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Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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million de francs.
    Évident, donc, que ce cadeau à Giscard n'était pas aussi important que l'a dit Le Canard . Mais son existence même a empêché l'Élysée de démentir simplement l'information. Son communiqué a au contraire plutôt authentifié l'information au lieu de l'infirmer.

    17 octobre
    René Piquet, jeune communiste de l'équipe Marchais, me récite ce qu'il doit me réciter : que le PS est absent de toutes les luttes sociales, qu'il s'agisse de la disparition de telle unité de production chimique, ou de celle de telle usine d'engrais, de la fermeture des mines d'Alès ou du gisement de lignite dans les Landes.
    « Le PS, me dit-il, est devenu un parti d'élus dont la plupart sont toujours du côté du manche. On ne voit plus jamais ses militants sur le terrain. Nous regagnons des catégories entières d'électeurs : des intellectuels, des classes moyennes, sans oublier les ouvriers dont le PS ne se préoccupe pas. »

    18 octobre
    Déjeuner avec Jacques Chirac. Je note rapidement, en sortant de l'Hôtel de Ville, quelques éléments de notre conversation, car j'ai peur d'oublier :
    – Chirac a affiché tout à l'heure une sorte de calme dont je ne sais pas s'il est affecté, mais qui tranche en tout cas sur l'ordinaire.
    – Il m'a donné la certitude qu'il ne recherche pas du tout un rapprochement avec Giscard. Au contraire. Jamais il n'a prononcé – en public, s'entend – une condamnation aussi ferme de Giscard, qu'il juge ne pas être un homme d'État, et le reste à l'avenant.
    En fait, il a vraiment décidé d'adopter la stratégie du recours et de s'y tenir. Il veut apparaître comme celui qui saura être un roc, alors que l'autre, dans son esprit, n'est pas même un roseau. Moi qui n'ai jamais cru qu'il était un agité maladif, je pense qu'à condition d'en avoir la volonté, il peut très bien tenir ce cap durant les quelques mois qui nous séparent de l'élection de 1981.
    – Il affirme que l'Élysée souhaite un apaisement et le lui a fait savoir.
    – Enfin, que les Allemands lui ont laissé entendre qu'à partir de maintenant, ils ne soutiendraient plus le franc. Donc, celui-ci va plonger.
    – D'autant que le jour de notre déjeuner, Raymond Barre est entré au Val-de-Grâce et que le remplacement du Premier ministre a plané sur tout notre repas. « Ça va finir par Boulin 46  », dit Denis Baudouin qui assiste au déjeuner.
    Le seul intérêt d'entrer au Val-de-Grâce, soutient Chirac, c'est qu'il s'agit d'un hôpital militaire et qu'on fait dire aux médecins, qui sont eux-mêmes des militaires, ce qu'on veut. Ce qui n'est pas le cas des médecins civils.
    – Il parle des diamants de Bokassa en me mettant en garde contre le danger qu'il y aurait à faire de ce sujet un Watergate à la française : « Rappelez-vous, me dit-il, que les États-Unis se sont débarrassés d'un grand président, Richard Nixon, pour élire une tarte ! Quelques individus de je ne sais quel journal ont forcé là-bas un président à partir, et le monde entier en souffre aujourd'hui. Alors, attention où vous mettez les pieds ! »
    De sa part, il s'agit d'une attitude assez sportive à l'égard de Giscard qu'il aurait pu, au contraire, accabler à ce propos. Je note tout de même que les grands présidents américains, pour lui, sont républicains et non pas démocrates.
    Je raconterai demain ou plus tard la suite sur VGE, sur Mobutu et Bokassa, sur Pierre Juillet et Marie-France Garaud. Pour l'heure, c'est l'hospitalisation de Barre qui pose problème. C'est la première fois dans l'histoire de la V e  République qu'un Premier ministre en exercice est hospitalisé. Barre est installé dans une chambre au quatrième étage du Val-de-Grâce ; il a été mis sous perfusion toute la journée de jeudi : lorsque son médecin personnel, qu'il a rencontré le jeudi matin à 9 h 45, a décidé cette hospitalisation, Raymond Barre avait une très forte tension et un mal au genou persistant. Signe de fatigue ou d'un mal plus profond ? Pour le moment, on n'en sait rien. Il faut attendre le verdict du Val-de-Grâce.

    22 octobre
    Édouard Balladur me parle de l'influence de Claude Pompidou sur le départ de Pierre Juillet et Marie-France Garaud. Depuis 1974, Claude Pompidou a toujours reproché à Pierre Juillet d'avoir laissé dire que Georges Pompidou était, à la fin de sa vie, pratiquement incapable de gouverner. Elle aurait à plusieurs reprises demandé à Édouard Balladur 47

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