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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Ministère des Finances dans les appartement privés qu’il avait lui-même fait restaurer avant son limogeage de 1966. Jacques Chirac, qui marque de près Giscard, ne quittera pas davantage la capitale, sauf pour rejoindre, en fin de semaine, comme il le fait depuis deux ans, sa circonscription d’Ussel en Corrèze. Seul Raymond Marcellin traverse, indifférent, le tourbillon des vacances. Célibataire endurci, ministre zélé, il n’a pratiquement jamais quitté son ministère depuis le jour de mai 1962 où il est entré au gouvernement.

    10 août
    Le premier acte de ce gouvernement aura donc été une dévaluation 37 . Giscard s’en serait bien passé : revenir aux Finances après une longue absence et être dans l’obligation de dévaluer le franc ne le remplit pas d’une folle gaieté. D’autant – il me l’avait confié à l’été 1967 –, qu’il avait beaucoup souffert des conditions dans lesquelles il avait dû quitter la rue de Rivoli en 1966, accusé en quelque sorte d’avoir mis le général de Gaulle en ballottage par son plan de stabilisation. Son vœu le plus cher est de ne pas inviter les Français, aujourd’hui, trois ans et demi plus tard, à se serrer la ceinture. Ni à déplorer, sans bien savoir d’ailleurs ce qu’ils seront, les effets d’une nouvelle dévaluation.
    Oui, très difficile, en France, d’asseoir son autorité en matière économique et financière en commençant par une dévaluation : les Français en ont une image funeste, le mot est anti-électoral par nature.
    Apparemment, nous explique-t-on aujourd’hui, Giscard sous-estimait, en arrivant aux Finances, la situation économique. Les responsables ? Les événements de Mai, qui se sont traduits, après les accords de Grenelle, par des augmentation massives des rémunérations. Il est assez piquant de se dire que Pompidou et son gouvernement recueillent aujourd’hui les fruits de ce qu’ils ont semé, car, enfin, on doit Grenelle à Pompidou ! Voici donc Giscard en train d’écoper la barque.
    La dévaluation aurait dû être faite à l’automne dernier. Le Général a reculé au dernier moment, laissant l’obligation d’y procéder à son successeur. À partir du moment où Georges Pompidou lui a donné le feu vert, la première préoccupation de Giscard d’Estaing a été de garder le secret. Il a donc confié à ses trois collaborateurs préférés – Jean Serisé, Claude Pierre-Brossolette et Jacques Wahl – la mission de préparer le détail de l’opération. Le plus drôle est que, pour être tranquilles et prendre leur temps, les trois comploteurs ont fait semblant de partir en vacances à la fin du mois de juillet, et qu’ils sont restés à Saint-Germain-des-Prés, dans l’appartement de Serisé.
    Dans l’immédiat, seul Jean-Marcel Jeanneney attaque la décision prise par le gouvernement, disant qu’elle ne résoudra aucun problème. Giscard reste persuadé d’avoir raison : il prépare toute une série de mesures pour éviter aux retraités, aux salariés des catégories modestes et aux épargnants de payer trop cher la dévaluation. Pour le reste, il assure que la progression de la production intérieure brute passera des 3,5 % prévus à 4 % en 1970. Acceptons-en l’augure.
    Quant à Chaban, auquel Pompidou et Giscard ont le plus longtemps possible caché les préparatifs de la dévaluation, il se débrouille assez bien, paraît-il, avec les ministres dont il ampute le budget en leur faisant maintes démonstrations d’amitié chaleureuses dont il a le secret. Il est arrivé, en usant alternativement de son charme et de sa fonction, à diminuer les dépenses de l’État.

    30 août

    Avant-hier, Conseil des ministres le plus important depuis l’arrivée de Pompidou à l’Élysée. Pourquoi ? Apparemment, les effets de la dévaluation, dont tout le monde se plaît à dire qu’elle a été bien faite, qu’elle est restée secrète, et qu’elle été annoncée au meilleur moment, sont plus périlleux qu’il n’y paraît. Car le plan de redressement, qui doit aller de pair avec la dévaluation, est toujours dans les dossiers du ministère des Finances. Ce qui a, paraît-il, énervé Pompidou au plus haut point, c’est que pendant que lui était enfermé à Brégançon, Giscard a trouvé le moyen de prendre quelques jours de vacances au Mozambique.
    Giscard n’avait pas parlé de ce voyage, le malheur est qu’une photo de lui a circulé et que l’opposition en a fait

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