome, de manière moins dramatique mais spectaculaire.
    Vendredi, à Rome, Georges Pompidou s’est lancé dans la bataille. Comme je n’y étais pas, ni personne du journal, je donne ici la version telle qu’elle figure dans les journaux. Pompidou était donc à Rome vendredi dernier et il avait convié – lui ou l’ambassade de France, je ne sais – les journalistes présents dans la Ville éternelle. Il y avait donc là Jean Neuvecelle de France-Soir , Jacques Nobécourt du Monde , Jacques Chapus de RTL, le patron de l’AFP à Rome, Mongin qui, entre nous, déteste de Gaulle, ainsi qu’un confrère du Figaro que je ne connais pas. Georges Pompidou est arrivé avec une demi-heure de retard dans le petit salon vieillot de l’appartement qu’il occupait. Il a dit aux journalistes qu’il s’agissait d’une conversation à bâtons rompus, mais que chacun d’entre eux pouvait s’en servir.
    À la fin de l’entretien, tandis que Pompidou ne cesse de tirer sur ses cigarettes Winston, Jacques Chapus lui demande s’il compte un jour sortir de la réserve qui est la sienne depuis juillet dernier. C’est alors que Pompidou lâche cette phrase : « Ce n’est, je crois, un mystère pour personne que je serai candidat à une élection à la présidence de la République quand il y en aura une, mais je ne suis pas du tout pressé ! »
    La dépêche de l’AFP sur la déclaration de Rome est tombée le 17 à 20 h 52. C’est assez pour que tous les journaux aient titré, le lendemain 18 janvier, sur les fausses confidences de Pompidou.
    Jacques Nobécourt, dans Le Monde de ce soir (daté des 19-20 janvier), ajoute que Georges Pompidou, au cours de la conversation qui a précédé son annonce, a critiqué tout à la fois la réforme universitaire d’Edgar Faure et la « fraction jacobine du gouvernement français, assez opposée à la décentralisation ». En quelques minutes, il a tiré sur Edgar et sur

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