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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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tard, lorsqu’ils quittent l’hémicycle, que l’exercice était réussi...

    20 septembre
    Apparemment pas pour tout le monde... Pompidou n’aurait pas du tout apprécié le contenu du discours de Chaban, son passage sur l’ORTF, ni surtout le fait que le Premier ministre ne l’ait cité qu’une fois dans son discours. Il tient une conférence de presse après-demain pour rectifier le tir. Enfantin et navrant !

    9 octobre
    Pour l’heure, les députés gaullistes entretiennent une fronde larvée contre Giscard. D’abord parce qu’il n’est pas des leurs. Sérieux, tout en faisant mine de plaisanter, Jean Charbonnel 39 me dit, parlant de son groupe : « Nous sommes beaucoup moins divisés que l’an dernier, où il y avait une nette cassure, à l’ UDR, entre les partisans de la loi universitaire d’Edgar Faure et ses adversaires. Aujourd’hui, nous sommes tous unis contre Valéry Giscard d’Estaing ! »
    Catherine Nay recueille leurs doléances : Jean Bozzi, député de la Corse au physique insulaire, reproche à Giscard la manière dont il traite et a toujours traité les parlementaires, c’est-à-dire « avec hauteur et condescendance ». D’autres députés gaullistes lui reprochent d’avoir répondu évasivement aux questions économiques qu’ils lui ont posées lors des journées parlementaires UDR à Amboise, le 12 septembre. « Cet homme-là ne connaît pas ses dossiers », risque l’un d’entre eux.
    Les parlementaires gaullistes lui font surtout le reproche d’avoir précipité le départ du Général en votant « non » au référendum : c’est ce que Hubert Germain 40 a dit mardi soir lors de la réunion du groupe que présidait Roger Frey.

    10 octobre
    Une bouffée de pipe, une poignée de main affable, une caresse charmeuse et professionnelle sur une jeune tête blonde : à 61 ans, Edgar Faure est reparti en campagne. Il sollicite à nouveau le verdictdes électeurs 41 après avoir été remercié à l’Éducation nationale. Je le suis pendant deux jours dans le Doubs, où il est candidat de la majorité, sans étiquette. Pourquoi sans étiquette ? Parce qu’il n’en a nul besoin. Il est élu du Doubs, où il a recueilli en 1967 plus de 65 % des voix. Et puis il n’est pas mécontent de montrer à Pompidou, qui s’est passé de lui, qu’il peut à son tour se passer du soutien du président de la République...
    Tirant de son chapeau de feutre gris, au gré des interlocuteurs, des lapins idéologiques ou des recettes de grand bon sens, tour à tour jovial et visionnaire, il parcourt donc la campagne, où on ne lui parle que de retraites, d’indemnités viagères de départ, de ramassage scolaire, de voirie municipale ou d’adduction d’eau. Il y est aussi à l’aise que dans les salons parisiens. Il y montre autant de bonhomie et de mesure, en usant du langage madré franc-comtois – bien qu’il soit né à Béziers – et en empruntant au général de Gaulle quelques-unes de ses idées-clefs : la participation, la redistribution des profits, l’ouverture à l’Est. Il convient – il le dit lors du comice agricole où je l’accompagne – qu’il « est tombé de cheval en juillet » en quittant le gouvernement. Mais, ajoute-t-il, « je sais qu’il faut remonter très vite sur les chevaux rétifs ».
    De ce voyage-éclair, je pars avec la certitude qu’il sera réélu sans difficulté, et avec un énorme fromage qui empeste le compartiment du train qui me ramène à Paris et que je finis par jeter par la fenêtre du wagon, tant les voyageurs en sont incommodés !

    29 octobre
    La fronde UDR continue contre Giscard. Au tour de Robert Poujade de dire : « Nous sommes décidés à nous comporter comme des gentlemen avec lui, s’il montre qu’il est capable de se conduire en gentleman avec nous » Il trouve inadmissible que, par le biais de Michel Poniatowski ou d’Aimé Paquet 42 , on fasse le procès de dix ans de gestion gaulliste : « Les ennuis de la V e  République, susurre-t-il, viennent tout de même de son plan de stabilisation raté, non ? »
    Lors de la réunion du groupe parlementaire gaulliste, Roger Frey a essayé, sans y parvenir, de les calmer.
    Je demande à Ponia ce qu’il pense de ce climat. Il sourit : « Ils ne peuvent rien faire. Pompidou, Chaban et Giscard ont le dos au mur et sont forcément solidaires. L’un ne tombera pas sans les deux autres. Donc, pour le moment, tout va bien ! »

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