Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1977-1986 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
Vom Netzwerk:
nous l'avouer, Pierre Desgraupes et moi, la fin de l'état de grâce. Et moi, ma fin tout court !

    10 septembre
    Rentrée parlementaire. Le RPR dépose une motion de censure. Inutile ? Du moins est-ce un moyen pour ses élus de rappeler leur existence !

    L'envie que j'ai d'aller encore à des manifestations politiques, de voir ce qui se passe aux Quatre-Colonnes ou à l'Élysée, dans les couloirs des congrès, de prêter l'oreille aux confidences politiques ! Cette envie n'est contrebalancée que par une certitude : désormais, je fais moi aussi de la politique.

    15 septembre
    Je déjeune à l'Élysée avec Paul Legatte, Michel Caste et une syndicaliste que je ne connaissais pas, Jeannette ou Jeannine Lahot, je ne me souviens plus de son prénom. Tous, sauf peut-être Jean-Claude Colliard, amicaux et libéraux, me dispensent encouragements et conseils... de résistance à l'égard de la dictature du PS ! De fait, un article violent de L'Unité , le journal socialiste que dirige Claude Estier (Claude Estier ! mon plus vieil ami !) m'esquinte. Moins que Pierre Desgraupes, certes. L'auteur de l'article traîne plus bas que terre une partie des éditorialistes que je viens de désigner : Georges Valance et Dominique Jamet. Des hommes qui ne sont pas de gauche, que j'ai fait entrer dans un souci d'équilibre politique, justement, aux côtés de Guy Claisse, un ancien de L'Express et du journal Le Matin de Paris avec lequel Mitterrand a écrit l'année dernière son livre de campagne, et Michel Cardoze, de L'Humanité , avec qui je partage depuis près de quinze ans la même vie de chroniqueur politique.
    La présence des communistes sur l'antenne de France Inter est nouvelle. Elle ne me gêne pas le moins du monde, puisqu'elle reflète la réalité politique d'aujourd'hui. À condition que d'autres voix puissent se faire entendre : pendant des années, la gauche a condamné l'ORTF parce que seuls gaullistes ou giscardiens pouvaient s'y faire entendre, ce n'est pas pour recommencer la même chose ! Bon. Le moins qu'on puisse dire est que L'Unité n'est pas d'accord...
    Je reviens sur ce déjeuner de l'Élysée. Je raconte à Jeannine Lahot que Claude Estier m'a dit effectivement la veille au téléphone : « Les syndicats trouvent que tu n'en as pas fait assez ! » Comme si le métier des syndicats était d'aller trouver le porte-parole de Mitterrand pour se plaindre !
    En fait de syndicats, Jeannine Lahot, syndicaliste assidue, me paraît beaucoup plus astucieuse. À table, elle me réconforte en prononçant quelques phrases de bon sens qui vont dans le sens de mes propres réflexions : elle me parle de la difficulté des syndicats d'entrer dans un processus de responsabilité.
    « Il faut les obliger à discuter avec leur base, me dit-elle. Au besoin, il faut créer des unités dans lesquelles les salariés puissent se retrouver pour se faire une idée des choses en dehors des syndicats. »
    Elle m'écrira son plan la semaine prochaine.

    Quel plaisir, le soir, de retrouver ce cahier ! Avec mes enfants, c'est tout ce qui me reste de mon passé. Au fond, ce qui donne le plus de prix à l'expérience que je vis, c'est que je ne sais pas du tout comment elle va tourner : qui, des dirigeants de chaînes fraîchement nommés, démissionnera le premier, et comment, avec ou sans éclat !

    27 septembre
    Rien dans ce cahier sur ma dernière entrevue, il y a une semaine, avec Mitterrand qui m'écoute lui exposer, à sa demande, comment marche France Inter, et mes problèmes avec le PS. J'ai été outrée, je le lui dis, par le papier de L'Unité. Le jeu n'en vaut pas la chandelle, si les gens qui m'ont placée à l'endroit où je suis me sont devenus hostiles. Il me dit qu'il comprend. Sans plus.

    4 octobre
    Vu Jean-François Deniau, hier ou plutôt avant-hier, vendredi. Il souhaite prendre la présidence des clubs Perspectives et Réalités. Il n'a rien à y gagner et tout à y perdre, me semble-t-il. Je suis sidérée que les courtisans autour de lui disent qu'il a été épargné, que la chute de Giscard ne l'a à aucun moment atteint, et qu'il doit donc, lui, occuper le terrain laissé désert par Giscard. Mais de quel terrain s'agit-il ? Quel intérêt peut avoir Deniau à remplacer le pauvre Jean-Pierre Fourcade ? Tu parles d'un enjeu !
    En plus, je repense à ma conversation de l'été avec Poniatowski : qui peut croire que Deniau n'a pas été au centre de la campagne électorale

Weitere Kostenlose Bücher