Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
Vom Netzwerk:
s’entendre. En outre, leurs intérêts sont communs. Pour Pompidou, Chaban est un passage obligé. Pour Chaban, Pompidou est inespéré.

    22 juin
    Le nouveau gouvernement est intéressant en ceci qu’il contient des ministres qui viennent de toutes les formations de la droite et du centre. Il convient très bien à la personnalité politiquement éclectique de Chaban-Delmas : René Pleven y fait son entrée tandis que Michel Debré n’en est pas sorti ; Jacques Duhamel, le rallié de la dernière heure, y figure aux côtés d’Olivier Guichard, le grognard du gaullisme. Joseph Fontanet côtoie Albin Chalandon. Le gouvernement compte en outre ce qu’il faut de pompidoliens de toujours : Ortoli, Roger Frey, et surtout Jacques Chirac.
    Cela étant, les gaullistes restent ultra-majoritaires dans le gouvernement : ils sont vingt-sept.
    Le plus intéressant est le retour de Valéry Giscard d’Estaing dans le rôle qui lui avait été confié, puis retiré par de Gaulle : le ministère des Finances.
    Retour en arrière : après la victoire du « non », Valéry Giscard d’Estaing, m’a-t-on dit, a envisagé un moment de poser sa candidature. Il n’en a pas eu l’occasion, car Pompidou avait pris, depuis janvier, tout le monde de court. Les sondages, dont il est grand lecteur, lui recommandaient également de ne pas se lancer dans une bataille où ils ne lui donnaient aucune chance. Je ne sais pas comment les choses se sont passées avec Georges Pompidou, avec qui Giscard entretient, depuis qu’il a été, selon ses termes, « congédié comme un domestique », en janvier 1966, des relations médiocres. À preuve, ce que raconte le journaliste Pierre Rouanet dans son livre sur Pompidou qui vient tout juste de sortir et que je cite dans ses termes exacts : « Dans une classe, a dit à l’époque Giscard, quand survient une panne d’électricité, il y a toujours un garnement qui pince son voisin. Ce garnement, c’est Pompidou ! »
    Je sais à coup sûr, parce que c’est évident, que Giscard n’a pas suivi Poher parce qu’il le trouvait médiocre, et qu’à choisir il a préférél’ancien Premier ministre du Général. Ce n’était pas par passion, mais par raison.
    En tout cas, dès le mardi qui a suivi le référendum, Giscard était reçu par Pompidou dans ses locaux de Latour-Maubourg, ce qui était une manière de lui faire sa soumission.
    Deux Auvergnats, un descendant de comte et pair de France, polytechnicien et énarque, rejoignant un fils d’instituteur, ancien élève de l’École normale supérieure ! Quoi de plus français ?
    Giscard a d’ailleurs payé de sa personne pendant la campagne présidentielle, en affrontant notamment PMF à Grenoble.
    Bon, le voilà rentré en grâce !

    24 juin
    Le plus drôle est qu’avant de penser à Giscard, entre le 15 et le 20 juin, Pompidou a songé à rappeler Antoine Pinay, parce que c’était à son avis un de ceux qui pouvaient le mieux guérir le franc malade. Nous avons eu l’idée, au journal, d’envoyer nos correspondants de province interroger banquiers et hommes d’affaires sur la réputation de ce pauvre vieux Pinay. Nous nous sommes aperçus que le petit homme au chapeau rond avait gardé intact son crédit auprès des petites et moyennes entreprises. J’ai appelé moi-même le président de l’hôtel Negresco, à Nice, Paul Augier, pour lui demander ce qu’il en pensait. Il m’a répondu de façon brève mais nette : « C’est l’homme de la situation ! »
    Las, Pinay est monté à Paris et il s’est répandu sur les difficultés du franc, la nécessité d’imposer aux Français une cure d’austérité. Pompidou a préféré renoncer à le mettre au nombre des ministres du premier gouvernement qu’il allait constituer.
    Comme Giscard avait dit pendant ce temps-là au micro d’Europe 1, en faisant son autoportrait, qu’il fallait nommer au gouvernement des ministres en fonction de leur efficacité, c’est-à-dire « en fonction de l’expérience des individus ou de leur préparation à remplir une fonction déterminée » (je cite de mémoire, mais c’est l’esprit, sinon la lettre de son propos), Pompidou a choisi de lui donner sa chance. À condition qu’il soit suivi de près par le secrétaire d’État chargé du Budget, qui n’est autre que... Jacques Chirac ! La confiance de Pompidou n’est jamais aveugle.

    4 juillet
    La clinique est tenue secrète, elle est sans doute proche de

Weitere Kostenlose Bücher