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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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ne montera plus. La décadence commence. »
    Voilà un point de vue original.
    Jack Lang, au contraire, est sur un petit nuage. Depuis le soir des élections, il est transporté de bonheur :
    « J’ai été élu dès le premier tour des cantonales avec 30 % des voix. Cela ne veut pas dire que la défaite du PS et de mes petits camarades m’indiffère, mais tout de même, je suis content ! »
    Il quitte l’antenne au moment où on affiche les projections de la future Assemblée nationale selon qu’elle serait élue, avec les chiffres obtenus aujourd’hui par les partis, à la proportionnelle ou au scrutin majoritaire :
    « Je ne veux pas avoir à commenter cela », me souffle-t-il avant de s’esbigner.
    En réalité, me dira-t-il le lendemain, il s’est rendu toutes affaires cessantes à l’Élysée pour suivre les seuls commentaires qui l’intéressent : ceux de Mitterrand. Le Président a-t-il déploré le score socialiste ?
    « Oh, répond Lang, cela fait longtemps qu’il en a pris son parti. Cela ne lui fait pas un réel déplaisir ! »
    D’où la blague qui court les salles de rédaction dès que l’attitude de Mitterrand est rapportée par tel ou tel : le Président aura la courtoisie de rendre le Parti socialiste dans l’état où il l’a trouvé !
    25 mars
    Michel Rocard estime devant le service politique de TF1 que « la gifle est assez forte pour servir de défouloir ». Autrement dit : les électeurs se sont assez défoulés au premier tour des cantonales. L’avertissement aux socialistes ayant été donné, ils peuvent retrouver le chemin de la gauche au second tour.
    Pendant ce temps-là, Jean-Louis Chambon m’appelle depuis Matignon et me confie qu’hier, Pierre Joxe, au cours d’un dîner avec plusieurs membres du gouvernement, a ouvert la chasse au Premier ministre. C’est son expression. Il ajoute : « D’ailleurs, tout le monde a ouvert la chasse. C’est très à la mode ! »
    26 mars
    Extraordinaire journée politique. Tout commence par la réunion du bureau exécutif du Parti communiste, ce matin. Première décision des dirigeants communistes : maintenir aux régionales leurs candidats contre Michel Delebarre, ministre socialiste, et Jacques Legendre, maire RPR de Cambrai. C’est-à-dire faire battre Delebarre. Est-ce un chantage de dernière heure en vue de négocier on ne sait quelles vice-présidences de région ou de département ? En tout cas, à ce niveau où le sort d’un ministre socialiste est en jeu, la décision a été prise à l’échelon national.
    Un peu plus tard dans la journée, même micmac du côté de l’opposition : en Bourgogne, Dominique Perben, RPR, s’est maintenu contre l’UDF Marcel Lucotte. Le combat du jeune contre le vieux ? Peut-être. En tout cas, Giscard ne plaisante pas : il considère que Chirac, qui laisse faire Perben, porte atteinte une fois de plus à l’unité de l’opposition, et il lui envoie immédiatement un poulet furibond.
    Dans l’affaire, la balle perdue est pour Charles Pasqua. Lucotte est sénateur : si le RPR le défie en Saône-et-Loire, il risque fort, par mesure de rétorsion, de ne pas apporter sa voix à Pasqua lorsqu’il se présentera à la présidence du Sénat.
    Restent les socialistes : tandis que rocardiens et jospinistes s’entendaient pour faire battre Pierre Joxe 23 à la présidence du groupe socialiste d’Île-de-France, les éléphants tirent à boulets rouges contre Édith Cresson, sans même attendre le second tour des cantonales. Michel Rocard parle ouvertement de son incompétence, tandis que Jean-Marc Ayrault 24 demande carrément son départ.
    Édith contre-attaque, ce soir, en invitant à dîner, non sans courage, à l’hôtel Matignon des ministres auxquels elle reproche en privé d’avoir trop vite cherché à l’éliminer. Sont donc conviés Pierre Bérégovoy, Lang et Joxe, Jean-Pierre Soisson, Michel Delebarre, Brice Lalonde et Martine Aubry – laquelle a longtemps été un des soutiens les plus efficaces du Premier ministre, et qui a fini par baisser les bras. Aux uns et aux autres, nul doute, la connaissant, qu’elle dira leur fait en termes vigoureux.
    Pendant ce temps, les instances du PS se réuniront pour répliquer aux mauvaises manières des communistes et décider des départements dans lesquels des représailles seront envisageables.
    J’ajoute, pour faire bonne mesure, que Pierre Mauroy demande la démission de Brice Lalonde du

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